Une rupture tranquille mitigée...

par Barilla
mercredi 23 mai 2007

Les candidats se sont tous retrouvés sur un point : 2007 incarnera le changement. Malgré ce que j’en dis, démocratie oblige, c’est la “rupture tranquille” qui a pris le dessus sur les autres. Pourquoi pas...

Dès le lendemain des élections, je mets donc mon amertume de côté et choisi le parti d’attendre. Après tout, je n’ai absolument rien contre le changement, bien au contraire, et M Sarkozy nous en a promis.

Et du changement, on en a déjà. Le “pack ministériel”, taillé dans le brut, me laisse pourtant une impression assez mitigée.

D’abord, M Alain Juppé, Ministre d’état, de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable. Ce poste, fraîchement créé pour l’occasion, revient à celui que beaucoup considèrent comme le plus Chiraquien des Chiraquiens, le “meilleur d’entre nous”. Notons que le dernier passage de M Juppé au gouvernement a démontré au moins une chose : sa capacité à rassembler... contre lui. Le nommer “ministre d’état” appuie d’autant plus sur le soutien de Sarkozy que cette fonction n’est, constitutionnellement, pas différente de celles des autres ministres.

Ce n’est donc pas là qu’on trouvera le “Gaullisme modernisé”.

Je passe en vitesse sur l’habituel retour des amis de toujours, cette fois-ci : Roselyne Bachelot, Michèle Alliot-Marie, Jean Louis Borloo ou encore Christine Boutin. Cette amnistie, dans la plus pure tradition républicaine, a au moins le mérite de prouver que M le Président n’est pas rancunier, mais pas celui d’inspirer la rupture.

Le ministère de la Jeunesse et des Sports hérite quant à lui de la Santé. Deux domaines très liée (?) qui se partageront, si ce n’est une enveloppe budgétaire, les ressources d’un seul. Ce très louable objectifs d’économie me fait un peu peur. L’habitude de voir ces deux ministères partagés me fait penser que la cohabitation ne sera pas facile, alors qu’en même temps il y’a ,au moins pour le ministère de la santé, de lourdes réformes à venir.

Et puis viens le tour du gouvernement d’ouverture :

Juste récompense d’un changement de bord soudain, Eric Besson remporte un poste de secrétaire d’état à la prospective et évaluation des politiques publiques. Elu dans la Drôme au moment de la vague PS qui a amené M Jospin à Matignon, il a laissé dans ses traces un argumentaire contre Sarkozy assez virulent dont voilà un extrait :

"L’homme ne manque ni d’idées, ni de force de conviction, ni de capacité de séduction. Son énergie, son culot, son aplomb, son ambition, sa soif inextinguible de reconnaissance sociale et de pouvoir, sa résistance à l’adversité sont légendaires. Son supposé "parler vrai", son sens de la formule, son insolence étonnamment juvénile en font un "bon client" pour les média audiovisuels."
(voir sur betapolitique)

Un pamphlet oublié presque aussitôt au profit d’un ralliement in extremis plutôt réussi. On peut néanmoins penser que ce geste en fait un expert de la prospective, ayant très bien compris l’opinion publique et agis en conséquence. Mais sa nouvelle opinion n’en fait pas un ministre de gauche...

Ce n’est donc pas chez lui qu’il faut trouver un gouvernement d’ouverture. Et je peine aussi à le trouver chez M Bernard Kouchner, qui ne défend pas pour moi les idées d’un quelconque parti, mais ses propres idées, faisant fie de toute étiquette politique pour mener à bien des projets qui n’ont pas besoin d’être coloriés en rouge ou en bleu pour être légitimes.
Enfin, il y a Hervé Morin. Certes, il n’est pas UMP. Mais propose t-il pour autant autre chose ? D’ailleurs, il a très vite changé d’uniforme pour devenir “UDF-Majorité présidentielle”. Cela ne fait pas du gouvernement un gouvernement plus ouvert que celui de M Villepin avec M Robien.

En définitive, je ne vois pas encore de grand changement dans la façon de mener la politique. Nicolas Sarkozy semble porter à lui tout seul la rupture annoncée. Aura t-il les épaules assez large pour le faire ? L’avenir nous le dira. On ne peut pas juger à l’avance ses actes futurs, et la nomination d’un gouvernement n’est que le foetus des résultats d’un mandat. Mais il ne faudrait pas qu’un manque d’ambition ne le fasse accoucher prématurément...


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