Trump soupçonne Israël ne pas vouloir la paix avec les Palestiniens !

par Abdelkarim Chankou
mardi 13 février 2018

Le président des Etats-Unis avait à maintes fois dans le passé dénoncé le « manque de volonté » des Palestiniens à vouloir négocier sans critiquer Israël. Désormais c’est le tour d’Israël d’en prendre pleine la tronche.

Incroyable mais vrai ! Donald Trump que l’on croyait inféodé à Israël surtout qu’il a franchi un pas qu’aucun président américain n’a jamais osé franchir, en reconnaissant le 6 décembre dernier Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu, se révèle soudainement critique de l’allié le plus proche et le plus chéri des Etats-Unis ! Dans une interview donnée au quotidien israélien « Israël Hayom » (Israël aujourd'hui), le président américain a ni plus ni moins dit ses quatre vérités à Israël, en exprimant vivement ses doutes quant à la volonté réelle des Israéliens de faire la paix avec les Palestiniens, et ses inquiétudes sur l’expansion des colonies israéliennes. Rien que ça ! « Pour le moment, je dirais que les Palestiniens ne cherchent pas à faire la paix. Et je ne suis pas complètement sûr non plus qu’Israël cherche à faire la paix », a affirmé Donald Trump, dans cette interview publiée dimanche 11 février dernier par le quotidien israélien gratuit. Le président des Etats-Unis avait à maintes fois dans le passé dénoncé le « manque de volonté » des Palestiniens à vouloir négocier sans critiquer Israël. Désormais c’est le tour d’Israël d’en prendre pleine la tronche. Comme s’il voulait tempéré ses propos, le successeur d’Obama à la Maison blanche a précisé que les relations israélo-américaines étaient « très bonnes » mais qu’un accord de paix avec les Palestiniens les rendrait « encore meilleures ». Mais ce n’est pas tout ! Trump met le doigt là où ça fait le plus mal à Israël, et la brèche par laquelle passe toutes les critiques anti-israéliennes y compris celles exprimées par les Européens : les colonies. Sur ce point, il a exprimé ses inquiétudes sur l’expansion des colonies israéliennes, bien que son administration soit beaucoup moins critique envers le sujet que celle de son prédécesseur Barack Obama. « Les colonies compliquent beaucoup la situation et ont toujours rendu difficiles toutes discussions sur la paix donc je pense qu’Israël doit être très prudent avec les colonies », a dit M. Trump sur un ton des plus sceptiques. Visiblement Trump qui attendait un renvoi de l’ascenseur de la part du gouvernement Netanyahu après le lui avoir envoyé le 6 décembre commence à perdre patience. Alors que les élections de mi-mandat du 6 novembre prochain seront selon les analystes synonymes d’une débâcle pour les Républicains. « Les sondages nationaux montrent une avance de 10 points pour les démocrates quand on demande aux Américains pour quel parti ils voteront en novembre prochain, explique Steven S. Smith, professeur en sciences politiques à la Washington University de Saint-Louis, dans le Missouri. Cette tendance se soldera par une perte d'au moins 30 sièges pour les conservateurs, une défaite suffisamment importante pour que le Parti républicain perde sa majorité à la Chambre des représentants. Les Républicains ont donc raison d'être très nerveux ces jours-ci ».

RENVOI D’ASCENSEUR

Ainsi passée l’année de grâce à la présidence du pays le plus puissant du monde, Trump revient doucement sur terre en se rendant à l’évidence, comme tous ses prédécesseurs. L’évidence que le différend israélo-palestinien est le plus complexe n’ait jamais existé depuis la création de l’ONU. Un problème qui a besoin de sagesse et de prudence pour se faire solutionner et non pas d’effets d’annonce ou de décisions à l’emporte-pièce. Sans perdre de vue que l’on ne peut être contre 98 % du monde en piétinant le droit international et prétendre à le diriger. Du Trump qui doute et qui n’est plus sûr de lui-même est enfin arrivé. Un peu trop tard mais ça pourrait faire énormément du bien et à l’image d’une Amérique errante et perdue dans ses contradictions et au processus de paix israélo-palestinien, gelé depuis 2010 pour être au point mort le 6 décembre 2017 après que les Palestiniens aient déclaré ne plus vouloir des Etats-Unis comme médiateur et parrain des négociations avec Israël. Ne dit-on pas que le doute est le commencement de la sagesse ? « Je ne sais franchement pas si nous allons même avoir des pourparlers. (...) Je pense qu’il serait très bête pour les Palestiniens comme pour les Israéliens de ne pas parvenir à un accord », a affirmé Donald Trump, ajoutant qu’il s’agit « d’une opportunité unique qui ne se représentera pas ». Autrement dit un mauvais accord c’est mieux qu’un bon désaccord. Autrement dit encore : vaut mieux le statu quo qui a régné depuis 20 ans quo que le statu KO qui a commencé en décembre dernier. Question de sagesse.

http://chankou.over-blog.com/2018/02/trump-soupconne-israel-ne-pas-vouloir-la-paix-avec-les-palestiniens.html


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