USA : combien la mort (escamotée) d’un général est révélatrice... d’un embarras certain

par morice
lundi 31 décembre 2012

On n'a pas encore tout dit sur l'ère Bush (senior) alors qu'on a failli le déclarer mort la semaine dernière. Mais l'annonce de le décès de son général en chef de l'opération "Desert Storm" apporte une lumière plus crue sur ce qu'a été cette guerre contre l'Irak, arrêtée à un moment où Saddam Hussein pouvait être définitivement vaincu, arrêté et jugé. Le décès de Norman Schwarzkopf, bien entendu célébré au départ comme un héros par une presse qui s'évertue à tresser des légendes (le général Petraeus en étant le plus bel exemple ces derniers temps * !) sans faire de révélations, semble pour autant libérer davantage la langue de bois qui a eu cours durant des années sur ce qui s'est réellement passé durant cette campagne de la meilleure armée du monde contre un pays exsangue, laminé des années auparavant par une guerre atroce de tranchées, digne de 1914-1918, qui avait tué un nombre considérables de ces soldats. Schwarzkopf est mort dans une certaine indifférence... justifiée, à vrai dire. Le célébrer à nouveau, aurait en effet consisté à raviver de sérieux doutes sur une campagne pour le moins condamnable dans sa conduite, malgré les crimes reconnus de Saddam Hussein. Revenons donc ici-même sur les points pour lesquels les américains n'ont pas souhaité trop reparler des "exploits" du général Schwarzkopf... 

1) Saddam Hussein s'était fait piéger :

Les satellites espions et les U2 américains avaient bien vu les chars irakiens se masser devant le Koweit : Saddam devait au Koweit 80 millions de dollars prêtés pour sa guerre contre l'Iran et n'avait pas les moyens de les rembourser. Il avait donc décidé d'attaquer le Koweit et d'aller se servir directement à la pompe, mais il craignait alors que les USA lui barrent la route. C'est là qu'entre en jeu l'ambassadrice April Glaspie, qui lors d'un entretien en date du 25 juillet 1990 se fait très vite sonder par Saddam sur ce qu'en diraientt les USA, s'il envahissait le Koweit. Celle-ci lui répond alors que "nous n'avons pas d'opinion sur les conflits arabo-arabes, comme votre différend frontalier avec le Koweït." ce qu'il prend le soir-même comme un signal de non-ingérence. Une semaine après il envahissait le Koweit, du du 2 au 4 août 1990, ce qu'attendaient les USA pour le faire condamner dès le lendemain à l'ONU, réunir une coalition pour ne pas paraître les seuls à vouloir le contrecarrer. Six mois plus tard, le temps de réunir l'armada américaine, débute Desert Storm. Saddam Hussein s'était fait piéger, et il le sera doublement, une campagne de presse l'attaquant aussitôt aux USA en insistant sur les exactions sur son propre peuple (ce qui n'était pas difficile à démontrer, tant sa dictature était brutale). Triplement piéger, même, car du 9 juin au 4 août 1990, l'armée américaine avait mené en douce une énorme opération de simulation de guerre, "Internal Look 90" conduite à Hurlburt Field, et Duke Field (en Floride) spar l'US Central Command (CENTCOM), dont le théâtre virtuel d'opération se situait... au Koweit. La date où se temrinait l'exercice aux USA coïncidait à la fin de la phase d'invasion réelle par Saddam du Koweit !

2) le presse parle (enfin) de "Blitzkrieg" à la Hitler pour "Tempête du Désert" :

