Un impôt à la carte

par alinea
lundi 11 août 2014

Qu'en diriez-vous ?

... L'idée m'était venue un peu avant les présidentielles, quand il était question, à gauche, de faire payer beaucoup d'impôts aux plus riches, très riches sur le dos des moins riches et des plus pauvres ! Partant du principe qu'il est moins difficile de les lâcher quand on sait où ils vont, je me disais que la destination des impôts « surnuméraires » pouvait être choisie par les payeurs. Qu'il y ait un déséquilibre dans les choix n'était pas pour me déplaire ; je ne possède pas, et ne sais même si cela existe, un tableau exhaustif des goûts et des inclinations des uns et des autres plus fortunés de notre pays ; mais, connaissant la nature humaine, je me disais qu'en déterminer l'utilisation, pourrait faire passer la pilule ! Je n'avais pas pris le temps de faire de manière pointilleuse le formulaire, mais je voyais aussi bien « la défense » que « la culture », la recherche que l'éducation, les services publics que la santé ! Chacun de ces chapitres détaillés ; l'éducation, oui, mais populaire, la culture, oui mais de haricots verts, la défense oui mais d'éléphant !

J' y repensais ces jours derniers et puisque penser et écrire ne sont encore pas trop brimés, je me disais que tout l'impôt pourrait être conçu comme ça. Payer des impôts pour la dette, les gras émoluments des élus, le nucléaire, la guerre, cela n'a rien d'excitant,non merci ; mais payer des impôts pour la formation, l'instruction, la santé et tous les services publics, la recherche, oui, mais celle appliquée aux nouvelles énergies et peut-être aussi pour savoir quoi faire de nos déchets nucléaires, protéger notre biotope, aider l'agriculture biologique, oui, d'accord !

Nous savons que l'impôt direct est peu de chose dans le budget de l'État, mais au moins il est l'émanation directe des travailleurs, des créateurs de richesses ; puisque tout est argent aujourd'hui et avant que cela ne change, donner au collectif le fruit de son travail, au moins que cela se fasse dans le sens que l'on souhaite. Il serait plus plaisant de cocher les cases avec le pourcentage de son impôt à y affecter, que de payer, même par tiers, pour un budget dont on ne maîtrise rien !

Comme pour toute tentative de participation aux décisions, une éducation doit se faire : transparence totale sur le budget, puis bilan exhaustif des résultats, pointer les effets pervers de certains choix et expliquer que certains manques de fonds dans des domaines peu appréciés peuvent avoir des effets négatifs par ailleurs !!

Dans un monde qui se veut si bien coiffé mais qui doit pour ce faire porter perruque, sûr que peu de confiance est faite à l'organisation spontanée ; j'entends déjà : tout le fric ira à la « sécurité », flics, caméras de surveillance, ou bien au contraire : tout le fric ira pour assister les paresseux !!! Il semble prévisible que les gens donneront pour ce qui les préoccupe, école, formation tant qu'ils sont concernés, et puis culture quand ils vieillissent, tous infrastructures, de belles routes, de beaux trains, mais à bien y réfléchir, le partage n'en serait que plus équitable ! Le mouvement spontané n'est pas l'addition d'actes individuels, une « magie » s'opère, de convergence, de synchronicité et de nécessité et même si elle ne naît pas parfaite, si elle n'est jamais parfaite, elle n'est pas moins efficiente que la non moins imperfection des choix personnels d'un pouvoir. Je suis convaincue que l'attribution des sommes à tel ou tel domaine serait plus fiable et plus juste, faite de cette manière.

Puisque, par définition, l'argent des impôts est dévolu à tous ! Une forme de démocratie directe !! Dans un monde où l'argent est tout, laisser la responsabilité du sien à chacun, après avoir reçu l'éducation nécessaire à l'intérêt du bien commun, à se sentir concerné par ce qui se passe, à quitter sa passivité qui n'est confortable qu'un temps, au début de l'enfance, à troquer la plainte contre la participation éclairée !

Bien évidemment ce petit rêve s'associe à l'idée qu'aucun argent public n'irait au privé ; fini les niches, sauf pour les chiens ! Fini les crédits d'impôt, quand on améliore sa maison, on le fait pour soi, petite incitation peut-être, pour encourager et faire comprendre l'intérêt de l'anticipation ; quand on donne à une bonne œuvre , pourquoi votre voisin en paierait une partie avec ses impôts ? C'est dingue ça ! Une simplification des barèmes, des tranches nettoyées de leurs frais, leurs charges, que les plus malins savent gonfler, donnerait plus de temps au choix qu'à celui de savoir comment gratter cent sous au fisc ! Activité sans aucun doute plus bénéfique pour le bien vivre ensemble !

On pourrait délirer sans fin sur une année sans un sou pour payer les soldes des officiers, ou bien une recherche interrompue par manque de fonds, qui laisserait moisir un précipité ! n'est-ce pas un peu comme ça qu'on a découvert la pénicilline !!!?

Mais c'est sur les impôts locaux, impôts fonciers, que le pouvoir des gens serait le plus percutant. Et les choix politiques les plus « populaires » ! On les tiendrait au portefeuille ! Ah ! J'imagine d'ici les débordements d'intox, les propagandes, pour quelques billets ; nous serions en plein dans la réalité, après tout, les élus n'auraient que peu d'intérêt, on pourrait même les supprimer ; si le péquin pouvait ouvrir une ligne de budget pour un projet qui lui tient à cœur, les programme se ferait de lui-même ! Les élus seraient officiellement ce qu'ils sont officieusement, des gestionnaires, mais les cordons de la bourse ne seraient pas dans les mêmes mains !

Là ça serait un festival ! Pas besoin d'être organisé en collectifs, partis ou associations, juste l'information qui circule ; ainsi on aurait peut-être moins l'occasion de voir fleurir la corruption, les chantiers donnés aux amis à des prix défiant toute concurrence, les petites folies du maire en place pourraient éventuellement être assagies ou carrément soignées ; le budget dans tous ses détails serait servi en apéro de cette neuve possibilité faite aux résidents, et certaines cases tomberaient d'elles-mêmes de n'être pas approvisionnées tandis que d'autres, peut-être, verraient le jour.

Bien sûr il faudrait envisager quelques escouades de contrôle pour esquicher les velléités de tromperie, tant que le cheptel politique ne sera pas renouvelé. Mais ce n'est pas un problème, il y aura partout assez de volontaires pour s'assurer que les élus ne seront plus payer à se servir d'abord !

La vie sociale paraîtrait soudain pleine d'intérêt bien qu'il ne soit pas sûr qu'une majorité fasse seulement les bons choix ; c'est un risque, de rixes, de pressions mais pas pire qu'aujourd'hui, où l'impuissance fait surgir des violences qui dévient de leurs causes !

C'est une proposition où l'on peut laisser libre cours à son imaginaire, et pourtant sérieuse si on y réfléchit bien !!

Un petit jeu de société, pour nous autres qui ne sommes pas partis en vacances !!!


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