Une ex…plication sur la poussée du Front national

par plume
vendredi 18 mars 2011

Les derniers sondages marquent probablement un tournant dans la perspective des prochaines élections présidentielles. La « poussée » du Front National est une réalité politique qui commence à s’imposer, par adhésion ou opposition ? Comme stratégie de réaction, les partis de droite comme de gauche la relativisent et l’expliquent en sortant de leurs tiroirs les vieux grimoires, ceux du passé de l’époque de l’ex Président du Front National, Jean-Marie Le Pen.
 
Mais, Marine Le Pen n’est pas la fille de son père politique, notamment, dans ses déclarations sur la Shoah qui ont encouragé la direction de Radio J à lui adresser un carton d’invitation pour s’exprimer sur les ondes de la station, avant que les dirigeants ne fassent marche arrière après de fortes pressions. « Tout le monde sait ce qui s’est passé dans les camps et dans quelles conditions. Ce qui s’y est passé est le summum de la barbarie. Et, croyez-moi, cette barbarie, je l’ai bien en mémoire ».
 
Dénoncer et bannir les déclarations de Marine Le Pen contre les prières des musulmans dans les rues, le financement des mosquées, la formation des Imams, la condamnation du débat sur la laïcité, après d’autres sur la citoyenneté et la politique d’immigration, le projet de toilettage de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat en proposant le financement des mosquées au titre de l’égalité des religions, sont autant de coups de canif dans le contrat républicain.
 
Les communes et l’Etat assurent la charge d’entretien des églises construites avant 1905, en qualité de propriétaire de ce patrimoine immobilier transféré par la nationalisation des lieux de culte. Les constructions intervenues après 1905 sont à la charge totale et entière de la communauté religieuse. En conséquence, le projet du Gouvernement est contraire à l’article 2 de la loi « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. »
 
L’article 2 est plus clair que le sont les explications de Nicolas Sarkozy et de l’UMP pour justifier le projet de financement des mosquées, au titre de l’égalité entre les religions, sous prétexte que le culte musulman n’était pas présent en France en 1905 !
 
La poussée du Front National est, selon le principe d’Archimède, la pression qui monte de la base, un « ras-le-bol » exprimé à l’égard de la politique de Nicolas Sarkozy sur les sujets d’immigration, de fiscalité, une remise en cause déguisée de la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat, la politique étrangère chaotique de la France au Maghreb et en Afrique, une poussée qui pourrait bien le propulser…vers la sortie.
 
Sur ces sujets et d’autres, Nicolas Sarkozy s’exprime de manière souvent sans nuance et hasardeuse avec des propositions qui politiquement l’obligent mais que concrètement il est difficile, voir impossible, de mettre en œuvre par défaut de concertation et d’une préparation sérieuse. De plus, les Français acceptent de moins en moins les coups d’état… d’âme d’un Président qui s’expriment sans la retenue verbale due à sa fonction présidentielle, la reléguant à celle d’un comédien de rue, réduisant la parole publique aux altercations… d’une cour des miracles !
 
Si Marine Le Pen a pris son envol vers le sommet des sondages, il faut peut-être y voir précisément la mise en cause de la parole publique de Nicolas Sarkozy. Entendre aussi le double langage, celui du réalisme contre celui de la démagogie qui condamne les récentes déclarations de Chantal Brunel sur l’immigration « remettre dans les bateaux les immigrés qui viendraient de la Méditerranée », des proposqui donnent une caution aux positions de Marine Le Pen sur ce sujet.
 
Depuis 1789, les Français vivent dans un état républicain de séparation des pouvoirs et, notamment, celui du pouvoir judiciaire confié aux juges.
Elu en 2007, le Président de la République se comporte en « monarque républicain » préférant confisquer la parole de ses ministres pour ne faire entendre qu’une seule voix, la sienne. En lançant une diatribe contre la justice dont il fait sa cible privilégiée, rabaissant la fonction de magistrat par des propos mettant en cause leurs décisions et l’indépendance de leur mission.
 
En revenant aux heures de l’ORTF par la nomination du Président de France Télévision. En invitant à la table du Conseil, des ministres adeptes du conflit d’intérêts qui utilisent le budget de l’Etat ou leur statut politique pour supporter des charges personnelles ou honorer des engagements privés.
Mais, la désaffection de Nicolas Sarkozy dans l’opinion publique n’est-elle pas l’ensemble de toutes ces raisons qui entraînent la perte de confiance dans l’homme de l’élection de 2007 ? L’ironie de l’élection de 2012 serait de provoquer une rupture, celle que prétendait incarner le candidat UMP en 2007 pour être élu, alors que les sondages, pour l’heure, le place sur un siège éjectable !

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