Une blonde droite dans les traces de bottes de son père
par morice
lundi 30 janvier 2012
Pas nazie, ou néo-nazie, allons-donc, la blonde fille de son père ? Vous exagérez encore monsieur Morice ! Pour certains, dont je suis, ça reste en effet à démontrer qu'elle ne l'est pas, car ce week-end, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle s'est bel et bien comportée comme l'aurait fait son père, en allant avec force revendication assister à une manifestation unanimement décrite comme présentant des relents de nostalgie du nazisme. Car en fin de semaine dernière, la blonde n'était pas à peaufiner son programme économique qui tient sur une seule ligne, ni à apprendre à lire un texte qu'elle n'a pas écrit pour fustiger à la fois Hollande, Sarkozy, les écologistes et Mélenchon, de la même manière que son père s'attaquait à la "bande des quatre". Ce week-end, chez Marine, c'était plutôt du genre nazie-party, en effet, à Vienne, exactement. Madame était au bal. Ce qui pour certains va à l'encontre de ce qu'ils ont pu croire ces derniers temps. On nous a seriné depuis des mois que le FN, avec une fille à sa tête avait fait peau neuve. C'est faux, le même vieux fond de commerce est toujours là, et la tentation nazifiante toujours aussi proche. L'Alliance Européenne pour la Liberté (AEL) qu'a rencontré vendredi dernier Marine le Pen n'est en effet que la façade élégante de (jeunes) nostalgiques du Reich, une façade dont Heinz-Christian Stache, ancien rival politique de Jorg Haider, est le représentant le plus visible. Elle y a adhéré récemment, en octobre dernier, à l'AEL, en lieu et place de l'Alliance Européenne des Mouvements Nationaux (AEMN) qui a toujours comme président l'ancien rival à la tête du FN, Bruno Gollnisch : au FN, il y a toujours quelqu'un pour faire le contraire de l'autre et le vieil apparatchik évincé qui a toujours joué les Iznogoud pour un jour être "calife à la place du calife", déteste toujours autant la fille d'Haroun El Poussah. En fait, rien ne se perd, rien ne se crée au FN : même repeint de la couche de vernis plus attrayant d'une blonde, ce parti reste toujours les deux pieds ancrés dans la même peste brune.


La Marine était invitée vendredi dernier en Autriche, à un "bal", accompagnée de son compagnon (Louis Alliot pas trop Jobbykien, le bougre) et de son conseiller aux affaires européennes, Ludovic de Danne, nommé ce jour-là second chevalier servant. Vous allez me dire, judsue là rien de répréhensible, à part peut-être que la dame a déjà largement passé l'âge d'aller danser au bal des débutantes. La preuve, c'est qu'elle y est allée non pas chaperonnnée par son père, mais accompagné de son compagnon : la voilà donc émancipée, cette "jeune fille blanche européenne", pour reprendre le vocabulaire que son parti affectionne tant. Ce fameux bal est en effet fort particulier. C'est celui d'une sorte de confrérie estudiantine exclusivement masculine, portant petit chapeau rond reconnaissable de loin, un bal donné depuis plus d'un siècle pour célèbrer cette même conférie. Ce genre d'association, je vous en ai déjà parlé. Elle fait partie des corporations estudiantines de Vienne, les Burschenschaften , corporation secrète interdite aux juifs et aux femmes, (Bursch voulant dire jeune) une tradition qui a toujours alimenté les cadres du FPÖ, le parti autrichien voisin du FN, ne regroupant pas plus de 4 000 personnes au total, mais qui cultive une admiration pour les vieux mythes germaniques, ceux-là mêmes sur lesquels Hitler avait bâti son univers (et non sa tradition, étant lui-même le premier du genre). Comme le fait remarquer le journal Le Monde, l'appellation même de ses divers groupes estudiantins sonne étrangement comme des rappels flagrants de la période : "Aldania, Vandalia, Gothia, Silesia – cultivent une germanité mythique. L'une d'entre elles, Olympia, est considérée comme proche du néonazisme, mais a su conquérir des positions influentes : par exemple celle occupée par Martin Graf, troisième vice-président du Parlement autrichien, où il a reçu vendredi la délégation du FN".
