Un monde de fous et de burlesques barbares laisse-t-il une place aux personnalités célestes ?
par Bernard Dugué
jeudi 8 octobre 2015
Les jours rétrécissent et la lumière se fait parfois blafarde, entrant en résonance avec les signaux crépusculaires de notre époque. J’avais ressenti une rupture dans les prises de conscience en 2014 et prédit une sorte d’enlisement en 2015. Les événements tragiques du 7 janvier et les exactions de l’Etat islamique n’altèrent pas cette impression d’enlisement. Peut-être que ces événements représentent des signes annonciateurs de quelques déflagrations prochaines. En Israël, les tensions sont exacerbées sans que l’on ne sache s’il s’agit d’une éruption momentanée de violence ou bien l’entrée dans une nouvelle Intifada dont on ne connaît pas l’ampleur et la dimension tragique. Les Russes vont-il frapper Daesh avec plus d’efficacité que la coalition conduite par les Etats-Unis ? Ce serait alors la preuve que cette coalition n’avait pas vraiment l’intention d’en finir avec ces barbares qui occupent la Syrie et l’Irak. Dans cette affaire, la guerre se fait aussi au niveau de l’information. Aucune partie n’est crédible bien qu’on finisse par avoir un semblant de vérité au final.
L’invasion des migrants ne laisse pas augurer de sereines espérances pour l’avenir. Les irresponsables que nous avons mis au pouvoir on semé le chaos. L’intervention de la Russie en Syrie s’inscrit dans une logique de guerre mais on ne sait pas si l’incendie qui a commencé ne va pas embraser la région. Etrange impression que les lueurs crépusculaires de cet automne se reflétant dans un silence mordoré, comme le calme avant une tempête ou une mer d’huile se retirant avant le tsunami. Nous voilà plongés dans un monde non pas voué au dérèglement climatique mais déterminé par le dérèglement politique. Il n’y a aucun salut et l’on note que la plupart des acteurs cherchent à jouer quelques coups politiciens pour exploiter le chaos. C’est le cas de toutes les formations politiques sans exception. Je me demande comment ces gens parviennent à nous convaincre de leur sincérité. Ce sont des bons acteurs, c’est certain, mais aussi des scénaristes nous jouant l’histoire à nous spectateurs, des scénaristes qui vivent dans leur monde imaginé et qui s’y projettent avec un déni de réalité flagrant. Ces politiciens sont à moitié fous au sens psychologique du terme.
Cet automne 2015, je ressens un sentiment d’impuissance et de désolation face à ce monde dont le devenir ne laisse augurer aucun espoir d’amélioration. Nous sommes gouvernés par des sortes de joueurs démoniaques si bien croqués dans le livre inachevé de Hermann Broch sur la folie des masses. D’ailleurs, il n’y a pas que les fous démoniaques du pouvoir et des médias mais on constate aussi une folie des masses d’individus dont la conscience politique est proche du zéro et dont les défenses du surmoi ont été laminées par les produits décervelant des médias de masse, les nouvelles technologies et le renforcement des processus narcissiques. L’individu contemporain frappé par le virus du narcissisme ne voit le monde que comme reflet de sa propre image et ne pense plus à l’intérêt public, au sens de l’Histoire, aux finalités que peut se donner un collectif d’hommes debout en pleine possession de leur raison et pénétrés d’une céleste inspiration.
Mais ne rêvons pas. La céleste inspiration et la raison sont impuissantes face à la sinistre manipulation. Nous avons notre Savonarole du climat. Un certain Nicolas Hulot qui veut mobiliser les consciences en se positionnant comme une sorte de führer sauveur de l’humanité. Les historiens reconnaîtront une allusion à la Renaissance qui, contrairement à ce que l’on pense communément, ne fut pas uniquement une époque de luminosité et d’éveil opposé à un obscur Moyen Age mais aussi une époque de transition avec nombre de signes crépusculaires comme par exemple les excès de folie en tous genres, chasse aux sorcières, faux prophètes, alchimistes jouant les gourous, bref, toute une cohorte d’esprits perturbés et agités comme le sont nos Valls, Sarkozy, Hulot, BHL, Arthus-Bertand, Hollande, Guetta de France Inter, sans oublier le retour de la barbarie sous une forme burlesque.
L’étymologie du mot barbare signifie chez les Grec un individu ne parlant pas la langue raffinée et dont l’élocution ressemble à un charabia, bar-bar. Eh bien écoutez Nicole Feronni sur France Inter et vous entendrez ce charabia débité à une vitesse qui n’a rien de la lumière. Même notre président Hollande offre dans ses discours quelques morceaux d’un charabia attestant que ce personnage nous est quelque part étranger. Lorsque je zappe sur D8 et que j’entends cet autre charabia accompagné d’un incessante marée de ricanements plus idiots les uns que les autres, j’éteins le poste et j’annule tout, y compris les ricanements de France Inter orchestrés par l’insupportable Charline V. Ce spectacle de burlesque charabia me semble étranger au pays que j’ai toujours connu, à cette France éternelle pour parler comme le général de Gaulle. D’ailleurs, Hollande n’incarne pas plus cette France que Sarkozy, D., P., ou Christine Angot.
Au final, malgré la tonalité désinvolte de ces propos sur le crépuscule, nous pouvons voir se dessiner l’équation de l’avenir en un éclair de pensée. La Renaissance, comme beaucoup de périodes ayant marqué notre Histoire, se caractérise par des mouvements crépusculaires marqués par la folie, la crispation, l’agitation et la décadence mais aussi par des envolées spirituelles et des avancées autant intellectuelles qu’esthétiques, culturelles et politiques, conduites par des hommes imprégnées de la céleste inspiration. C’est cette équation qui vaut aussi pour notre époque. Mais un obstacle majeur se dessine et joue sur deux tableaux. Premièrement la vie agitée et moderniste permet-elle l’éclosion de ces personnalités visionnaires et célestes ? Deuxièmement, la domination des médias de masse et de la masse de médias (Internet) laisse-t-elle une place pour rendre visibles et audibles les œuvres et propos des personnalités célestes ?
Cette équation prophétique se réfléchit parfaitement dans le ciel assombri avec les nuages se déchirant pour crier une douce mélancolie accompagnée d’une sereine nostalgie et d’une sombre inquiétude alors que le soleil filtré laisse transparaître les éclats à venir d’un monde façonné par les éclats célestes émanés de tous ces miroirs brisés puis recomposés en une fresque baroque produite par de divines créations et révélations.