Un samedi soir au Teknival

par zets
mercredi 2 mai 2007

Ce teknival organisé à Toul-Rosières en Meurthe-et-Moselle rassemble pour l’instant jusqu’à 30.000 personnes, mais n’a pas le succès escompté. Petite description de ma soirée d’hier et des réflexions que cela m’a inspiré.

Mon expérience des festivals est plutôt reggae-rock que musiques électroniques, ayant été quelquefois programmé avec mes groupes. Quand j’ai appris (le jour même) par France-Info que le Teknival se déroulait cette année à 5 km de la maison parentale, j’ai décidé d’aller voir ça de mes propres oreilles...

Organisation exemplaire, qu’ils disaient. Effectivement, il suffit de suivre les indications des gendarmes, tous d’excellente humeur, pour arriver sur place, même pour trouver ma place de parking. Le mairesse de Saizerais, petit village à coté, avait envoyé cette semaine aux habitants un plan avec le lieu, les routes barrées, etc pour minimiser la gêne. Je n’avais jamais vu des policiers aussi sympas, me gratifiant même d’un "rentrez bien !" au moment de partir.

Le lieu est impressionnant, 80 hectares, du son dans tous les sens et des lumières flashy, on croirait Disneyland la nuit. Deux heures pour faire le tour, chercher un mix à notre goût, et récupérer des bouchons pour nos oreilles. Première impression : il n’y a pas grand monde finalement mais une quantité impressionnante de boutiques de vêtements, CDs, bières et sandwichs, bonbons (!). On trouve également très facilement toutes sortes de stupéfiants, les policiers sont loin d’avoir tout pris. Première déception : la musique n’est vraiment pas terrible et plutôt uniformisée. Néanmoins, l’ambiance est vraiment sympa et bon enfant, et le froid humide n’arrête personne, contrairement aux mélanges bières/herbe/cachetons qui laisse des corps allongés un peu partout. Nous finirons quand même par trouver une bonne session vers 4h (alors qu’il doit y avoir au bas mot 60 sound systems, la plupart avec une dizaine de jeunes qui font l’amour aux baffles), on se défoule avec une centaine de personnes, sensation d’appartenance fraternelle.

Le public est bigarré, composé des habitués (je me dis), des plaques d’immatriculation d’un peu partout mais en fait surtout du coin. En effet, on trouve aussi bien les jeunes des villages, les habitués des discothèques un peu "beauf" de par ici, des lycéens, des punks un peu perdus, et visiblement bon nombre de touristes comme moi qui vivent leur premier "tekos". Pas vraiment ceux que je pensais trouver.

Finalement, on décollera vers 6h, il fait jour et on s’ennuie un peu (faut dire qu’on n’a rien pris...). Le lendemain, je me dis que c’est l’occasion d’écrire mon premier article à soumettre pour Agoravox. Je compte décrire le labyrinthe de voitures, tentes, échafaudages, feux de bois qui rendent l’atmosphère typique. Je compte parler de l’ambiance et recommander cette expérience qui vaut quand même la peine, surtout quand il faut faire 20 minutes de voiture. Consciencieux, je fais le tour des articles et commentaires que je trouve sur Internet, et là j’ai une révélation.

Il y a de moins en moins de monde sur les teknivals "officiels", les vrais bons sound systems boycottent l’évènement (ce qui me rassure, quand même...), les vrais teufeurs aussi, ils s’organisent leur propre "teknival des Insoumis" à Clastres dans l’Aisne. (voir article http://www.iden-mag.com/soiree-10328.html) Ils se plaignent du manque d’authenticité de qu’ils surnomment le Sarkoval (du nom de celui qui a donné un cadre légal à ces manifestations), du nombre de personnes trop important et revendiquent leur capacité à s’auto-gérer et d’être d’authentiques lieux de cultures alternatives : musiques, danses, art graphique, vidéos, art de rue etc.

A Toul-Rosières, rien de tout cela : une poignée de projections et circulez, y’a rien à voir. Effectivement, cela ressemble plus à une tentative de récupération qu’à un mouvement culturel comtemporain. C’est toujours un bon moyen pour empêcher et réprimer les teufs "illégales", en saisissant le matériel, empêchant les gens d’accéder aux sites etc. "Z’avez qu’à aller à l’officiel, les flics sont sympas et y’a même un chenil." C’est sûr.


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