Ukraine vue autrement (9) Scott Ritter et le Général Delawarde

par Gérard Luçon
lundi 12 juin 2023

Kherson, civils évacués {JPEG}

Scott Ritter … (ancien Officier du renseignement US) sur la réponse de l'OTAN à la contre-offensive ratée :

Quelles sont les options de l'OTAN ? Et ils n'ont aucune option. Le niveau, la portée et l'intensité du conflit en Ukraine sont inimaginables pour une alliance. Les troupes de l'OTAN ne sont pas prêtes pour cela, ni entraînées ni équipées. L'OTAN ne dispose pas du système d'approvisionnement nécessaire pour cela, notamment en termes de puissance de tir d'artillerie. L'OTAN n'a pas d'armée digne d'être mentionnée.

Toutes les forces de l'OTAN sont dispersées dans toute l'Europe, et pour les rassembler, elles devront retirer des troupes des casernes, et pour 80% des troupes de l'OTAN, cela est impossible. Ils ne peuvent pas quitter la caserne parce qu'ils n'ont pas d'équipement, pas de chaîne d'approvisionnement, rien. Et puis ils doivent être déplacés de toute l'Europe vers le point de collecte, et les routes, les ponts, les tunnels ne sont pas adaptés à cela. Nous avons déjà des problèmes ici.

L'Europe n'a pas d'autre choix. C'est pourquoi le sommet de Vilnius est de la plus haute importance et pourquoi les Ukrainiens ont fait sauter ce barrage. Parce que l'OTAN sera confrontée au fait qu'elle n'a que des déclarations bruyantes. Et ils commenceront à réaliser que leurs pires cauchemars deviendront réalité.

La Russie gagnera ce conflit militaire d'ici la fin de l'été, au début de l'automne. Ils ont le temps pour ça. Que fera alors l'OTAN ? Donc, politiquement, ils doivent trouver une issue à ce conflit. Les gens parlent de la Pologne. Comprenez, l'armée polonaise ne vaut rien, elle ne peut pas mener des opérations d'une telle ampleur. Bien que les Russes soient des experts en la matière, ils perfectionnent leur art depuis plus d'un an. Il n'y a aucune puissance au monde qui s'en sortirait mieux que la Russie. Parce que personne n'a été dans de tels conflits sauf elle.

Ils ont construit une incroyable défense doctrinale, les Ukrainiens n'ont aucune chance de la briser. Et leurs troupes ont récemment été formées à l'offensive doctrinale, afin que le moment venu, les Russes puissent mener une opération offensive de grande envergure que personne en Europe n'est en mesure de mener à bien. L'OTAN n'a donc d'autre choix que de trouver une issue à la catastrophe qu'ils ont provoquée.

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Du Général Delawarde :

Ci après ma réponse à un correspondant qui me demandait mon avis sur l'article de Valérie Bérenger paru sur le site "Riposte Laïque".

 

A l'observation des faits, il ne fait aucun doute que la fameuse offensive des Forces de Kiev a commencé le 4 juin sur au moins cinq directions bien identifiées et qu'elle est en train d'échouer partout, faute d'un appui aérien et d'artillerie suffisant pour les kiéviens.

Cela était prévisible et prévu. Nous ne sommes plus en Septembre 2022, date à laquelle la Russie alignait 150 000 hommes sur un front de 1 500 kms et avait des trous béants dans son dispositif dans la région Est de Kharkov. La Russie a désormais un potentiel de plus de 500 000 hommes sous le double effet de la mobilisation partielle et de l'augmentation, en cours, de son effectif professionnel. Elle a une supériorité aérienne (et anti-aérienne) écrasante. Une supériorité des feux d'artillerie de 7 à 10 contre un. Elle a considérablement densifié son dispositif.

Pour l'Ukraine mener une offensive dans ces conditions, sans véritable effet de surprise, est mission impossible. Faute de supériorité aérienne, il lui faudrait un rapport au sol de plus de 10 contre un qu'elle n'est plus en mesure d'avoir, même localement, et elle a, en face d'elle, une armée russe prête à encaisser le choc, même en cas de forte infériorité numérique locale. Les matériels majeurs fournis à l'Ukraine par les occidentaux (Blindés, Artillerie) ne changent rien. Ils se font détruire au fur et à mesure de leur engagement sans apporter le moindre résultat. Du côté russe, d'immenses forces n'ont pas encore été engagées. Plusieurs dizaines de milliers d'hommes stationnés en Biélorussie peuvent, par exemple, intervenir à la demande comme ils l'ont fait en février 2022.

En clair, l'offensive ukrainienne est en voie d'être étouffée dans l'oeuf.

Pour continuer d'exister, les kiéviens sont désormais contraints de mener une guerre des médias et des coups tordus, sans merci.



