Un Président anglophone, fils du fric et de la pub !

par Pasagenoux
vendredi 5 mai 2017

 Le premier trimestre de cette année 2017 a été placé sous le sceau de la campagne électorale pour la Présidence de la République.

 La presse et les médias ont largement parlé du sujet, mais, hélas, plus pour traiter les démêlés judiciaires de certains candidats que pour nous informer des programmes politiques de chacun.

 Sur le plan de la langue française, de la Francophonie, de la lutte contre le tout-anglais et du respect du plurilinguisme, nous n’avons eu, malheureusement, pas grand chose à nous mettre sous la dent.

Cependant, pour celui qui est à affût de ces sujets-là, il y eut quelques éléments dans les propos de certains candidats qui nous permettent d’en féliciter certains et d’en condamner d’autres.

Tout d’abord, force a été de constater que le mardi 10 janvier, Emmanuel Macron, candidat à la Présidentielle, a donné une conférence en anglais dans une université allemande, à Berlin.

Il s'est exprimé en anglais montrant ainsi à ceux qui, en Allemagne, auraient encore envie d'apprendre le français, qu'il n'est plus nécessaire de s'investir dans cette langue, puisque M. Macron, prétendant à être le premier des Français, s'exprime en anglais à l'étranger, dans un pays non anglophone.

Macron ou MYcron ?

Mine de rien, Emmanuel Macron nous a fait là une démonstration parfaite de ce qu'on appelle la prophétie autoréalisatrice, un concept qui, pour le cas, consiste à se mettre dans la tête, et dans la tête des autres, qu'il n'y a pas de vie sans anglais, que la langue française n'est plus une langue internationale, un concept qui crée les conditions pour rendre possible ce qui ne l'était pas au départ.

En effet, qui voudra désormais apprendre le français à l'université Humboldt de Berlin, alors qu'une haute personnalité française a préféré s'y exprimer en anglais ?

Ainsi, le chouchou des médias français, par son anglomanie ostentatoire, en plus de participer à la prophétie auto-réalisatrice de destruction de notre langue, s'est-il dévoilé au grand jour : il est bien un agent de l'oligarchie anglo-américanisée mondialiste, une oligarchie qui veut mettre son grappin sur le monde pour lui imposer une langue, une loi, une doctrine.

Assurément, Macron, par sa trahison linguistique, doit être écarté de la magistrature suprême avec la plus grande fermeté.

Vint ensuite, le débat télévisé entre les finalistes de la Primaire de la gauche : Manuel Valls et Benoit Hamon, c'était le mercredi 25 janvier. Au cours de ce débat, David Pujadas, le journaliste pour France 2 chargé d’orchestrer la soirée, fit part aux deux candidats, d’une question posée prétendument par un internaute, un dénommé Gérard, du Pas-de-Calais. La question consistait à savoir si les deux candidats parlaient anglais, et le Pujadas, anglomane bien connu, trop content qu’on mette cette langue sur le tapis, s’est délecté d’un « Do you speak English ? ›› adressé à MM. Valls et Hamon. - « A-t-on demandé à Donald Trump et à Theresa May, s'ils parlaient français ? » Aurais-je répondu à Pujadas, mais nos hommes politiques, eux, comme à l’école devant leur maître, se sont empressés de répondre par l’affirmative.

Manuel Valls, cependant, a été plus responsable dans sa réponse, que le pauvre Hamon qui s'est dépêché de dire qu'il parlait l'anglais couramment (English Fluent (sic)) comme s'il fallait qu'il montre un gage de bonne conduite à l’égard des maîtres de la City et de Wall Street ; Valls, lui, plus intelligent, a dit qu'il n'y avait pas que l'anglais comme langue internationale, il y avait aussi, entre autres langues, l’espagnol. - Bravo ! C'est ça qu'il fallait répondre, car, bien évidemment, le rôle d'un homme d`État français n'est pas de fortifier la puissance impérialiste de l’anglais, mais d’essayer de l’atténuer. L’atténuer en disant qu'il n'y a pas que l'anglais qui est une langue internationale, l'atténuer aussi - et Manuel Valls en a parlé dans le débat -, en soulignant la force de la Francophonie, la Francophonie africaine, notamment, l’Afrique avec laquelle Manuel Valls veut travailler davantage, et, en ce sens, il a même parlé de mettre en place un Erasmus francophone, etc.

Bravo donc, pour ce coup-là, à Emmanuel Valls, et vivement que nos hommes politiques, en général, au lieu de s’appliquer à vouloir parler la langue de la première puissance militaire et d’espionnage du monde, s’intéressent plutôt à ce qui fait la force de la France : son territoire maritime et l’Espace francophone.

