Une présidence normale… Des années 60 !...

par Daniel MARTIN
vendredi 16 novembre 2012

Est-ce dû à sa formation ‘’d’économiste’’ par HEC que notre Président déclame » sans cesse ‘’Croissance, Croissance’’ ?… Il est d’ailleurs dans la continuité de son prédécesseur qui voulait aller la chercher ‘’ avec les dents’’… Ou alors, est-il conscient que la croissance est désormais impossible et il nous prend pour des ‘’gogols’…Ce qui serait inélégant et incompatible avec un discours de vérité auquel il dit y être particulièrement attaché…


C’est comme pour la Croissance…

Pendant ce temps, lentement mais sûrement nous nous acheminons vers un effondrement de nos sociétés de consommation occidentales, pour les pays dits émergeants ce sera pour plus tard, mais eux non plus n’y échapperont pas… Ceci est lié aux déplétions inévitables des stocks de matières premières et d'énergie, ainsi qu’à l’explosion de la bombe Démographique.

 

Plutôt que de se laisser bercer par l’illusion d’une croissance qu’il serait possible de retrouver et laisser croire que chacun pourrait à nouveau aspirer au pouvoir d’achat, à la société des loisirs et des voyages pas cher, de l’énergie à bas prix grâce à la science et aux gaz se schiste, aux logements individuels pour le plus grand nombre et à la bagnole sans limite, notamment, par le recours à la voiture électrique qui ‘’sauvera la France’’ dixit Arnaud MONTEBOURG… Il faut se rendre à l’évidence, la vérité est que ce n’est pas possible et cela ne sera plus possible. Non pas à cause de telle ou telle catégorie de la population, mais de la finitude des énergies fossiles et des limites physiques de la planète, ce que chacun peut comprendre.

 

Cette année encore depuis le 22 Août nous vivons à crédit, une fois de plus en quelques mois, nous avons largement dépassé le niveau des ressources naturelles que peut générer la Terre en un an. Comme les découverts écologiques se sont ajoutés d’une année sur l’autre (comme les déficits publics se cumulent dans la dette), la dilapidation du capital naturel commence de plus en plus tôt. Nous vivons depuis trop longtemps écologiquement « à découvert » et il n’y aura pas une autre planète à laquelle on pourra faire appel pour ‘’recapitaliser’’ les ressources naturelle de notre bonne vieille terre nourricière.

Par ailleurs, ce n’est pas en stigmatisant des boucs émissaires, l’Europe, les étrangers, la classe politique, tel que peuvent le faire les extrêmes droites, notamment le FN en France, dont il faut bien reconnaître qu’au moins un tiers des Français souscrivent à ses thèses, en oubliant de l'histoire récente du XX°siècle et les désastres sanglants qu’ont pu faire ces idéologies, qui inversera la courbe de la fin de l’ère de la croissance.

 

Nous ne sommes plus dans les années 50/60. Cette période qui, par ailleurs, vit au prix parfois de conflits violents, la fin des derniers empires coloniaux. Un temps où tout semblait encore possible et tout dans la nature pouvait apparaître comme un Bien gratuit et éternel…Même dans le cadre de crises économiques conjoncturelles de type financières, une Présidence normale à la ‘’HOLLANDAISE’’ d’aujourd’hui pouvait grâce à sa bible de la croissance y trouver des solutions pour les résoudre, ce qui n’est plus le cas. Aujourd’hui où il faut comprendre et accepter le caractère inéluctable de la décroissance qui doit déboucher sur la sobriété et la résilience choisie, sinon elle s’imposera par la force avec à la clé, des conflits violents sans fin pour les ressources, les uns pour se les accaparer, les autres pour les protéger y compris en recherchant des alliés plus forts…

 

Sachant que la notion de partage et d’acceptation par nos sociétés de consommation sur -gavées d’une baisse de cette consommation et des gaspillages (des tonnes d’aliments jetés chaque jour), qui serait dans tous les cas indispensable pour réussir une transition de la décroissance, risque de souffrir d’un sérieux déficit dès lors que la taille du gâteau diminue et que la part des convives croît démesurément. Attention, concernant La résilience prônée par la doctrine des “villes en transition”, notamment le succès de la formule “Hopkins” en Angleterre libérale en atteste : tant que la pénurie n’est pas là, ça peut fonctionner. Mais quand elle sera là, comment pourra t-on éviter un “chacun pour soi” hautement belligène ?...

 

Imaginons, par ailleurs, que l’on partage entre des plus démunis les bénéfices réalisés par les 100 plus grosses fortunes mondiales du CAC 40 en un an. Ils ne vont pas le mettre en banque ou spéculer en Bourse, mais consommer, acheter des biens, donc dépenser de l'énergie, des ressources etc. La masse monétaire restera globalement la même, mais l'impact sur la planète sera bien plus important. En d'autres termes, le partage et une répartition plus sociale et solidaire de l'argent ne conduit pas nécessairement à la décroissance des flux physiques. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il ne faut pas rechercher une meilleure répartition et surtout utilisation de l’argent.

Bien que la valeur de l’argent thésaurisé par les plus riches soit en grande partie virtuelle, non réalisée, il y a quand même un déferlement parfois choquant de l’industrie du luxe, yachts, palaces, bijoux, oeuvres d’art, golfs, jets privés, etc. qui grève les ressources et l’énergie. Au train actuel, la totalité de l'immobilier, des usines, des journaux, des terres arables, des équipes de foot, des trains, des télés, etc. n’appartiendra bientôt qu’à une poignée de possédants qui en profitera pour engranger encore davantage et exercera ainsi une pression de plus en plus forte sur la planète, tout en asseyant sa domination idéologique sur le monde. Il faut certes ne pas laisser faire, malgré cela, on ne pourrait amputer durablement au profit de ces plus nantis leur gâteau de la production de biens et services pour une répartition plus équitable, car il n’est pas extensible et le sera de moins en moins.

Ne nous berçons pas d’illusion, la transition de la croissance vers la décroissance ne peut être ni facile ni douce. Il ne peut y avoir qu’une succession de faux départs. Il y aura toujours une résistance féroce au changement… n’avons-nous pas tendance à nous accrocher à ce qui nous est familier et confortable, à ce que nous connaissons, même quand le paradigme dominant et la culture populaire nous nuisent.

Monsieur HOLLANDE votre Présidence normale ne peut plus faire l’impasse sur le fait que nous ne sommes plus dans les années 60. En 2012 nous sommes entrés dans l’ère post-croissance, il n’y a désormais plus de croissance possible, ni positive, ni sélective, ni verte. S’il est indispensable de ‘’ Démonétariser’’ l’économie, d’améliorer la démocratie en conjuguant plus harmonieusement démocratie directe et démocratie représentative, d’avoir une autre approche de la culture du partage, c’est la Décroissance démographique et économique équitablement choisie qui est désormais la seule voie à emprunter si l’on veut éviter le chaos et éviter à ce que ce millénaire ne dure pas moins d’un siècle…

 


Lire l'article complet, et les commentaires