Une fabuleuse sculpture en ivoire (suite), qui nous mène du temple de Salomon au temple d’Hérode et à la cathédrale de Chalon-sur-Saône

par Emile Mourey
vendredi 8 septembre 2017

Pas facile de remettre en question une Histoire quand on a contre soi toute la communauté dite scientifique. Et même, sur des points aussi absurdes que l'usage des étriers qui n'apparaîtrait en Gaule qu'au VI ème siècle, ce qui signifierait que les formidables cavaliers cuirassés de la bataille de Mursa n'en avaient pas. Vraiment, on se demande comment ils pouvaient combattre.

Je reprends mon histoire depuis le début. Wikipédia écrit : on ne connait pas de traces archéologiques de la ville de Chalon pour la période antique. Évidemment, puisque la ville évoquée par César se touvait alors sur les hauteurs voisines de Taisey, là où les archéologues se refusent à faire des fouilles de peur d'être obligés de remettre en question toutes leurs fausses théories beuvraysiennes. En toute logique militaire, c'est bien dans cette région favorable à tous points de vues que pouvait apparaître, en Gaule, une des premières concentrations humaines, autochtone, et coloniale. Quand, au VIème siècle avant JC, l'historien Hécatée de Millet évoque la ville de Nuerax, ville des Celtes au delà de Marseille, il s'agit de Taisey, là où se dresse les vestiges d'une tour très ancienne. Ces Celtes étaient des Chaldéens venus du Proche-Orient. Cette Nuerax, Nue-arx, la nouvelle forteresse, c'était donc Taisey. Et cette tour était, outre défensive, un symbole religieux qui a perduré quelque temps dans les mémoires. Diodore de Sicile y voyait une Alésia, métropole religieuse de la Celtique. Il dit très clairement qu'un grand nombre d'indigènes vinrent s'y établir, ajoutant que, comme ils étaient plus nombreux que les autres habitants, il arriva que toute la population adopta les moeurs des Barbares". Je ne vois pas les indigènes affluer vers un horst de Mont-Saint-Vincent, Bibracte, bis-arx, la deuxième forteresse, en pleine zone montagneuse, mais dans les terres fertiles de la région chalonnaise, oui ; et cela explique l'apparition, plus tard, de la nouvelle ville des bords de Saône, l'actuelle ville de Chalon-sur-Saône.

Vers l'an 88 avant J.C., 8000 juifs esséniens arrivent en Gaule. Flavius Josèphe évoque cette émigration. Il ne dit pas qu'ils vinrent en Gaule, mais dans quel meilleur ailleurs auraient-ils pu se rendre ? Les fresques de Gourdon, site proche de Bibracte, témoignent que les Éduens en ont acceuilli une partie. Le temple de Mozac témoigne que des Arvernes en ont également accueilli. Ou alors, il faudrait m'expliquer pourquoi la baleine de Jonas figure, cmme une signature, et dans les fresques de Gourdon, et dans un chapiteau de Mozac. 

Un bas-relief de Mont-Saint-Vincent sur fond de lettres Tau typiquement juives nous prouve leur présence, tout en nous révélant le conflit naissant entre croyants en un christ venu dans les évangiles et croyants en un messie espéré toujours en attente, dans le ciel. Un bas-relief qui prouve que la colonisation juive s'est étendue jusque dans la ville chalonnaise. Dès lors, rien d'étonnant à ce qu'après la chute de Jérusalem et la destruction du temple d'Hérode, ils aient décidé de reconstruire le temple de leur histoire, à Chalon même, tel qu'il figure, en maquette réduite, sur la carte de Peutinger : l'actuelle cathédrale de Chalon. Rien d'étonnant à ce que j'aie pu acheter, en salle des ventes de Chalon, une plaque de cheminée évoquant son projet de construction par un empereur Salonin représenté en Salomon (III ème siècle)... et à côté d'une tour de Taisey alors crénelée. Chapiteaux sculptés, plaque de cheminée remarquable, médaillons évoquant le site, tout cela évoque le moment exceptionnel d'éclosion d'un art chalonnais. Comment se fait-il que le musée de la ville n'en ait conservé aucun vestige, seulement un lion au gladiateur ?

Taisey était donc l'oppidum et le castrum des textes de César et de Strabon. En toute logique, c'est dans cette forteresse que le seigneur Litavicos avait son siège, et après lui, les seigneurs burgondes et francs juqu'aux comtes de Chalon.

