Tuerie de Toulouse, mort du possible tueur : le temps des questions

par Imhotep
vendredi 23 mars 2012

Il est de bon ton de féliciter le Raid et de servir de leurs blessés pour étouffer toute volonté de comprendre, car des questions il y en et pas des minces. S'il y a des critiques politiciennes à but électoral, il y en a d'autres qui ne sont que légitimes car de fait il y a eu 7 morts, un homme dans un état désespéré, quatre policiers, je crois, blessés et un supposé assassin tué d'une balle dans la tête qui ne nous dira plus rien.

Sous prétexte de pseudo dignité, sous prétexte, nouvelle invention, de deuil non respecté, il fallait suspendre une campagne jamais suspendue quand la minute de silence était censée rendre hommage (et peut-être deuil) et surtout interdire tout débat. C'est la même démarche qui veut interdire un autre débat qui pourtant a droit de cité. Les questions qui se posent sont nombreuses et il serait la moindre des choses qu'elles aient des réponses. Il est vrai que l'on peut se dire, après tout, le tueur supposé est mort, qu'est-ce que cela change de remuer un couteau dans une plaie vive ? Si nous suivons ce raisonnement cela voudrait dire que tout acte, une fois passé n'a de compte à rendre à personne et que les responsables ne sont responsables de rien et jamais.

Les questions sont nombreuses et nombreux sont ceux qui les posent.

Eva Joly se pose, elle, la question de la légalité de la présence de Guéant sur place. Les opérations auraient dû être conduites par un magistrat.

Cela c'est sa vue des choses, une vue qu'il faut citer car elle nous éclaire d'un aspect que nous ignorons pour la plupart.

Il y en a des aspects de cette tragédie qui laissent pantois. Peu à peu on apprend des vérités qui font mal.

On apprend par exemple que cet homme était sur la liste noire des terroristes aux USA. On les dit paranoïaques, mais en l'occurrence sept morts, ce n'est plus de la paranoïa.

On dit qu'il avait fait plus de quinze larcins - du moins plus de quinze condamnations - ce qui n'est pas mince quand on découvre que c'est avec l'ordinateur portable de sa mère qu'il a répondu à l'annonce de celui qui en a perdu la vie le premier.

On nous dit qu'il était surveillé par la DCRI. Comment alors se fait-il que ce rapprochement n'ait pas été fait assez vite pour arrêter la suite des massacres ?

Pourquoi cette femme du quartier n'a-t-elle pas été écoutée quand pourtant elle portait plainte deux fois et que cet homme avait tenté d'embrigader son fils de quinze ans dans cette dérive folle, qu'il l'avait brutalisé, puis sa sœur puis enfin sa mère ? Pourquoi ces deux plaintes n'ont-elles pas mis une alerte écarlate de la DCRI sur cet homme ?

Comment a-t-il pu se constituer un tel arsenal, lui qui était connu des services de polices et de la DCRI ?

On s'étonne qu'il ait fallu tant de temps pour retrouver cet homme quand il faut, selon les spécialistes, quelques minutes à peine pour avoir les propriétaires des adresses ip. Ici je ne vise aucune action volontaire mais l'inefficacité totale ou partielle.

Le GIGN se pose lui, aussi la question de la façon dont cette intervention a été conduite et conclue. En effet on se retrouve avec un homme seul, sans otage, dans un immeuble isolé. D'après Jean Michel Mermet de Marianne 2 cela pose de nombreuses questions : 

Quelque chose s'est mal passé : Mohammed Merah est mort au cours de l'intervention du RAID, alors que la mission des policiers était de l'arrêter pour le remettre à la Justice. Deux policiers du RAID ont d'ailleurs été blessés au cours de la vive fusillade qui a duré plusieurs minutes.

D'un point de vue purement technique, cette opération — qui a duré 32 heures — s'apparente à un échec. Un peu comme lors de l'affaire de la prise d'otage à la maternelle de Neuilly (1993) lorsque « Human Bomb » avait été tué lors de l'action du RAID. On sait que c'est à ce moment là que des liens étroits se sont noués entre Nicolas Sarkozy et les policiers du RAID. /Des spécialistes du contre-terrorisme s'interrogent, alors qu'il s'agissait, selon eux, d'une opération assez simple, qui s'apparente à la maîtrise d'un forcené, certes très armé et déterminé. Merah était seul et n'avait aucun otage. Nous n'étions donc pas dans le contexte d'une prise d'otage massive par un groupe de terroriste dans un lieu complexe (bateau, théâtre, hotel...).

L'erreur la plus souvent pointée porte sur la manière de pénétrer dans l'appartement, mercredi à 3 heures du matin. Les policiers ont utilisé un bélier pour défoncer la porte d'entrée, derrière laquelle Merah semble avoir placé un refrigateur. Cela donne le temps à Merah d'ouvrir le feu et de repousser le premier assaut. « Dans un cas comme ça, on ne frappe pas à la porte, même avec un bélier » assure un spécialiste. Car il existe d'autres moyens d' « effraction » : en clair des explosifs. La technique (qui permet de faire sauter des murs de béton même armé) consiste à déposer, de manière dynamique, des charges soigneusement dosées au bon endroit, jusque avant l'assaut. C'est une technique complexe... que le RAID ne maitrise peu ou mal — ou en tout cas n'emploie pas. Sans doute est-elle jugée trop militaire, bonne pour les gendarmes ou les commandos. /Lorsque le RAID donne l'assaut, il lui manque un élément essentiel : le renseignement fiable. Les policiers ignorent où est exactement Merah dans cet appartement d'une trentaine de m2, et même s'il est encore vivant.

