Une nouvelle laïcité positive

par Stéphane ARLEN
samedi 16 janvier 2010

Dans un discours prononcé le 11 janvier devant le « corps diplomatique accrédité auprès du Vatican », le Pape, entre autres inepties habituelles, a estimé « urgent de définir une laïcité positive, ouverte, qui, fondée sur une juste autonomie de l’ordre temporel et de l’ordre spirituel, favorise une saine collaboration » (source : Le Monde).

Nous, défenseurs de la laïcité-sans-épithète, cette laïcité qui signifie simplement 1) stricte séparation de tout ce qui relève de l’État de tout ce qui est d’ordre religieux ; 2) non-immixtion des considérations religioso-dogmatiques dans les orientations politiques ; 3) soumission des religions aux lois de la République ; nous, donc, nous croyions naïvement que la laïcité positive (ou ouverte, ou moderne, ou tout ce qui montre que la laïcité normale est très méchante) était l’ultime avatar de la lutte que mènent les lobbies religieux et notre Président contre l’émancipation des esprits, contre la connaissance et la liberté.

Mais non, le Pape réclame dorénavant non plus seulement une reconnaissance des religions (l’Islam tant haï devient utile pour cela) et de l’argent frais (soit en subventions directes de toute sorte, soit pour l’enseignement privé catholique ou à travers les déductions d’impôts pour don à l’Église), mais il souhaite en plus que la religion ait un véritable statut d’autonomie au sein de la République, avec laquelle elle entretiendrait une simple collaboration ! Rien que ça !!

Pour qui se prend ce type qui croit pouvoir mettre sur le même plan une organisation ayant depuis deux mille ans montré ses tares (crimes, soutien à toutes les dictatures, Inquisition, lutte contre le préservatif et le droit à disposer de son corps, et tant d’autres horreurs), et une République issue d’une volonté citoyenne de vivre ensemble, de s’émanciper, de progresser, fondée sur des valeurs de justice, d’égalité, de solidarité ? Comment peut-il réclamer un seul instant que la France fasse à l’Église catholique ou à toute autre entité religioso-sectaire une place en son sein aussi importante que les institutions élues ? Comment ose-t-il affirmer qu’un délire mystique manipulateur, totalitaire et créationniste (même organisé, même ayant de nombreux adeptes) doit pouvoir bénéficier d’un droit de quasi-égalité avec un État démocratique dont un des rôles essentiels est la transmission d’un savoir aux générations futures, notamment par la recherche scientifique et la liberté d’expression ?

Le Pape est un brave type, le petit vieux un peu con dont on rit quand on entend ses idioties au bar du coin. Le seul problème, c’est que malgré le recul mondial de l’influence de l’Église catholique, beaucoup de dirigeants français ou européens veulent donner un vrai poids à ce qui n’est que logorrhée réactionnaire.

Alors nous, laïques, devons encore et encore dire ceci : la laïcité doit s’appliquer strictement, sinon la France connaîtra tôt ou tard des conflits internes dus à des communautarismes de plus en plus revendicateurs qui auront grandi sur les lambeaux d’une République sur laquelle ils rêvent tous de planter leur drapeau noir.

Stéphane ARLEN 
 

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