Cela se passait aux temps où la Burgundie ètait dirgée par de puissants rois. Herrich en était l'un des plus éminents, réputé pour sa fermeté. Il avait une fille unique nommée Hildegonde... mais voilà qu'Attila tourne son coursier vers la Burgundie... les fleuves profonds que sont le Rhône et la Saône, il les franchit et toute (son armée) se répand pour piller comme un coin qui avance... Herrich siégeait alors à Cabillo (dans la pièce, à l'étage, de la tour de Taisey), et voici qu'un guetteur, observant au loin (depuis les créneaux de la tour), se mit à pousser de grands cris : "Alerte ! épais nuage de poussière à l'horizon ! C'est un ennemi qui arrive en force ! Qu'on ferme d'urgence toutes les portes !"... S'adressant à l'assemblée, et même aux Anciens, (après avoir rappelé l'exemple des Francs qui avaient négocié), le prince leur dit : ne vaut-il pas mieux rechercher la paix quitte à leur laisser un tribut. Ma fille unique, je n'hésite pas à la livrer pour le salut du pays...

 Les ambassadeurs s'avancent sans armes... Arioviste leur dit : que votre roi vienne saisir notre main droite pour rétablir la paix... Le prince sort apportant avec lui d'innombrables trésors... (Chant de Walter, traduction E. Mourey).

Bis repetita : Comment se fait-il que le musée de la ville n'ait conservé aucun vestige de ce III ème siècle qui fut, manifestement, une grande période artistique qui vit se construire la cathédrale de Chalon ? La réponse, je viens de la donner. Un siècle après la construction de la cathédrale, un siècle après cette période de grand art, Attila est venu et il a tout ramassé. Cela fait plus de 30 ans que je recherche les oeuvres d'art qu'Attila nous a volées...

Cela me ramène à mon article précédent concernant la plaque en ivoire sculptée du musée national de Bavière à Munich. Il y est dit que c'est un comte Palatin, grand amateur d'objets d'art, qui aurait commandé à Antonius Léoni un Saint Paul tombant de cheval comme le relatent les Actes des Apôtres. Cela signifie qu'Antonius Léoni a remis à son commanditaire une sculpture qu'il lui a dit représenter saint Paul désarçonné sur le chemin de Damas. Or, cette sculpture représente, à l'évidence, la prise de Jérusalem par Titus. J'en déduis, en toute logique, qu'Antonius Léoni a vendu au comte palatin une ancienne sculpture dont il n'a pas compris la véritable signification et au bas de laquelle il a inscrit son nom.

Or, cette sculpture sur ivoire est de la même facture que deux autres sculptures sur ivoire vendues en salle des ventes et dans lesquelles j'ai reconnu le palais romain de la Vigne-aux-saules, au pied de la butte de Taisey, à l'entrée de la ville. Ces deux sculptures évoquant deux événements importants de notre histoire locale sont facilement datables, le premier ci-dessous, au temps de l'empereur Aurélien, en 274, le second, au temps de Maximien, en 286, donc. avant le raid d'Attila que je date vers l'an 441, avant sa célèbre défaite de 451 aux champs catalauniques. Quant au troisième, celui du musée de Munich, celui au bas duquel Antonius Léoni a inscrit son nom, je le date de la même époque et peut-être du même artiste. Je m'explique...

Même grande qualité de sculpture, même recherche de la complexité. Mêmes grands drapeaux blancs déployés, mêmes casques probablement enjolivés, cuirasses de cuir moulé peut-être, curieuses lanières pendant en jupes, mêmes lances, mêmes hallebardes (dans l'ivoire de Munich, elle est à terre, en bas). 

De toute évidence, l'ivoire sculpté attribué à Antonios Léoni est une copie du deuxième ivoire ci-dessus... ... une copie qui est loin d'égaler l'original que j'attribue au sculpteur de Chalon. Mais cela signifie que ce Léoni a eu en mains le dit original... mais aussi l'ivoire de Munich en bas duquel il a mis son nom. Nous sommes donc bien en présence d'un groupe de trois oeuvres d'art des environs du IIIème siècle qui n'ont pu quitter Chalon qu'ensemble dans un vol ou dans un tribut, celui que le roi burgonde Herrich a remis à Attila.

Maintenant, si nous raisonnons, en plus, à partir de notre plaque de cheminée montrant le projet de construction de notre cathédrale, donc de la même époque, remarquons que l'équipement des deux légionnaires est très poroche. Constatons par ailleurs que le temple d'Hérode de l'un et le projet de construction de l'autre sont représentés d'une façon semblable, quoique inversée, ce qui signifie bien qu'il s'agit d'une reconstruction, à Chalon, du temple d'Hérode. La haute ouverture de la façade qu'évoque Flavius Josèphe est bien là, un peu décalée pour être visible en entier, et même dans une brêche ouverte dans la muraille pour être encore plus visible. Le grand oculus n'a pas été oublié. La toiture est identique. Non ! il n'y a pas de clocher dans le projet chalonnais ; les tours qui sont derrière sont celles de Jérusalem que l'on ne peut deviner que dans le lointain. À droite, la tour de Taisey. Son entrée voûtée volontairement agrandie. La haute fenêtre de son étage où siégeait le conseil de Chalon. En haut, le poste de guet d'où le guetteur a vu arriver les troupes d'Attila. 

E. Mourey, 7 septembre 2017

 


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