Ainsi, après les farces de Butcha, de North Stream II, des bombardements attribués aux Russes de la centrale nucléaire de Zaporijia , voici le dernier sketch du barrage de Kakhoskaye. Tout est bon pour salir l'image de la Russie et l'accuser de "Crimes de guerre" dans les narratifs occidentaux.

"Nous avons menti, triché, volé, c'est comme si nous avions reçu des stages de formation pour apprendre à le faire.Mike Pompéo, avril 2019.

Le problème pour les occidentaux, c'est que, si l'on sort du cercle de l'entre-soi otanien, plus aucun pays aspirant à la multipolarité ne croit aux narratifs kiéviens et surtout otaniens.

En fait, cette affaire n'aura aucun caractère déterminant sur la suite des opérations militaires et encore moins sur le bras de fer entre l'occident mené par les USA et les partisans de la multipolarité et de la non ingérence menés par la Russie.

Les ukrainiens ne peuvent qu'échouer dans cette offensive. Celle ci va aider la Russie à poursuivre le travail d'attrition des forces armées ukrainiennes en agissant sans précipitation. En prenant tout leur temps, les russes poursuivent également le travail d'attrition très progressif et bien engagé des économies occidentales, avec la coopération bienveillante de ses alliés BRICS et OCS, et des partisans de la multipolarité.

Les sommets de cet été Russie- Afrique, BRICS et OCS vont bientôt nous éclairer sur le réel degré "d'isolement" de la Russie, mais aussi sur la capacité présumée de l'OTAN à imposer son point de vue au reste de la planète. Pour moi, il ne fait aucun doute que nous allons être très déçus.

La campagne des primaires pour les présidentielles US va être fortement marquée par la gestion US de la guerre en Ukraine et par les résultats de l'économie US. Biden va devoir mettre de l'eau dans son vin ou, au contraire, accélérer sa marche vers une guerre totale que l'OTAN n'a plus les moyens de gagner..

Pour l'instant, Trump distance largement ses rivaux, dans la course des primaires républicaines, mais il peut être empêché de participer à la Présidentielle US, par une Justice aux ordres. Le ministre de la Justice actuel Merrick Garland, est un néocon pur et dur, promu par l'AIPAC, comme ses complices des Affaires étrangères US (Blinken, Sherman, Nuland) et du Trésor US (Janet Yellen). Il a sa double mission et ira jusqu'au bout du bout.

Ses missions ?

1 - Au mieux, éviter que Trump puisse participer à l'élection présidentielle US et, au moins l'empêcher de gagner.

2 - Traduire Vladimir Poutine devant un tribunal pénal international pour "crimes de guerre".

En ce qui me concerne, je ne pense pas qu'un accord de paix puisse être signé entre l'Ukraine-OTAN d'une part et la Russie d'autre part, avant l'été 2024 et peut être même après l'élection présidentielle US de Novembre 2024.

La Russie va laisser le temps faire son œuvre à notre détriment : deux hivers à venir et nous y verrons beaucoup plus clair .....

J'ajoute que regarder cette guerre sur le seul aspect des opérations militaires et des sketchs médiatiques concernant le seul théâtre ukrainien, c'est ne pas voir l'essentiel des enjeux et des opérations en cours au niveau planétaire. Ce qui se passe au Kosovo, en Arménie, en Syrie, en mer de Chine, en Afrique, est lié à ce qui se passe en Ukraine. Les désordres et les chaos sont fomentés par les mêmes néoconservateurs mondialistes dont les meneurs ont été nominés (ou auraient pu l'être) au palmarès de l'influence du Jerusalem Post. (Blinken, Sherman, Nuland, Yellen, Garland, Mayorkas, ...)

La guerre qui se déroule est une guerre mondiale entre deux conceptions du monde : Celle des leaders politiques actuels, néoconservateurs et mondialistes, US et européens, qui visent une gouvernance mondiale sous hégémonie US et celle des partisans de la non ingérence et d'une multipolarité respectueuse des autres menés par la Russie.

Cette guerre sera gagnée par le camp le plus résilient sur les plans économique et financier. (DD)


PS 1 : Je suis globalement d'accord avec l'article de Valérie Bérenger qui souligne parfaitement le rôle de la "meute médiatique occidentale" dans cette pitoyable diversion visant à occulter l'échec de "la grande offensive kiévienne".

https://ripostelaique.com/kiev-fait-sauter-le-barrage-de-kakhoskaye-noie-ses-forces-et-accuse-la-russie.html

PS2 : Je ne résiste pas au plaisir de vous adresser un court article de Michel RAIMBAUD, ancien ambassadeur de France dans plusieurs pays, paru sur Géopragma sous le titre : Retour de Damas : brèves de voyage. Article à reprendre et à rediffuser sans modération.

https://geopragma.fr/retour-de-damas-breves-de-voyage/

A chacun de se forger son opinion, bien sûr.

Précision : à nouveau je n’ai mis aucun commentaire personnel, ce deux textes sont donc la copie intégrale de ce que j’ai reçu !


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