Une liste « Gilets Jaunes » ? Quelle bêtise !
par Pierre JC Allard
mercredi 30 janvier 2019
Il est parfois des circonstances trop graves pour qu’on perde son temps à polir des phrases élégantes et à faire des ronds-de-jambes. La situation actuelle semble bien être de celle-là et je vais donc dire tout de go ce que j’ai à dire...
La situation actuelle, c’est que la société française, sans qu’on l’ait vraiment prévu, s’est brusquement retrouvée sous le drapeau jaune de la quarantaine, frappée d’une maladie foudroyante, très contagieuse et peut-être mortelle. Quelle maladie ? Une perte de confiance GÉNÉRALISÉE en sa classe politiques, tous partis et tous leaders confondus.
Réfléchissez. Y a-t-il aujourd’hui, en France, une seule personnalité politique dont l’accession à la Présidence, si on en faisait l’objet d’un référendum, ne serait pas rejetée par une large majorité de la population ? Ni le Maréchal en ‘’40, ni de Gaulle en ‘’45, ni l’Abbé Pierre, ni plus personne n’ont connu ce rejet. On ne peut plus désormais faire élire qui que ce sur ce qu"il est, seulement en l’opposant, seul dans un duel pervers, à un adversaire encore plus impopulaire que lui ! Est-ce bien ainsi qu’on veut que soit déterminé le sort d’une nation ?
Et ce qui est vrai des politiciens l’est aussi des politiques elles-mêmes… Le plus racoleur maintenent est toujours le moindre mal… C’est pour ça qu’il ne faut sous aucun prétexte, en ce moment, soumettre au verdict populaire un programme « Gilets Jaunes » de mesures POSITIVES : aucun ne pourrait aujourd’hui faire consensus sur les priorités d’une politique globale cohérente ! On a donné sciemment au peuple tant de sujets de récriminations cruciaux, que la zizanie qui opposerait les uns aux autres suffirait aujourd'hui à ce que RIEN ne puisse être décidé ni accompli.
Rien de nouveau à ce que la zizanie soit l’arme favorite de ceux qui veulent exploiter les plus pauvres et les plus faibles en misant sur l'inaction ; mais son efficacité est désormais PARFAITE, car, au contrôle de l’opinion publique par les médias traditionnels, s’est ajouté désormais celui de la presse citoyenne sur Internet… qu’il est ecore bien plus facile de manipuler…
Y a-t-il une marche à suivre qui permettrait que les solutions des « Gilets Jaunes » que le peuple souhaiterait voir s’appliquer rapidement le soient ? OUI. Mais n’y en a qu’une et elle est contre-intuitive, car il faudrait que toutes les mesures concrètes positives soient soigneusement mises en réserve pour l’instant. Pourquoi ? Parce que elles sont toutes en grande partie contradictoires et, à court terme - l’horizon des élections européennes, par exemple - on ne réussira pas à les concilier.
Des décisions POSITIVES ne pourront faire consensus car se font obstacle les unes aux autres. Celles qui le pourront sont celles, NEGATIVES, qui imposeront un veto immédiat à des mesures étatiques jugées inacceptable.
Ce que l'on va surtout entendre dire la France, c'est NON. Non à des taxes, à des hausses, à de nouvelles contraintes. Mais il ne sera pas facile de se repartir l'autorité non plus... ... On ne convaincra pas, par exemple, les supporters de Macron, ceux de Mélenchon et ceux de Le Pen de voter tous pour l’un ou l’autre de ces trois là… mais ils peuvent être convaincus de ne voter pour aucun d’entre eux. Ils le feront avec un grand plaisir, s’ils comprennent que l’arrivée de nouveaux leaders tient largement au rejet des anciens….
Un scénario curieux devient alors possible. Supposons que des individus s’identifiant comme mécontents se présentent aux élections européennes, non pas comme membres d’une « Liste de Gilets Jaunes » - car qui peut honnêtement prétendre représenter la pensée multiforme de ce mouvement ? - mais comme INDÉPENDANTS, chacun constituant en fait selon les règles de l’UE une liste à lui seul.
Evidemment, en invitant à se présenter une foule d’individus qui se seront dits « sympathiques à la « pensée des Gilets Jaunes » on fragmente les soutiens dont celle-ci peut jouir et seuls ceux qui auront obtenu d’une certaine notoriété auront une chance d’être élus.
Bon, et alors, quelle importance ? Le pouvoir d’un élu au parlement européen est dérisoire. Ce qui ne l’est pas, c’est la crédibilité énorme qu’auront acquise les quelques Gilets Jaunes qui auront pu l’être et, SURTOUT, LA DÉCHÉANCE IRRÉMEDIABLE des partis traditionnels qui n’auront pas pu faire élire leurs candidats. … Plus décevant encore, pour la structure politique actuelle, si des candidats indépendants obtiennent des résultats supérieurs à ceux de candidats de ces vieux partis traditionnels.
Il y aura des surprises et même le moins plausible ne sera pas impossible. Que faudrait-il en conclure, par exemple, si la somme de tous les votes pour tous les candidats indépendants dépassait celle de tous les grands partis traditionnels ?
N’y aurait-il pas alors de grandes remises en question à faire ?
Pierre JC Allard