Un poème oublié d’Emmanuel Macron
par Jordi Grau
mardi 29 septembre 2020
En 1993, le jeune Emmanuel Macron attirait l'attention d'une professeure de lettres par un texte d'une beauté fulgurante et prophétique....
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Sur mon grand front jupitérien
Siège d’une pensée trop complexe pour mes valets journalistes
Sans parler des ouvrières illettrées
J’écris ton nom
Sur les grilles dorées des cliniques privées, temples de la Médecine Rentable,
Sur l’argent magique que je ne donnerai pas à l’hôpital public
Sur mes courtoises mains, qui applaudissent les soignants avant de les cogner
J’écris ton nom
Sur l’argent blanchi par les banques françaises dans les paradis fiscaux
Sur les risibles feuilles d’impôt de mes amis les riches
Sur le pognon de dingue dont je dépouille les pauvres
J’écris ton nom
Sur les rouages de l’éducation nationale, cette machine à trier ceux qui réussissent de ceux qui ne sont rien
Sur les culottes soyeuses des écoliers d'élite, que jamais ne souillèrent les sordides bancs de l’école publique
Sur le sécateur que j’offre aux premiers de cordée pour faciliter leur ascension
J’écris ton nom
Sur la barbe virile et rassurante de Maître Dupond-Moretti
Sur la braguette magique de mon copain Gégé, l’homme à qui l’on peut parler d’homme à homme
Sur les matraques calmant les hystériques dans le métro parisien où on les a traînées
J’écris ton nom
Sur le papier glaçant de Valeurs Actuelles, le magazine des Français de bonne souche
Sur les armes – « non létales », mais merveilleusement mutilantes – des forces de l’Ordre Nouveau
Sur les murs des commissariats, qu’imprègne un sang impur originaire d’Afrique
J’écris ton nom
Sur les plages de Mayotte, où j’aime à taquiner les Comoriens noyés
Sur les repas qui ne seront pas distribués aux migrants de Calais
Sur les murs inhumains des centres de rétention
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je commencerai un nouveau mandat
Je suis né pour te nommer, pour te jeter au visage des boucs émissaires
Je suis né pour te faire triompher
Séparatisme