« Uberisation »… Über alles ! (2)

par Pierre JC Allard
lundi 27 mars 2017

LA RUÉE VERS LE TRAVAIL AUTONOME

Les petits pirhanas sont à bouffer les requins. Ce sont des travailleurs autonomes qui vont remplacer les travailleurs salariés dans la majorité des postes de travail de l’économie essentiellement tertiaire d’une Nouvelle Société. Pourquoi ? Parce que, dans une économie de services, le mot-clef pour optimiser le travail est MOTIVATION. La motivation s’accommode mal de contraintes externes – menaces et même promesses – et rien n’optimise tant la motivation que l’internalisation des facteurs qui la suscitent.

Un peu tout le monde qui travaille à rendre des services tend à devenir un créateur autonome de valeur. La relation employeur/employé de l’ère industrielle tend donc à disparaître d’une société post-industrielle. Dans une société post-industrielle, où c’est l’échange de services qui prédomine, ce n’est plus le travailleur salarié, mais le travailleur autonome, mieux motivé, qui devient nécessairement la norme. Il faut paver la voie au travail autonome. Ce qui signifiera moins d'emploi.

Le travailleur-type d’une société post-industrielle est un travailleur autonome. Il n’a plus un patron, mais un – ou parfois une multitude – de « clients » et doit assumer de multiples fonctions. Création et fourniture d’un service principal pour lequel il existe une demande et qui lui sert d’identifiant, bien sûr, mais aussi, souvent, des services connexes qui facilitent la création et la fourniture de ce service principal.

Souvent, dans une économie tertiaire, le créateur autonome de services assume ainsi les fonctions de publiciste, de distributeur et de vendeur du service qu’il peut apporter, ce qui fait de son poste de travail une occupation spécifique qui ne ressemble à rien d’autre, se développe à sa mesure et dont lui seul peut prendre charge. Il doit recevoir une formation différente, exécuter des tâches différentes et les exécuter autrement. Sa relation avec le travail est complètement transformée.

La structure des relations de travail doit aussi se transformer, pour passer de la relation patron-employé de la période industrielle à cette relation fournisseur-client adaptée à une économie de services. Ce qu'on appelle "Uberisation" est une forme dévoyés de cette transfaormation où l'on tente de na PAS suppimer un intermédiare... mais de le remplacer par un autre. Mais le travail autonome ne sera pas stoppé par ce piège grossier.

Le lien direct entre le producteur et l'utilisateur du service les conduit tous deux à adopter des attitudes et des comportements différents. Il nous faut des travailleurs autonomes, capables d’entreprendre et d’innover et de ne rendre de compte qu’aux utilisateurs de leurs services . Ils seront des décideurs, des innovteurs, des rassembleurs.

D'abord, les décideurs. Toute production – en fait, toute activité – est une séquence où s’intercalent en ordre, information, décision et exécution. Quand on procède à la programmation de tout ce qui peut l’être, les décideurs sont là pour rester. C’est la prise de décision, en fait, qui devient la caractéristique première des postes de travail auxquels on assignera un travailleur humain plutôt qu’une machine. Non que l’ordinateur ne puisse pas suivre logiquement un arbre de décisions, pondérer toutes les variables et identifier la meilleure solution - on le lui permettra pour certins volets d’un ensemble - mais pas pour tous.

Pouquoi ? parce que nous ne VOULONS pas que l’ordinateur ait le dernier mot. Décider est notre prérogative d’être humain, à titre d’espèce dominante sur cette planète. Laisser la décision finale à la machine est un scénario de science-fiction qui ne nous plait pas. L’évolution vers l'autonome débutera par la remise en liberté des travailleurs dont le rôle est décisionnel, dans tous les cas où une objection dirimante – nous en verrons ces cas dans un autre texte – ne s’oppose pas à ce qu’ils le soient.

L’initiative est une autre activité inprogrammable. Elle restera "humaine", mas elle ne laisse pas entrevoir la création d’une masse d’emplois, car nous savons très bien qu’il n’y a pas de meilleur décideur, ni de plus dévoué, que celui qui supporte personnellement les conséquences de sa décision. La tendance des entreprises sera donc vers la consultation plutôt que l’emploi, vers la sous-traitance plutôt que l’emploi, vers l’impartition plutôt que l’emploi, vers n’importe quel statut plutôt que l’emploi. Le temps travaille ici pour l’autonomie.

C’est pour ça que, dès qu’on s’écarte de la grande industrie manufacturière où un investissement colossal est requis, les PME concurrencent si avantageusement les multinationales. C’est pour ça que, plus bas dans l’échelle des équipements requis, les travailleurs autonomes concurrencent déjà de même les PME. C’est pour ça que les grandes entreprises ripostent en se scindant en « divisions » autonomes et en « centres de profits », cherchant à motiver leur personnel et à impliquer à fond leurs décideurs dans l'innovatio, liant autant que possible la rémunération de chacun au bien-fondé des décisions qu’il prend... et a ses initiatives.

Tout va plus vite quand c’est celui qui décide qui agit. Tous va mieux quand celui qui décide porte les conséquences fastes ou néfastes de sa décision. Aujourd’hui, nous assistons à la suppression des cadres intermédiaires. Dans une économie de services, le gigantisme est un inconvénient et les petits piranhas dévorent les requins. Demain, nous verrons la constitution d’équipes de travail autonomes au sein même de l’entreprise, chaque équipe ayant son budget, déterminant son propre plan de travail et étant rémunérée par les « profits » que son efficacité lui permet de réaliser. Il faut être aveugle pour ne pas déceler cette tendance.

Quand l’activité est inprogrammable – et décider est une activité inprogrammable – les travailleurs ne sont plus interchangeables ; leur motivation devient un facnteur important et il est inefficace de les payer à salaire. La participation au profit est déjà une forme acceptée de rémunération des hauts dirigeants d’entreprise ; attendons-nous à ce que cette approche soit adaptée dans toute la mesure du possible aux autres niveaux de décideurs, jusqu’aux opérateurs de machines complexes dont le salaire sera aussi progressivement remplacé par une participation au profit découlant de leurs décisions…. qui sont la composante essentielle de leur travail.

La production, quand on en retire l’élément programmable qui a été confié aux machines, peut se définir comme un ensemble de microdécisions. Quand c’est la décision qui est rémunérée et que la rémunération est liée aux résultats, la relation de travail devient plus égale, plus motivante, mais elle peut devenir bien plus précaire. Ce dont des travailleurs autonomes qui prendtont charge. On dira peut-être encore des décideurs et des travailleurs participant aux profits qu’ils ont « un emploi », mais leur statut sera complètement différent de celui d’un employé salarié d’aujourd’hui. Pour les fins qui nous intéressent, ce seront des travailleurs autonomes.

L’État n’a plus a intervenir pour la sécurité d’emploi : tout ce qui diminue la mobilité est NEFASTE ! C’esr la sécurité du revenu qui importe. Il faut que tout le monde, toujours ait accès à un revenu qui corresponde à son niveau de qualification. Aujourd'hui, un gouvernement qui n'offre pas ce service ne mérite pas de gouverner.

Pierre JC Allard


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