Une tarte à Tain

par Elric Menescire
mardi 8 juin 2021

"Là où il n'y a le choix qu'entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence"

Gandhi

Ainsi icelui Emmanuel Ier, Roy du peuple de la-démocratie-éborgneuse-républicaine Françoyse, s’étant prys un coup, claque, baffe, mandale, torgnole, soufflé, aller simple, giflette, biflette, retour de manivelle, mur du réel dans la figure, ou plus prosaïquement « sentiment d’insécurité appliqué au réel » dans la bonne ville de Tain…

Ainsi ce jour de l’an de grâce 1789 2021 post covid donc, nous reviennent en mémoire ces affirmations, éructations, élucubrations, fanfaronnades toutes énoncées le sourire aux lèvres derrière un épais mur de CRS et de gardes du corps : « fainéants, cyniques, fouteurs-de-bordel, vandales, gaulois réfractayres, vous qui n’estoit rien veuillez avoir l’obligeance de traverser la chaussée ! »

Et de s’étonnoir, tout confit, de subir la somme toute minime colère de « Montjoie ! Saint Denis ! » alors que le pays tout entier lui voue plus pure détestation qu’il n’en connut jamais de mémoire d’homme, depuis au moins deux bons siècles…

« On ne gifle pas un président ! » hurlent tous en cœur ceux-là mêmes qui, dans un bel ensemble Républicain, demandaient à ce que la troupe tire dans le tas des gueux qui faisaient sans doute semblant d’avoir perdu un œil ou une main -sans doute oui, car ils le nièrent pendant des mois, refusèrent de le voir en allant jusqu’à médailler les mains éborgneuses.

Et à l’Assemblée tellement représentative du Peuple François qu’elle ne compte que 577 membres, dont 99 virgule 9999% de bourgeois bourgeois eux-mêmes ne représentant, dans la masse de la populace générale, qu’un bon 20% grand maximum… Donc à l’Assemblée, comme un seul (gentil)homme, se lèvent ces 577 « représentants » d’eux-mêmes et d’eux seuls, « en solidarité pleine et entière, tous bords confondus » car, comme ils le disent si bien « C’est la République toute entière qu’on attaque ». Non.

Non et re-non : en fait c’est vous qui vous sentez attaqués.

Personnellement, je prends ce non-évènement pour ce qu’il est : une gifle somme toute ça n’est pas si cher payé, vu ce que le banquier éborgneur à osé faire aux gens depuis plus de quatre ans désormais. Ça m’a je crois, comme des millions de français, bien fait marrer en fait.

Il y a un espèce de comique à la Max Pécas dans cette situation : on le voit arriver en trottinant, en manches de chemises et cravate au vent, façon startup-nation, dynamique face à la foule…et repartir en courant, une fois son dû ramassé, penaud, la joue qu’on devine rougie sous le masque, entouré de gorilles.

Oui, ça m’a fait ma journée, je n’ai pas honte de le dire.

 

Tartuffes

 

Voilà ce que vous estes : des tartuffes, nus comme un ver, et dévoilés devant le Peuple !

Car votre réflexe vous dévoile, députés, hommes et femmes politiques de soi disant « tous bords » : vous êtes unis par les mêmes intérêts, par-delà les soi-disant « clivages politiques » qui vous sépareraient. Vous vous levâtes dans un si bel ensemble, comme un seul homme. Comme une seule classe, ce que vous êtes réellement. Une seule et même classe, la classe des bourgeois, des possédants. Et vous avez, inconsciemment au moins, car votre réaction le prouve sans nul doute possible, réalisé que cette gifle, vous auriez pu (dû ?) en être tous et toutes les destinataires. Vous avez frémi, car vous savez qu’au-delà de Jupiter, c’est la figure même du politique (le petit politique, le personnel, celui occupé à faire de la politikê au lieu de s’occuper le la vraie Politique, la Politeia), c’est votre figure qui fut en réalité, tartée à Tain ce jour là.

Casteix demande « un réflexe républicain » ?

On se lève. On soutient. Tous, dans un bel ensemble.

Mélenchon ? « Solidaire » - oufff !! ça va leur faire oublier mon « dérapage » totalement incontrôlé d’hier, cette gifle tombe à point nommé, non ? Coïncidence ? JE NE CROIS PAS…

Le Pen ? « Condamne fermement l’agression physique intolérable » -un peu comme celle des ratonnades à la Clément Méric ? Ou celle que son paternel enragé fit subir à une opposante en campagne électorale, sur un marché, l’envoyant courageusement à l’hôpital parce que, voyez-vous, quand il voit rouge, papa…

Xavier Bertrand ? « Condamne avec la plus grande fermeté » -dixit le politique professionnel, qui n’a jamais, lors de ses multiples passages et mandats ministériels dans les gouvernements de droite réactionnaire successifs, éprouvé la violence qu’il a fait subir au populo de base

Muselier ? « On ne touche pas au président de la république, jamais ! » -par contre lui il peut nous toucher, et pas qu’un peu, par tous les orifices tiens ! C’est son privilège. Eh, pssst ! Renaud ! ça ne te rappelle pas les dockers marseillais ? C’est vrai que dans ton cas, c’était loin d’être une simple giflette, non ?

