Un avenir sans hommes

par FM Air
vendredi 28 octobre 2005

Et si nous n’étions que l’une de ces branches de l’arbre darwinien qui ne donnera jamais de fleur, vouée à s’assécher, à rompre l’écorce et à s’effondrer, inerte, au sol. Et si la destruction de la planète par l’homme n’était pas destruction mais construction, construction d’un avenir sans l’homme.

Et si la destruction de la planète par l’homme n’était pas destruction, mais construction, construction d’un avenir sans l’homme. Notre estime de nous-mêmes, ce besoin de voir en l’être humain bien plus qu’un « animal » , un être doué de pensée , de conscience, de réflexion sur son entourage, nous apparaît comme une délivrance, comme une clef qui dénouerait des chaînes naturelles, enserrant chaque être vivant. Mais si, justement, elle n’était que l’outil que cette nature nous a donné pour mieux se lifter, se rajeunir, s’offrir une nouvelle peau.

Aujourd’hui, le malaise est partout, beaucoup voient en l’activité humaine un anéantissement, un dépérissement de la vie sur notre planète. On parle de destruction progressive de la planète, mais si on y pense bien ce qui est abîmé, ce n’est pas la planète, c’est la planète telle que nous la percevons. Plus explicitement, ce qui nous alarme, ce n’est pas l’état de la planète, mais l’état de notre mode de vie, et la façon dont il est voué à disparaître. Au risque de paraître ignoble et dépourvu de considération pour la nature humaine, on se doit de reconnaître que l’homme ne détruit pas la planète, celle-ci est et sera, pour un long temps encore, avant de voler en éclats.

L’être humain, par la pollution, la déforestation, la pêche intensive, la ponction aveugle des ressources premières, ne fait que remodeler la planète, tout comme les premiers végétaux l’ont fait, en augmentant le taux d’oxygène de l’atmosphère jusqu’au 20% actuel. Ils ont permis l’avènement d’une vie continentale basée sur l’usage et le recyclage de l’oxygène par certain êtres vivants. Mais, en contrepartie, une branche de l’évolution disparaît avec les anaérobies, laissant place à l’ère des consommateurs d’air oxygéné. Cette révolution biologique qu’est la photosynthèse a façonné depuis 3,8 milliards d’années non seulement la population, mais aussi la configuration physique de la planète, avec tous les phénomènes d‘oxydation et autres réactions chimiques mettant en jeu la molécule de la vie respiratoire. Ceci met au jour le fait que la planète n’est pas ce bout de roc sur lequel gambadent ou poussent les êtres vivants, elle est ces êtres vivants, et ils sont la planète.

L’homme ne détruit pas la Terre, il participe de son avancée. L’avènement de la conscience ou l’expérience de l’être humain n’est pour moi qu’une excroissance de l’évolution, à mettre au même rang que les autres branches, et si elle doit aboutir à la mort de l’humain, elle n’aura en aucun cas détruit la planète, et peut-être même aura-t-elle permis la création d’un autre écosystème capable d’accepter un mode de vie différent, et conséquence de celui emprunté par les hommes.

Florent Madiot


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