Under trolls
par Véronique Anger-de Friberg
lundi 22 mars 2010
L’absence de contrôle social, la garantie de l’anonymat et d’une totale impunité libèrent la véritable nature de certains contributeurs. Trop d’entre eux, provocateurs, extrémistes, under trolls, confondent liberté d’expression et liberté de menacer, de diffamer ou d’insulter… au nom de la démocratie.
Ainsi, les « trolls(1) » ou « under trolls » (j’en ai recensé 18 sur AgoraVox et 23 sur Le Post dont certains possèdent une adresse IP commune…) commencent à saturer sérieusement la plupart des sites, blogs ou journaux. La nature ayant horreur du vide ils se sont organisés au fil des années et ont développé une grande capacité de nuisance en occupant l’espace laissé libre par des rédacteurs et des lecteurs qui préfèrent renoncer à contribuer tant ils sont exaspérés par le niveau zéro de débats.
En effet, les esprits haineux ont fait fuir les lecteurs modérés qui auraient aimé donner leur avis, mais préféreront se taire compte tenu de la débauche de violence dont ils seront l’objet à peine leur post en ligne (en règle générale, environ 98% des lecteurs ne s’expriment pas). De plus en plus de rédacteurs renoncent aussi à publier leurs articles quand les commentaires qu’ils suscitent se transforment systématiquement en tentatives d’intimidation pour les faire taire.
Pour avoir choisi de modérer les fils de discussion que je lance quotidiennement sur mon Mur Facebook, je peux témoigner qu’il est possible d’élever le débat et d’échanger dans un climat de relative courtoisie. Je gère près de 5000 « amis ». Une centaine de contributeurs participe régulièrement à des discussions souvent animées sur des sujets de société parfois sensibles. J’ai affiché sur mon Profil une Netiquette très simple (échanges virils mais corrects : pas d’attaques personnelles, insultes proscrites, argumentation fondée sur des sources fiables, discours cohérent) à laquelle je ne souffre aucune dérogation. En cas de non respect de cette charte de bonne conduite, j’invite l’auteur du post à prendre connaissance des règles en vigueur sur mon Mur. Après 18 mois de pratique, je peux certifier que j’interviens de moins en moins souvent pour rappeler à l’ordre. Mes « amis » eux-mêmes régulent les fils de discussion et rappellent ma Netiquette au besoin (du chaos naît l’ordre…). Ils ont compris qu’il était beaucoup plus payant de respecter les autres contributeurs car ils savent que, sur mon Mur, ils ne se feront pas agresser. Ils savent aussi qu’ils doivent fourbir leurs armes car les échanges, pour courtois qu’ils sont, n’en sont pas moins sans concession.
Dans un marché de plus en plus concurrentiel, il est certain que ceux qui sauront modérer leur espace (privé ou public) avec le plus d’efficacité sont ceux qui seront les gagnants de demain. Plus la modération sera de qualité, plus les articles et les débats seront de bon niveau. Alors, ne laissez pas -ne laissons pas- envahir nos lieux d’expression préférés par des under trolls qu’il serait pourtant facile d’éradiquer.
Ces temps-ci, les éditeurs de sites, journaux, blogs, sont de plus en plus nombreux à réfléchir à la manière d’améliorer leur système de modération. Alors qu’ils hésitaient -au nom de l’internet libertaire et du droit à la parole- à modérer les contributions, certains inivitent désormais rédacteurs, lecteurs et posteurs à un débat sur cette question. Ce qui ne fait aucun doute désormais, c’est que les jours des under trolls sont comptés…
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(1) "Un troll est une action de nature à créer une polémique en provoquant les participants d’un espace de discussion (de type forum, newsgroup ou wiki) sur un réseau informatique, notamment Internet et Usenet. Le mot désigne également un utilisateur qui a recours à ce type d’action. Par métonymie, on parle de troll pour un message dont le caractère est susceptible de générer des polémiques ou est excessivement provocateur, sans chercher à être constructif, ou auquel on ne veut pas répondre et que l’on tente de discréditer en le nommant ainsi. Le mot « troll » peut également faire référence à un débat conflictuel dans sa globalité. Dans la majorité des cas, l’évaluation repose sur l’aspect récurrent ou caricatural de l’argumentation, les participants peuvent alors tout aussi bien être qualifiés de « trolls » que de « trolleurs ».". Source, Wikipédia.
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