UMP, l’île enchantée

par Ben Ouar y Villón
vendredi 11 décembre 2009

« Voici venu le temps des rires et des chants, dans l’île aux enfants c’est tous les jours le printemps... » Tout le monde se souvient de la chanson du générique de Casimir.


À constater la tendance grandissante au marketing politique, je me pose de graves questions sur la déconsidération de la classe politique, du pouvoir, de ceux qui l’exercent, ceux-là mêmes qui reconduisent les politiques qui ont mené l’Europe à la faillite de son système bancaire, qui au nom d’une certaine modernité, tombent dans la démagogie la plus ridicule.

Des ministres en exercice se prêtant au jeu du lip-dub (play-back, ce n’est pas leur voix qu’on entend) dans une chanson aux paroles d’une niaiserie affligeante, en viennent à se moquer de la fonction qu’ils sont censés incarner. Je ne l’aurais jamais cru. Ils perdent de leur superbe et ça fait jeune !

Je n’en appellerais pas aux grands noms de l’histoire politique, ce serait pompeux et cette vidéo, digne de l’état où se trouve la politique à droite, ne mériterait pas cet excès d’honneur. Mais il faut avouer qu’il y a de prestigieuses personnalités, même à droite, qui doivent se retourner dans leur tombe. Et d’autres bien vivants, qui doivent apprécier très moyennement cette pantalonnade, dont la joyeuse bande d’histrions s’appelle Mmes et MM. Pécresse, Lagarde, Bertrand, Wauquiez, Raffarin, et même Lagarde !…

On ne rêve pas : voilà la dictature de l’image, l’apogée de la démagogie, la folie du marketing politique.

Faut-il que le sens commun du respect des valeurs de la nation soit tombé bien bas ?

Le spectacle démagogique d’une droite convertie à la pub, au show berlusconien, est triste à voir lorsqu’on croit à certaines valeurs en démocratie. La droite française, enfin !… ça laisse songeur.

L’abrutissement du peuple aurait donc atteint ce point supposé de non-retour que les membres de l’exécutif ne craignent pas le ridicule ? Montrez cette vidéo à l’étranger, et vous verrez les réactions de tristesse qui s’empareront de tous ceux qui avaient de la France une autre image.

D’autant que ce que nous dit l’image, justement , c’est : “on danse au soleil”.

Voilà, on y est ! On nous enchante, on nous endort. On est en pleine Narkozie. Allez les jeunes, on y croit ! Au même moment où le monde traverse une crise dont les effets sur la production sont réels, que des usines ferment, que des concitoyens cherchent à se loger, que laFrance bat le record de chômage des jeunes de moins de 25 ans et ce depuis des dizaines d’années ! Un peu de dignité.

Cette séquence bon enfant fera date. Elle est l’image parfaite de la chanson que nous chante le gouvernement : comme les jeunes UMP, heureux de militer, il dit qu’il “va changer le monde”, alors que tout dans ses dispositions montre qu’il est dans sa continuité, dans son invariabilité pour ne pas dire quelquefois son immuabilité. Si la droite “changeait le monde”, elle commencerait par se rassembler et exiger que l’Europe industrielle se remette à fonctionner, elle serait pour une meilleure répartition de la richesse, un relèvement de la valeur du Smic, un égal accès aux services régaliens de la santé, de l’éducation, ou ne serait-ce qu’une fiscalité plus progressive par exemple, non ? Peut-être même que le Ministère de la Culture offrira bientôt une bourse à son génial réalisateur, allouée par son génial Ministre du show-biz…

Mais au fond, ça n’est pas si étonnant. Lorsqu’on a un chef de file, Nicolas Sarkozy, qui bouscule les institutions en permanence, qui ne craint pas de discourir en plein meeting électoral de l’UMP alors qu’il est en fonction présidentielle, quand il ne fait pas mieux que se marier en toute hâte avec une vedette de la chanson (encore !), que le premier déplacement a été sur un yacht après avoir dîné au Fouquet’s, on ne doit pas être surpris qu’il ait laissé une telle marque de fabrique. Le Président doit donner une direction, non ?

Serait-ce alors que les dits Ministres, dépassant leur propre caricature des “Guignols de l’info” n’y croient plus eux-mêmes ?

Il y aurait, comme dans certaines entreprises sous pression, un vent de suicide collectif à l’UMP ? Non.

Un précédent italien nous a montré que tout ce ridicule n’a pas empêché M. Berlusconi d’êre reconduit à la tête de son gouvernement malgré un trémoussement de ses hanches à la télévision entourée de filles jeunes et alléchantes.

"Allez Nicolas, viens danser avec nous !" sera à ce compte le prochain épisode.

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