Les post-hitlériens autrichiens ou français rejouent toujours les mêmes cas de figure : Haider décédé dans les circonstances que l'on connait (il est mort raide bourré dans un tonneau en pleine ville de sa puissante cylindrée), il fallait redresser la barre et l"image de marque du FPÖ. Celle d'un parti où la mort de son leader déliait soudainement les langues : homosexualité évidente, vie de nabab aux frais du parti et liaisons financières plus que troubles avec la dictature, notamment celle de Kadhafi. "Michael Jackson-Haider", comme le disait Strache. Redresser la barre, et en même temps conquérir d'autres esprits.... pour cela, les néo-nazis à la Strache, comme son invitée blonde venue marcher dans les traces des bottes laissées par son père, sont partis défricher de nouvelles terres de conquête, en particulier à un endroit où on ne les attendait pas : en Israël même. Nouvelle terre d'évangalisation nazie, ce qui est pour le moins inattendu, voir... répugnant. Mais ces gens-là osent tout, sont prêts à tout, on le sait ; pour conquérir les esprits et le pouvoir, même si parfois, placés devant leurs incroyables faits et gestes, on reste bouche bée.
Un député suédois juif, pourtant... comme peuvent l'être ceux de l'Union des Français Juifs, pro-LePeniste, un groupe nébuleux qui, sur le net, a "décidé de rester anonymes dans un premier temps." On finit très vite par trouver de qui ses "anonymes" sont proches : "la création d’une association baptisée Union des Français juifs devrait être annoncée dans les prochains jours. Elle est dirigée par un proche des réseaux de Riposte laïque, connue pour avoir organisé, en 2010, un « apéro saucisson-pinard » avec le mouvement d’extrême droite Bloc identitaire. Cette association, qui se voit en concurrente du Crif, va appeler à soutenir la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle. Le FN tient à préciser que cette future organisation est indépendante". Pire que cela, à lire leurs tracts incendiaires : "Ceux qui prétendent parler 'au nom des juifs' comme le CRIF, ou ceux qui n’existent que par les grasses subventions qu’ils touchent d’un Etat lâche et faible, comme l’UEJF, la Licra, la soi-disant 'Ligue des droits de l’homme', le MRAP, SOS Racisme, et toutes ces officines qui font régner la terreur 'antiraciste' et mémorielle, ne représentent qu’eux-mêmes" ; déclarent-ils sur le net, toujours du fond de leur anonymat.
D'un côté, des néo-nazis qui se retrouvent sous la voûte du musée de l'Holocauste, et de l'autre, sur le terrain, des sionistes affichant leur idendité néo-nazie, et entre deux Marine le Pen faisant le grand écart en allant chasser de nouveaux clients en Israël même : "Droites Extrêmes essaye d’expliquer que le maintien des liens entre le FN et ce parti (le Jobbik nettement antisémite) « brouillerait les nombreux appels du pied de Mme Le Pen et son entourage en direction de la communauté juive. » Enfin pas toute la communauté : chez Marine and Co seuls les proches de la pensée d'un Avigdor Lieberman représente les "bons juifs ". Car dans la stratégie de Marine le Pen, il existe bien un enjeu juif, soigneusement entretenu par Louis Alliot en personne, qui s'était rendu dans ce but en Israël les lundi 12 et mardi 13 décembre 2011, dans deux colonies tenues par des extrémistes juifs, celles de Shilo et Eli, situées en Cisjordanie. " Et cet article de renvoyer au compte-rendu de la visite de Louis Aliot en Israël, notamment dans deux colonies juives de Cisjordanie (illégales aux yeux de la communauté internationale), en compagnie de Michel Thooris, candidat soutenu par le FN dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. Ce dernier est très lié en France avec le groupuscule communautaire extrémiste Ligue de défense juive (LDJ) et « entretient des rapports avec le parti d’extrême droite Israel Beitenou » -12% des suffrages aux législatives de 2009, parti opposé aux pourparlers de paix, au démantélement des colonies et qui prône l’expulsion des Arabes israéliens vers les territoires palestiniens" nous dit le journal de Bruno Gollnisch. On est prêt à le croire, pour une fois, car ce lien entre les extrémistes de la LDJ et l'extrême droite est visible depuis très longtemps. Le même que celui qui unit les fascistes de l'EDL anglaise à des associations juives extrémistes. Et il y a de quoi sérieusement s'en inquiéter : Thooris est policier dans la vie, et s'occupe en même temps du service d'ordre du FN ! C'est un ancien conseiller personnel de Philippe de Villiers, et le secrétaire général du syndicat Action Police (il a été exclu de la CFTC pour soutien trop visible au Bétar et à la LDJ *).