Autre interrogation, la durée de la fusillade - près de cinq minutes. 300 munitions ont été tirés par la police. Or, le succès d'un assaut se mesure à sa rapidité, moins d'une minute en principe. Ce matin, quelque chose a donc mal tourné. Même si Merah, retranché dans sa salle de bains, portait peut-être des bouchons anti-bruit (BAB) et un casque, les grenades incapacitantes ou des gaz peuvent être employés. Un autre s'interroge sur le fait que l'homme ait pu sortir de sa salle de bains — et en réalité, c'est lui qui a assailli les policiers — puis passer par la fenêtre au cours de l'assaut. En posture offensive, le RAID s'est retrouvé en posture défensive : en clair, il a perdu l'initiative et se retrouve en difficultés. […] Enfin, la question se pose du choix du lieu pour l'interpellation du suspect. « On lui a laissé le choix du terrain, c'est-à-dire son appartement. Or, on savait qu'il allait en resortir et il était possible de l'appréhender à ce moment là », même si cela présentait d'autres risques, estiment des praticiens de ce genre d'activités.

Lorsque l'on lit ce texte on se demande évidemment comment un homme seul a pu ne pas être appréhendé. Une autre question vient à l'esprit : pourquoi l'assaut ? Pourquoi ne pas attendre encore ? Il y aurait eu des otages on comprendrait, mais là, le temps contre qui jouait-il ? sans eau, sans électricité combien de temps allait-il tenir encore ? Si de plus on l'empêchait de dormir ? Pourquoi ne pas avoir attendu ? Où était l'urgence ? Plus on y réfléchit plus on se dit qu'un ordre politique est intervenu pour que cela s'arrête. Sans otage, et visiblement sans bombe, dans son appartement il ne représentait plus de danger. On se pose aussi une question : Pourquoi pas de gaz ? Pourquoi n'a-t-on pas un utilisé filet comme cela se passe aux USA pour attraper un forcené ou une lance à incendie comme la dispersion des manifestants ? Je sais qu'il est facile de critiquer assis dans un fauteuil, cependant les critiques viennent de professionnels et le résultat est là : un mort, plus de possibilité de poser des questions. Sept personnes tuées.

D'un côté on se demande pourquoi tant de lenteur à le localiser quand on a son adresse ip quand le temps urge et de l'autre pourquoi se presser quand le temps joue pour la police ?

Nous sommes en droit de nous poser la question de la responsabilité de la DCRI sur son échec à prévenir cet acte, son échec à débusquer cet homme assez vite, de la responsabilité de ce pouvoir de ne pas avoir su le surveiller, de l'avoir laissé se fournir en armes jusqu'à en avoir un arsenal alors qu'il devait être surveillé, alors que deux plaintes avaient été déposées, alors que les USA l'avait sur sa liste noire, de la responsabilité de l'échec de l'intervention du Raid, responsabilité du Raid lui-même autant de celle des politiques qui ont donné les ordres en particulier de cet incompréhensible assaut. Nous sommes en droit de nous demander si ces failles, soulevées par Juppé lui-même qui ne s'applique pas à lui-même ce qu'il demande aux autres car il rompt la trêve et met en cause en période de deuil dirait Copé la DCRI et rompt également la belle unité nationale, n'ont pas alourdi l'hécatombe.

On a l'impression que cette intervention du Raid est dans la droite ligne du plan vigipirate écarlate. La force brute et brutale de façon démesurée et la volonté d'agir le plus vite possible avec fracas même si le temps pouvait être non ennemi, mais un atout après la localisation d'un homme isolé sans otage dans un lieu fermé éloigné de toute pouplation.

Marine Le Pen nous a dit que peu de Français verseraient une larme sur la mort de ce supposé assassin. Ceci prouve son manque de compréhension totale de la situation. Sa mort empêche un procès et empêchera pour toujours les familles des victimes de voir la justice l'emporter sur la barbarie, ce qui oppose la civilisation à la sauvagerie brute, et, même si cela avait peu de chance de se réaliser, avoir des bouts de réponse à la seule question qui les hantera à jamais : pourquoi ?

 

Il nous reste cinq semaines pour nous débarrasser de ce pouvoir. Souvenons-nous à chaque instant de cette campagne qu'Eric Woerth a été mis deux fois en examen dont une pour recel de financement illégal de parti ce qui est une forte suspicion de l'illégalité de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 et donc l'illégalité de son élection. Trouvez aussi ici la vraie timeline de Sarkozy (journal Facebook) Faisons notre Révolution en 2012, et avant si possible. Et votez en conscience après avoir lu ce livre des méfaits du clan Sarkozy Le Sarkozyland et ses méfaits(epub) ou Le Sarkozyland et ses méfaits(issuu)

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 N’oublions jamais :

Vignette affiche du Film L'Assaut (mars 2011) de Julien Leclercq


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