Un besoin d’intériorité...

par rosemar
samedi 16 mars 2019

 

Dans un monde où les écrans se multiplient, où l'on nous incite à consommer toujours plus, où le temps nous échappe, où le rêve s'évanouit, il est difficile de se recentrer sur soi-même...

La réflexion se délite, s'amenuise... nous oublions de nous interroger sur nous-mêmes.

Il y a quelques jours, je suis entrée dans une église : là, devant une statue de la vierge à l'enfant, un homme était en train de prier, bercé par une douce musique, dans une lumière presque irréelle.

Quelle concentration dans la prière ! Quel silence et quelle paix !

La vie intérieure a ainsi besoin de moments de calme, de silence, de solitude...

 

Dans un monde bruyant, trépidant, toujours en mouvement, comment retrouver une intériorité ?

Les gens en arrivent à ne plus marcher : pour le moindre déplacement, ils prennent leur voiture.

Or, marcher, c'est faire cheminer sa pensée, c'est se retrouver soi-même.

La lecture est aussi un moment de retrait du monde indispensable et quel bonheur nous offrent les livres ! Un temps de paix, de réflexion, de solitude salutaire...

Je me souviens du propos d'un collègue professeur, alors qu'il sortait de cours : "Enfin seul !"

 

Le monde moderne nous offre peu d'occasions de solitude : or, la solitude est utile, indispensable même à chacun d'entre nous.

C'est André-Comte Sponville qui fait ainsi l'éloge de la solitude :

"Du beau mot de solitude, j'ai toujours fait un usage plutôt positif. C'est que j'y vois une dimension - constitutive, nécessaire, inévitable - de la condition humaine, qu'on ne saurait dénier sans mentir. Lucidité du Bouddha : "l'homme naît seul, vit seul, meurt seul...

On vit seul, même entouré d'amis : parce que personne ne peut vivre à notre place...

On voit que la solitude, au sens où je prends le mot, touche à notre identité, à notre singularité ("solus", en latin, signifie à la fois "seul" et "unique"), à notre humanité.

La solitude est donc normale : ce qui serait anormal, voire pathologique, ce serait l'incapacité à vivre cette solitude, à l'accepter, à l'habiter."

 

La solitude est normale, utile, et même indispensable : nous avons tous besoin de nous ressourcer, de nous recentrer, de retrouver une intériorité.

Et la lecture nous offre plus particulièrement ces moments d'intériorité...

Aujourd'hui, s'ouvre à Paris le Salon du livre... L'occasion d'évoquer ce magnifique éloge de la lecture :

 

Pour l'amour des livres de Michel Le Bris :

 

«  Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles."
 

" L’économie est toujours seconde, des réformes de la « chaîne du livre » sont sans doute nécessaires, en un temps où le monde change à toute vitesse, où s’effondrent des pans de ce qui nous était repères, déferlent les ravages de la « communication », mais justement : c’est la force de la littérature d’avoir toujours su dire, et jamais mieux qu’au milieu des tumultes, l’inconnu de ce qui venait, d’en avoir su trouver à chaque fois les mots, les rythmes jusque-là inouïs, pour faire advenir un visage, rendre le monde un peu mieux habitable… Il ne s’agit pas de hiérarchiser les arts, mais de souligner ce que littérature, poésie, roman, ont d’unique, d’irremplaçable : de nous reconduire à nos mondes intérieurs, dans le temps long de la lecture et le silence gagné sur le brouhaha ordinaire, jusqu’à nous faire approcher le mystère même du langage, qui nous relie aux autres, au monde et à nous-mêmes. Pour affirmer du même coup une dimension en l’homme échappant à ce qui prétend nous déterminer ou nous contraindre, une verticalité, que depuis L’Homme aux semelles de vent j’appelle « le poème en nous », qui nous fait libre, et nous fait homme."

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2019/02/un-besoin-d-interiorite.html

 

Sources :

 

https://liseuse-hachette.fr/file/101732?fullscreen=1#epubcfi(/6/6[pre2] !/4/2/2[pre-001]/6/12/1:395)

 

https://www.grasset.fr/pour-lamour-des-livres-9782246818458

 

https://www.lepoint.fr/livres/ces-fous-qui-devorent-les-livres-02-03-2019-2297489_37.php

 


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