Urgence sociale et humanitaire !
par CHALOT
vendredi 20 mars 2020
Lettre ouverte aux autorités, institutions et organismes concernés : Salubrité publique en période d'épidémie une urgence humaine et sanitaire !
En Seine-et-Marne, plusieurs centaines de personnes vivent dans des campements de tentes ou de baraques, dans un état de précarité et d'insalubrité contraire à la simple dignité humaine, sans accès à l'eau, souvent sans nourriture, et sans prise en charge des déchets.
Des dizaines d'autres camps existent en Ile-de-France sans aucune aide publique et des dizaines de familles avec enfants n'ont pas de solutions et dorment aux portes de
Paris.
Nous rappelons que les personnes sans-abri sont d'autant plus fragiles qu'elles font face à une absence de prise en charge médicale, renforcée par les mesures récentes gouvernementales concernant l'Aide Médicale d'Etat et le délai de carence pour les demandeurs d'asile.
Depuis plusieurs années, associations et collectifs alertent les institutions sur la situation des personnes à la rue qui s'aggrave et ne fait que se dégrader.
Aujourd'hui, cette population doit faire face non seulement à une présence policière accrue, des dispersions des contrôles, des évacuations, une absence de prise en charge juridique et sociale, mais aussi désormais à l'épidémie de Covid-19.
Des personnes étrangères ou françaises, sans domicile, sont ainsi contraintes de rester
dehors, dans des campements insalubres, malgré les mesures de confinement décidées.
Nos associations, en manque de bénévoles du fait du confinement et du manque de matériel de protection, n'ont pas les ressources nécessaires pour pouvoir faire face à cette situation.
Emmanuel Macron, dans son allocution a déclaré que « pour les plus précaires, pour les plus démunis, (…), nous ferons en sorte (…) qu’ils puissent être nourris, protégés, que les services que nous leur devons soient assurés ».
Mais aujourd'hui, nous constatons que très peu de mesures ont été prises pour mettre à l'abri les personnes vulnérables.
Face à la crise sanitaire les institutions ont la responsabilité de protéger toutes ces personnes.
C'est pourquoi nos associations et collectifs demandent en extrême urgence :
• La réquisition des centres culturels, des bâtiments scolaires vides et tout autre lieu permettant un hébergement et la mise en place de mesures de précaution, afin de mettre à l'abri toutes les personnes qui dorment dehors en Ile-de-France et de permettre la mise en place des mesures sanitaires et d'hygiène nécessaires pour faire face au virus.
• Une prise en charge médicale dans ces locaux afin de dépister et mettre en quarantaine toutes les personnes déjà atteintes.
• La mise en place de distributions alimentaires organisées par les pouvoirs publics pour pallier le fait que les associations ne peuvent plus poursuivre leur action dans ce domaine.
• L'installation ou la réouverture de point d'eau les plus nombreux et les plus accessibles possibles, et la mise à disposition de savon et de gel hydro-alcoolique, de manière à ce que les personnes à la rue puissent appliquer les recommandations faites par les autorités de santé publique.
• L'accès pour tout demandeur d'asile aux conditions matérielles d'accueil par l'OFII afin de permettre à toutes et tous de disposer d'un minimum de ressources financières pour pouvoir faire face aux mesures de confinement demandé.
• L'interdiction des expulsions visant les personnes hébergées dans les structures d'urgence.
• L'arrêt de la mise à la rue à 18 ans par l'ASE des jeunes migrants pris en charge durant leur minorité.
• La mise à l'abri de tous les jeunes ex-MNA mis à la rue depuis fin 2019 et qui sont toujours dehors.
• La privation de liberté des personnes étrangères dans les CRA, comme celui du Mesnil-Amelot, LRA, ZA ou autres lieux privatifs de liberté porte gravement atteinte au principe de précaution et à l’impératif constitutionnel de santé publique. Prenant en compte la mise en danger des personnes retenues comme des personnels des centres, des juges des cours d'appel de Bordeaux, Paris et Rouen ont commencé d'assumer leurs responsabilités en décidant de remettre en liberté des personnes dont l’administration entendait prolonger l’enfermement. Il serait inconcevable que le gouvernement ne prenne pas au plus vite l'initiative d'une libération générale et inconditionnelle de toutes les personnes étrangères privées de liberté et ainsi particulièrement exposées au risque sanitaire.
• L'extension de la trêve à l'ensemble des dispositifs, afin d'assurer l'accès et la continuité des droits administratifs et sociaux soumis à contrôles.
Au-delà de la simple humanité, c'est un véritable problème de santé publique qui se pose là : comment contenir cette pandémie si des milliers de personnes vivent dans des conditions propices à une contamination virulente ?
Ces mesures nécessitent d'être prises immédiatement, les autorités n'ont que trop tardé.
Nous attendons une réponse rapide de votre part accompagnée d'un calendrier des actions à entreprendre.
Cette lettre sera transmise aux médias de Seine-et-Marne.
Avec nos sincères salutations.
Signataires :
Collectif Droits Jeunes Migrants 77
Secours Catholique, Caritas France
Ligue des Droits de l'Homme 77
De loin en Loing, Solidarité Migrants
Réseau Education Sans Frontières 77
MRAP
Amnesty International
Collectif de Soutien aux sans-papiers de Melun
CDAFAL familles laïques 77
Turbulences
Collectif ROMEUROPE Val Maubuée