Il va falloir s’arrêter là, non pas que l’exercice ne me déplaise, mais finalement il est assez ennuyeux : on voit très vite où nous en sommes rendus ; ils bouffent tous au même ratelier, il n’y a pas d’autre explication. « condamner la violence d’où qu’elle vienne » je l’entends d'ici, mais désolé, après ce que vous avez fait aux gilets jaunes, et au mouvement social en général depuis 5 ans, ça ne prend plus.

Et après ces pitres voudraient qu’on aille voter ? Sincèrement ?

Me revient alors en mémoire cette citation d’Adolphe Thiers, le tueur des Canuts, le boucher de la Commune, lui qui pactisa avec l’ennemi Allemand pour écraser, en un peu plus « radical » que lors des gilets jaunes, le soulèvement de la Commune. Il faut dire qu’à l’époque, les LBD n’existaient pas encore, donc exit la fameuse « gestion démocratique des foules » (c’est pas de moi mais du fabricant !). On tirait dans le tas au Chassepot, quoi.

Lors, en 1871, après avoir obtenu « la victoire » sur les Communards en massacrant environ 30 000 hommes, femmes, enfants et vieillards, et ce avec l’aide des banquiers et de la bourgeoisie française, ainsi qu’avec l’appui des troupes Allemandes de Bismarck, qui venait de gagner la guerre…donc en 1871, ce grand « fondateur de la République » bourgeoise qu’était Thiers (combien de monuments, d’écoles à son nom ?) répondit à plusieurs représentants de la bourgeoisie de haute extraction, banquiers, hommes d’affaires…inquiets de l’établissement d’une république avec suffrage universel (pensez, faire voter le populo ! mais il est fou, ils vont nous renverser ! Je n’exagère pas…), il répondit en substance ceci : « La République existe, elle est le gouvernement légal du pays, vouloir autre chose serait une nouvelle révolution et la plus redoutable de toutes. Et rassurez-vous : avec ce système, et tant qu’il sera en place, nos ennemis seront définitivement bâillonnés »

Je n’invente rien : ils venaient de mettre en place « le droit de vote par suffrage universel ».

La suite, vous la connaissez : faire barrage, la république, liberté d’expression, etc.

Souvenez-vous-en, la prochaine fois qu’on vous « appellera aux urnes pour sauver la démocratie ».

 

Le mur du réel 

 

C’est quand même assez rigolo quand on y pense : ceux-là mêmes qui glorifient régulièrement la violence qui permit à leur classe de prendre le pouvoir -je pense précisément au 14 juillet 1789, et à la Révolution Française qui fut confisquée par les bourgeois, et que chaque président bourgeois salue immanquablement dans son costume de bourgeois élu de la nation bourgeoise, avec une componction qui tourne au ridicule…ceux-là mêmes donc, qui font acte de mémoire, qui nous jouent le récit de cette « violence libératrice » s’horrifient de « l’ultra-violence » d’une simple gifle.

Mais disons-le ici tout net : ça n’est vraiment RIEN en comparaison de la guillotine, que vos ancêtres les députés de la bourgeoisie, votèrent comme un seul homme pour des milliers de personnes de 1789 à 1793 !

Donc en gros, vous avez une vision sélective de la violence : quand c'est pour renverser bachar el assad ou Kadhafi à coups de missiles dans le tas, (ou éborgner un gueux au hasard) pas de soucis, par contre quand c'est une gifle dans la gueule du pire affameur et insulteur que ce pays ait connu depuis un bon siècle, là pas touche !

Il est aujourd’hui temps de remettre les choses à leur juste place : toutes vos simagrées médiatiques -appuyées en cela par la presse la plus prostituée qu’il m’ait été donné de voir en 46 ans d’existence, et d’étude de celle-ci…et croyez-moi, j’en ai connu quelques-uns, de journalistes ! toutes vos singeries n’arriveront jamais à déformer le mur du réel qui est en train de vous arriver en pleine poire, tel un tsunami sur les plages de Thaïlande.

Vous faites semblant de ne pas le voir, vous êtes tous occupés à essayer de sauvegarder votre petite rente politique, pendant que des millions de français sont jetés à la rue, perdent leur emploi, et tombent dans la pauvreté. Que les étudiants font la queue par milliers à la soupe populaire. Que les vieux bouffent de la patée pour chiens, que des adolescentes se prostituent en masse pour payer leurs études…que de plus en plus de « forcenés » (quel joli mot quand on y pense) pètent un plomb et aillent se servir du 12 pour régler son compte qui au DRH, qui au gars qui lui aura fait une queue de poisson, ou l’aura regardé de travers…

La société est en train de crever lentement sous nos yeux, et vous braillez comme des tocards.

Vous êtes des indigents, mais vous n’aurez pas ma haine : ce qui vient, vous auriez pu l’arrêter en écoutant le peuple, pas en jouant aux idiots, et en étalant une fois de plus votre mépris.

Mais il est trop tard : vous êtes comme la Marie-Antoinette, qui s’étonnait que les gens réclamassent du pain, et qu’ils étaient en colère parce qu’ils crevaient de faim.

Mais le fait de planquer vos brioches ne sauvera pas vos miches…

 

A bientôt dans l’immonde d’après.

 


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