Le vendredi 10 mars, François Asselineau, Président de l’Union Populaire Républicaine (UPR), annonçait à la presse qu’il avait obtenu les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la Présidence de la République. Fait extraordinaire, lors de sa conférence de presse, nous pûmes constater, à côté de lui sur l’estrade, la présence du drapeau de la Francophonie avec le drapeau français et onusien. Oui, fait extraordinaire, car c’est la première fois que je vois un homme politique mettre ainsi en exergue le drapeau des Francophones. Voilà un point, assurément positif pour M. Asselineau.

François Asselineau et le drapeau de la Francophonie
Fait extraordinaire, car c’est la première fois que je vois un homme politique mettre ainsi en exergue le drapeau des Francophones !

Arriva le 20 mars, Journée internationale de la langue française et de la Francophonie, et ce 20 mars fut marqué par un débat à la télévision entre les 5 premiers candidats les mieux placés dans les sondages. Outre le fait qu’il soit anti-démocratique de n’inviter que 5 candidats sur les 11 validés par le Conseil d’État pour se présenter à l’élection présidentielle, il a été triste tout de même de constater que les 5 candidats présents n’eurent aucun mot pour la langue française et la Francophonie, alors que ce 20 mars était jour de fête pour notre langue.

Ils n’eurent aucun mot pour la langue française et la Francophonie, mais Benoit Hamon, le candidat à la présidentielle pour les Socialistes, trouva le moyen tout de même de placer son mot anglais préféré : "Burn-out", un mot anglais qu’il emploie quasiment presque à chacune de ses interventions. Nous pûmes également entendre Marine Le Pen, la candidate pour le Front National, nous parler de "Serial Killer" au sujet du RSI, le Régime Social des Indépendants, terme anglais repris aussitôt par François Fillon, le candidat pour les Républicains, qui a perdu là une bonne occasion de faire remarquer à cette dame qu’en France, c’était le français d’abord que l’on parle et non l’anglais.

Si la fête de notre langue et de la Francophonie n’a pas été évoquée le 20 mars par nos 5 présidentiables qui passaient à la télévision ce jour-là, le samedi 25 mars, un politicien, François Asselineau, nous consola de cet affront. En effet, en ce 25 mars, lors du grand rassemblement qui eut lieu à la Villette pour fêter les 10 ans de l`Union Populaire Républicaine (UPR), François Asselineau, président de ce parti et candidat à la Présidentielle, fit un discours dont toute une partie fut consacrée à la langue française, à la Francophonie et à l`Afrique, faisant, du coup, une démonstration éclatante de l'importance stratégique de développer l’atout majeur de la France : la Francophonie.

Hélas, mais faut-il s’en étonner, il n`y a eu aucun écho de ce discours au 20 heures de France 2.

Cela est d'autant plus anormal que des passages de ce remarquable plaidoyer pour notre langue, auraient très bien pu prendre place dans le JT, puisque nous étions en pleine Semaine de la langue française et de la Francophonie, Semaine qui se déroulait, cette année, du 18 au 26 mars.

Est-ce ainsi que notre télévision publique doit faire vivre la démocratie ? Et où est notre droit à l’information dans tout cela  ?

Quoi qu’il en soit, cette campagne électorale a été totalement phagocytée par les démêlées judiciaires de François Fillon, et les médias semblent avoir profité de l’occasion pour mettre au second plan, voire ignorer, les débats sur le fond que l’on est en droit de s’attendre à voir traiter lors d'une élection présidentielle : débattre sur l’état d’indépendance de la France, sur l’utilité ou non de sortir de l’UE, de l’euro, de l’Otan, sur le libre-échangisme, sur le devenir de nos services publics, sur l’imposition de l’anglais, sur le développement de l'Afrique francophone, sur notre ouverture sur le grand large, sur la Francophonie, etc. Mais voilà, ces sujets n'étaient pas apparemment assez intéressants pour nos « grandes » chaînes de télévision et nos « grands ›› médias qui ont préféré parler d'autres choses, et notamment et surtout, du jeune loup Macron, membre de la French-American Foundation (Young Leader cuvée 2012), ami du groupe Bilderberg, ex-employé de la banque d’affaires Rothschild, poulain du milliardaire étatsunien George Soros et du patron de presse Pierre Bergé. Bref, tout semble avoir été mis en place pour que les Français, saoulés au Macron Nouveau, votent pour lui, et cela non pas parce qu’il a un bon plan pour la France, mais parce qu’il a eu un bon plan médias voulu et payé par ses amis de l’oligarchie.

Conclusion : puisque nos médias ont fait de la discrimination en traitant certains candidats de « petits candidats ›› et que ces candidats ont eu en cela moins de temps de parole à l’antenne que les prétendus « grands candidats », alors à nous de montrer maintenant que nous ne sommes pas de « petits électeurs », pas dupes de leur escroquerie au point de vouloir voter pour un président anglophone, fils du fric et de la pub.

 

Régis Ravat,

Président de l'A.FR.AV,

alias Pasagenoux

 


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