Cela va loin, car dans le lot des contacts privilégiés de la Marine et de son compagnon en Israël, il y a aussi une... poupée Barbie. Enfin c'est comme ça qu'on la présente, vue son apparence extérieure. Une poupée Barbie (c'est l'expression même de Marine le Pen dans le numéro de Elle du 4 mars 2011), adepte du Krav Maga, qu'il ne vaut mieux ne pas trop titiller. Elle travaille pour "International Protection" dirigée par Assaf Rothschild, comme l'a révélé voici trois ans Rébecca Assoun dans Tribune Juive : « …société (International Protection) […] fondée il y a quelques mois avec des agents israéliens qui ont plus de quinze ans d’expérience. Après avoir servi dans les unités d’élite, ils ont été recrutés par les services secrets. International Protection revendique une démarche apolitique et indépendante du gouvernement israélien, même si le Ministère de la Défense accrédite le personnel. » Des agents israéliens, autrement dit des gens du Mossad, qui plaisent tant au policier Thooris : "Nous avons vu leur travail en Israël. Ils sont constamment confrontés aux menaces terroristes. On s’est dit naturellement que nous (le ministère de l’intérieur) devions collaborer avec eux pour acquérir les techniques qui nous manquent ". Une policière du Mossad dont le nom sera dévoilé par Rivarol le 15 juillet 2011 : "Marine rencontre chaque semaine Shana Aghion, une femme officier de l’armée israélienne, travaillant pour le compte d’une agence israélienne de sécurité accréditée par le ministère de la Défense israélien (donc, en clair, cette dame est un agent du Mossad). Pour prendre le thé, papoter, parler chiffons ?". Dans un site proche du FN, on verra la poupée Barbie présentée comme "artiste".... Marine LePen, selon se site "a sa proximité avec Shana Aghion, une artiste israélienne, chez qui elle rêve d’aller en vacances pour « visiter ce beau pays "... poupée armée, selon le journal d'extrême droite, ou simple artiste peintre façon Elle ???
Bref, Marine le Pen se soir-là n'a pas fait qu'aller faire un tour au bal. Elle a bien renoué avec les vieux fantasmes de son père et ses amitiés douteuses, auxquelles elle a ajouté une nouvelle dimension en les raccrochant aux extrêmes israéliens. Le père a bien entendu de minimiser la chose, à sa façon, avec un jeu de mots douteux dont il s'est fait le spécialiste : selon lui, l'évenement "retraçait le Vienne du XIXe siècle" et c'était plutôt "Strauss, sans Kahn", rajoutant une couche à un antisémitisme profondément ancré en lui, qu'il a de plus en plus de mal à contenir l'âge aidant. Sa fille, gênée, se contentant d'un communiqué plutôt inodore indiquant que tout le foin fait lors de cette escapade était orchestré par l'extrême gauche. Bien sûr. Elle ne possède pas encore la verve et la répartie de son père, mais agit exactement comme lui : à Vienne, elle a démontré avec brio qu'elle n'avait pas encore complètement quitté son giron, et que le FN, les deux pieds toujours englués dans la peste brune, était bien toujours resté le même, au fond.
(*) d'après Libération du 24 février 2007, c'est assez savoureux son départ :
A la CFTC, Philippe de Villiers ferait presque figure de diablotin. Le président du MPF y provoque des règlements de comptes. La confédération syndicale chrétienne a décidé, début février, de retirer leurs mandats aux responsables du syndicat Action Police affilié à la CFTC. « Pour la simple et bonne raison que leur comportement n'était pas acceptable au regard de l'indépendance syndicale. Ils s'exprimaient au nom de la CFTC sur des terrains et des sujets non syndicaux », souligne Jacques Voisin, secrétaire général de la CFTC.
Le dirigeant d'Action Police, Michel Thooris a effectivement été militant du Mouvement pour la France de Villiers de 1999 à 2005. Il conteste cette version des faits. Pour lui, la confédération aurait décidé de sanctionner la proximité d'Action Police avec de nombreuses organisations juives sionistes « parce que la CFTC se comporte comme une secte papale. Si on n'est pas catholique limite intégriste, on n'y a pas sa place », déclare Michel Thooris qui avec les instances de son organisation a décidé de porter plainte pour « comportement antisémite » contre le secrétaire général de la confédération chrétienne.
Action Police s'était rapproché de plusieurs associations de la communauté juive après les émeutes de novembre 2005 notamment et le meurtre d'Ilan Halimi, début 2006, considérées comme étant les seules à pouvoir faire barrage à la menace de « l'islamisation » de la France dénoncée par Villiers. « Jacques Voisin était parfaitement au courant de mon appartenance politique. Il avait même jugé que cela pouvait présenter un atout pour favoriser l'implantation du syndicat dans la police », précise Michel Thooris pour qui les choses ont commencé à se gâter « à partir du moment où Action Police a commencé à attaquer Sarkozy, soutenu par la CFTC ».
Réunis en assemblée générale le 9 février, les militants d'Action Police ont donc décidé de se désaffilier d'une CFTC qui ne voulait plus les conserver dans ses rangs. « Tout cela s'est fait de manière concomitante, explique Jacques Voisin. A partir du moment où nous avons entamé les procédures contre eux, ils ont anticipé en décidant de partir » .