Une forme d’autisme

par CHALOT
mercredi 3 avril 2024

 

A l'occasion de la journée sur l'autisme, ci-dessous un petit texte qui me plaît beaucoup. L'auteur que je connais bien m'a demandé de le publier, ce que je fais !

 

""Je vis dans une tour d’ivoire, mais vous ne pouvez pas la voir. Vous vous méfiez de moi, parce que je ne vous regarde pas dans les yeux. Je vous agace, car si je suis lancé dans un sujet qui me passionne ou tout simplement qui m’enflamme, je suis capable d'effectuer un long monologue qui n’aura pas chez vous le même effet et pourtant, je vous assure que c’était passionnant….de mon point de vue ".

 

Si j’essaie de vous comprendre, c’est long et difficile. Petit, on me disait qu’il suffisait simplement d’observer les autres pour savoir comment me comporter et de quoi parler… et malheureusement, cela ne m’a jamais suffi. La vie sociale a été le processus d’un long apprentissage que je poursuis chaque jour. Ma famille et mes amis sont mes guides, pour peu qu’ils aient compris qu’ils m'accompagnent avec bienveillance. J'ai aussi besoin de livres, de films et d'expérience qui me servent de mode d'emploi. Et pour progresser, je progresse, mais malgré mes efforts, je resterai toujours étranger parmi vous. Je suis particulièrement mauvais en communication non verbale.

Le matin, je suis en forme, mais le soir, je tombe d’épuisement. Je ne suis pourtant pas travailleur de force, ni en manque de sommeil, et je ne suis pas atteint de maladie incurable…mais je suis crevé. Trop d’interactions sociales m’épuise car je dois me concentrer sans arrêt. Quand je sens que je sature, il me faut vite retrouver ma tour d'Ivoire et je culpabilise de laisser mes proches en plan. Je rêve de passer plus de temps auprès d'eux, mais si je suis épuisé, j'en suis physiquement incapable.

Je fuis les contacts physiques, sauf ceux des gens qui me sont très proches, cela me met particulièrement mal à l'aise... alors je ne vous raconte même pas la souffrance qu'engendre chez moi la promiscuité dans les transports en commun et les lieux publics.

On me dit fou, car je ne sais pas toujours me comporter en société, même si à force de persevérance je me suis amélioré avec le temps, il m’arrive parfois de me lâcher quand je suis trop fatigué ou trop submergé par mes émotions. J’ai alors des tics que vous trouvez bizzares, même si personnellement, je préfère cela à la violence verbale ou physique. Bref, c’est ainsi que je me canalise.

On me dit clochard, car les codes vestimentaires sont aussi difficiles à suivre que les codes sociaux. Et en plus, je ne renouvelle pas facilement ma garde-robe, car le changement me fait peur et j'ai besoin d’être à l’aise dans ce que je porte.

J’ai plein de passions ou pas assez, mais si quelque chose ou quelqu’un me fait vibrer, je le vis, même si pour cela je dois franchir les frontières de ma culture ou de ma génération. Je me retrouve donc dans des endroits improbables, mais rarement là où la société considère que c'est ma place.

J'ai besoin de petits rituels pour bien ponctuer les étapes de ma journée et il m'est parfois difficile de changer de chemin. Planifier un appel, une sortie ou une démarche inhabituelle est parfois un défi, et ce n'est certes pas par manque de volonté.

Je ne vole pas, je ne mens pas, je ne trompe pas et je suis toujours ponctuel car je suis droit, non parce que je suis meilleur que les autres, mais parce que je ne transige jamais avec une loi que j'ai intériorisée, ça fait partie de ma routine.

Enfin, mes passions me permettent souvent d'avoir une vie extraordinaire, pleine de grandes expériences et de belles réalisations.

Il y a peu de temps que j'ai réussi à mettre un nom sur ce qui fut longtemps un malaise. Aujourd'hui, je sais que j'ai juste un profil particulier avec ses forces et ses faiblesses. "

 

ACK


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