Une mythologie féministe

par hommelibre
samedi 22 juin 2013

Examinons quelques aspects de la mythologie de la soumission. La maison, ancien royaume de la famille sur lequel la femme avait le pouvoir, est devenue un lieu d’abjection et d’aliénation. Alors que dans l’Histoire et dans la représentation symbolique elle est le lieu d’émergence de la famille, du couple, de la personnalité, de l’individu, du soin, et un haut lieu de civilisation, elle serait devenue une prison comme par magie. On imagine la pauvre femme nettoyant à genoux la cuisine familiale. Et l’on passe sous silence le paysan qui pataugeait dans le purin des vaches et dans la boue.

Mythologie de la soumission féminine

Le salut, l’émancipation, passait par le rejet de la maison et l’occupation de l’extérieur politique, culturel et économique. La stratégie de dénigrement de la maison nécessaire à cet objectif a fonctionné pour diverses raisons. L’une d’elles est l’énoncé du Code Napoléon qui assujettissait les femmes mariées à leur mari. Les femmes ne pouvaient pas ouvrir de compte en banque, toucher leur salaire, travailler, sans l’accord du mari. Cela a généré l’image de la femme soumise et n’ayant pas de liberté individuelle ou civique alors que le mari gagnait un salaire et votait. On laisse de côté bien sûr le fait que les hommes ne disposent du droit de vote que depuis peu eux aussi, cet oubli laissant penser qu’ils l’ont depuis toujours et que la soumission-victimisation des femmes est immémoriale. On laisse aussi de côté les innombrables femmes qui ont travaillé à la ferme avec leur conjoint, au commerce, qui ont fait tourner le monde pendant les guerres. Des femmes non soumises, pas enfermées dans leur cuisine, qui souvent tenaient la bourse, fortes et responsables, sans lesquelles le monde aurait été boiteux.

L’image de la femme soumise, taiseuse, cloîtrée dans sa cuisine, s’est répandue comme un virus d’abord dans la bourgeoisie, puis dans la population féminine qui, à force de matraquage, s’est en partie mise à croire à ces thèses. Mais si le non-droit de vote concernait l’ensemble des femmes, l’autorisation maritale de travailler n’a touché qu’une faible proportion de femmes de la bourgeoisie. Les femmes du peuple travaillaient, participaient à l’exploitation agricole et tenaient boutique. Elles ont aussi été engagées aux travaux durs des charbonnages au XIXe siècle avant d’être affectées au tri du charbon et à l’entretien des lampes.

Une exposition se tient jusqu’au 31 août à Petite-Rosselle en Lorraine sur le thème : « Femmes de mineurs, à la mine dans le bassin houiller lorrain ».




Trouver un oppresseur

Les ouvriers de l’époque avaient un maître : la bourgeoisie commerçante qui s’était lancée dans l’industrie naissante, passant de la manufacture à l’usine. Il n’y avait pas de loi sur le travail, pas de congés payés, pas d’assurances sociales, pas de Prud’hommes et une considération absente des chefs d’entreprise à l’égard des travailleurs - d’où la suspicion qui perdure à l’égard du patronat. Pendant une période, même les enfants de 8 ans travaillaient à la mine.

Etrangement on retrouve le langage ouvrier dans le féminisme : « luttes d’émancipation des femmes ». Les féministes n’ayant pas d’adversaire direct comme les ouvriers, elles en ont créé un de toutes pièces. Ici l’oppresseur est universellement considéré comme l’homme, en lui-même ou au travers des structures de la société. Des féministes américaines ont même affirmé que la maison est le lieu le plus dangereux pour les femmes. La violence domestique est une des armes pour imposer le mythe de la femme écrasée qui se bat pour être libre de l’oppresseur masculin. Des statistiques absurdes ont circulé il y a quelques années - et sont encore relayées aujourd’hui - selon lesquelles la violence conjugale serait la première cause de mortalité féminine, avant les cancers, accidents et infarctus ! L’explication de ce délire serait une domination masculine universelle (autre pièce de la mythologie). Domination masculine ? Il n’y a qu’à voir les gueules noires des mineurs, dont beaucoup sont morts sous terre pour nourrir leur famille, pour, à n’en pas douter, se trouver en face d’un être essentiellement violent, dominant, prédateur... Pour matraquer cette version du mythe, les statistiques ont été reprises et véhiculées par des instances politiques officielles sous la double influence de lobbys et de la culpabilité masculine savamment entretenue.

« Strasbourg, 24.11.2009 – « La violence domestique est la première cause de mortalité chez les femmes âgées de 19 à 44 ans dans le monde, devant la guerre, le cancer et les accidents de la route », a déclaré Sandra Barnes (Royaume-Uni, PPE/DC), Rapporteur du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe sur la violence à l'égard des femmes, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25 novembre. »

Il s’agit bien du Conseil de l’Europe. Evidemment, parler du monde dans son ensemble laisse de vastes zones d’ombres où les chiffres ne peuvent qu’être extrapolés ou manipulés, ou sont simplement inconnus. Il n’y a aucun moyen sûr de vérifier le nombre de victimes de violence conjugale dans des pays moins organisés que des pays occidentaux, et même dans ceux-ci les chiffres sont d’une variabilité qui touche à l’aléatoire. Les seuls chiffres sûrs sont les procès avec condamnation, ce qui réduit singulièrement le nombre d’agressions.

Parlons donc de l’Europe. Le site planetoscope.com reproduit différents indicateurs et l’on voit alors ce qu’il y a de déraisonnable dans cette propagande. Les victimes de meurtres conjugaux sont, pour 2010 en France, 146 femmes et 25 hommes. Soit pour les femmes 0,027% de tous les décès.

En même temps, sur environ 550’000 décès qui surviennent chaque année, 20’000 sont dus aux accidents domestiques, plus de 3’500 par accident de la route, et environ 160’000 par cancer. Le cancer est à lui seul la cause d’environ 30% des décès. On appréciera le sérieux du Conseil de l’Europe.

Mais l’important n’est pas la vérité : l’important est la mythologie. La femme en victime sacrificielle, émergeant des âges d’obscurité grâce aux luttes féministes, cela a plus d’effet pour la comptabilité des associations féministes que la femme solide. On donne toujours à la victime - fut-elle une caricature du réel. La course aux subventions d'Etat a besoin de victimes.

Le féminisme a certainement contribué à assouplir les conventions sociales, dans la ligne des auteurs et penseurs contestataires antérieurs et des hommes, nombreux, qui ont toujours soutenu les femmes. Mais aujourd’hui il montre en direct, sous nos yeux, comment on fabrique un mythe. L’important du mythe n’est pas la vérité, c’est sa fonctionnalité : mettre en scène ce que l’on veut montrer de l’humain et de son rapport au monde. Pour la vérité, il faudra repasser.

Et pour sortir des chiffres, j'aime me rappeler que les relations hommes-femmes ne sont pas qu'une comptabilité où la guerre est sous-jacente. Elles sont aussi joyeuses, douces, aimables :


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