Une expression délétère parmi d’autres : « chef de l’État »

par citoyenrené
mercredi 25 août 2021

Cette expression est imprécise constitutionnellement, façonne les esprits, légitimise la Ve République dans ce quelle a de plus « démocratie minimale ».

Qui utilise cette expression ? Les commentateurs, dans les bistrots médiatiques, ces piliers de bistrot qui ont une expertise tranchée sur tout, qui tiennent le crachoir tant qu'ils complaisent, en tout cas, ne nuisent pas trop à leur employeur.

Ces commentateurs, ces « éditorialistes » (nouvelle fonction : être capable d'écrire 20 lignes, la taille d'un édito et savoir causer, l'air sérieux et inspiré..) ont un rôle de prescripteurs performatifs qui tiennent le crachoir, leurs employeurs tiennent et orientent les projecteurs sans même avoir à le dire.

« chef de l’État » approximation langagière, imprécision lexicale

Dans cela se love, est niché un sous-entendu diffus mais non dit :

le « peuple », tel un troupeau, nécessite un berger et le mépris des potentialités démocratiques, de délibérations collectives suinte de cette expression, entre mépris, crainte et défiance envers les citoyens.

cette expression perdure car, à mon avis, elle est dans un halo d'acceptabilité.

définition du Larousse de « chef » : 1-Personne qui commande, qui exerce une autorité, une influence déterminante et 2- Personne qui détient le pouvoir de décision dans un groupe ; leader.

 

Dans cette penaude Ve République, l'expression ne fait pas ou plus sursauter.

un pompon est atteint lorsque, sur une chaîne appartenant à un milliardaire, est 'interviewée' une enfant qui dit, sur un ton d'évidence : « un chef, c'est fait pour cheffer », voyez, même une gosse le dit.

un risque est qu'un vocable descriptif amène ou façonne, prépare les esprits à modifier la structure pour coller au mot utilisé.. ici, ça conforte le Ve République.

cette traînée de poudre mimétique (sur les plateaux télé) va peut-être disparaître, remplacée par d'autres éclipses lexicales. Sauf erreur, « chef de l'état » n'est pas employé dans les conversations courantes

 

le pouvoir Exécutif exécute ce qu'a décidé au préalable le pouvoir Législatif, pilier porteur dans une République 'saine' d'où la prédominance de revenir sur l'inversion du calendrier électoral..une constituante, pour une mise à jour, serait encore mieux..

 

La glorieuse CNDP (Commission Nationale du Débat Public) est l'acte, la réponse, le processus magnifique. À fortifier et à développer (saisine à faciliter et périmètre à étendre)

 

l'acceptation de cette expression « chef de l’État » réduit le processus démocratique à la portion congrue d'un lambeau de méthode collective de prise de décision : le choix quinquennal d'une personne qui a ensuite carte blanche et ouvre la voie à l’anesthésie du choix entre les options programmatiques pour la réduire, par une sorte de distraction attentionnelle, à un choix, un pari, sur la psychologie escomptée d'une seule personne.

 

il y aurait d'autres vocables néfastes à remettre d'aplomb : par exemple, « cadavre dépecé d'animal » à la place de « viande » et « mon épouse » à la place de « ma femme » qui contiennent intrinsèquement leurs lots d'immondices... ok, il n'aurait pas fallu conclure sur un mot négatif.. qui contiennent intrinsèquement leurs lots de conséquences pratiques.

Ah si, d'autres expressions aux effets hautement délétères : « Force de l'ordre » à la place de « gardiens de la paix », « migrant » à la place de « réfugié »

c'est inventer l'eau tiède qu'est cette tentative d'article, le lien de causalité entre réalité décrite et vocabulaire attenant est peut-être une danse perpétuelle, un questionnement du genre : la poule et l’œuf.

 

(La définition du mot « délétère » est intéressante, j'en avais une image plus sommaire, pour le Larousse : Qui corrompt l'esprit ; nuisible, corrupteur, néfaste)

 

un processus probable dans les évolutions sémantiques est la métaphore de la grenouille jetée dans une marmite d'eau chaude Vs une grenouille dans une marmite d'eau portée lentement à ébullition : la où l'une aura le réflexe probable de sauter, l'autre se laissera cuire...et bien, certaines expressions dans le langage font pareil.

 

Sachant qu'il n'y a pas de réponse certaine et indubitable, quel serait votre explication privilégiée de ce tic langagier « chef de l'état » ?

 

A – une facilité sémantique, un raccourci utilisé pour éviter les répétitions

B – une sorte de ticket d'entrée dans le sérail des commentateurs en utilisant une expression qui participe à façonner le réel et l'opinion

C – un panachage de raisons

D – autre :


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