La guerre fut brève (à peine 100 heures de combats au sol) mais terrible. "Dans l'opération Desert Storm, le général Schwarzkopf a orchestré l'une des victoires les plus déséquilibrées dans la guerre moderne, une guerre éclair de six semaines d'une large coalition des forces d'une supériorité aérienne écrasante qui a libéré le minuscule Koweït de l'occupation irakienne, mis en déroute la Garde républicaine de Saddam Hussein et pratiquement détruit l'infrastructure de l'Irak le tout avec des pertes alliées relativement légères" résume parfaitement le New-York Times. En résumé, les troupes de Saddam Hussein on été laminées par une puissance de feu sans précédent, que leur réflexe de s'enterrer hérité du conflit précédent avait accru : l'armement de Saddam était un armement lourd, fait de chars dépassés et de canons tractés difficilement manœuvrables (à part les auto tractés français !) et la vision stratégique de ses généraux bien trop statique pour pouvoir résister à un assaut en mouvements rapides ou l'aviation et les hélicoptères d'attaques (travaillant en liaison étroite avec des Harriers à décollage vertical). Les chars lourds )- dont beaucoup semi-enterrés étant décimés par les Thunderbolt à obus à uranium ou les C-130 Spectre à canon embarqué de 105 mm. Saddam Hussein n'avait pas les moyens de son ambition, tout simplement. Ce ne fut pas une guerre, mais un carnage véritable. Face aux irakiens, l'US Air Force "lévera" à elle seule 251 F-16, 148 A-10 Thunderbolt, 42 F-117, 48 F-15E et 66F-11(un F-117 valant 3 Thunderbolt au point de vue prix ; au bilan final on découvrira que le coût du F-117 était prohibitif -106 millions de dollars à l'achat- par rapport à ses résultats véritables , les avions plus conventionnels faisant mieux que lui !), sans oublier les appareils de la coalition (2250 au total !).

3) à vaincre sans péril...

A partir de là, Schwarzkopf pouvait difficilement après passer pour un "héros", à battre sans coup férir une armée largement inférieure à celle rassemblée par les Etats-Unis (et à laquelle la France à participé, rappelons-le.... l'aviation française ayant failli se confronter aux mêmes avions qu'elle et aux pilotes qu'elle avait formés !!!). On a donc encensé le général, faute de vrai, indique méchamment le NYTimes : "gagner la guerre éclair n'a jamais été mise en doute et en aucun cas comparable aux traumatismes de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, qui ont fait d'Eisenhower et de MacArthur des héros nationaux et des candidats présidentiels. Mais un conflit comme le Vietnam et la guerre froide n'avaient pas produit pas de tels héros, et Schwarzkopf, un général peu connu, a été couronné de lauriers comme étant le vainqueur dans une guerre populaire contre un dictateur brutal." Le NYT allant plus loin encore dans le rabaissement des qualités du disparu (ou la perfidie !) en rappelant deux lignes plus loin sa pitoyable parade dans la capitale, digne de celle de Lindbergh ou des cosmonautes de retour de la Lune, indique le journal... parade organisée pour les opérations sur la Grenade, souhaitées par Reagan, qui avaient vu une armée monumentale s'emparer d'un ilôt sans aucune résistance... Le pauvre général, glorifié pour s'être battu contre rien, et placé sur orbite par le staff média des neo-cons sera manipulé.... et poussé lui aussi à la candidature présidentielle, pour laquelle il ne montrait aucune appétence, loin de là... "Quelques semaines plus tard, le général quatre étoiles est devenu un phénomène médiatique et marketing. Trois mois après la guerre, il avait signé un contrat de 5 millions de dollars avec Bantam Books pour les droits mondiaux sur ses mémoires, « Il ne se prend pas pour un héros », écrit avec Peter Petre et publié en 1992. Herbert Mitgang, qui avait examiné le livre pour le New York Times, avait qualifié de "projet de service d'abord l'histoire" (en France on ne traduira même pas le titre original, tout un signe !). "Le général Schwarzkopf, » écrivait-il, « se présente comme un soldat professionnel fort, un Patton avec une conscience." Mais tout ne s'est pas noyé dans la vague d'approbation, les critiques ont noté que les forces aériennes énormes du général, maritimes et terrestres avaient accablé un pays ayant l'équivalent du produit national brut au Dakota du Nord, et que, malgré que les ponts, les barrages les centrales électriques de l'Irak, avaient tous été rayés de la carte, et des dizaines de milliers de ses soldats tués (contre quelques centaines de victimes alliées), Saddam Hussein avait été laissé au pouvoir". Le pauvre subissant plus tard une deuxième charette de critiques encore plus virulentes : "des livres d'après-guerre, des reportages et des documentaires - un flot d'informations que le général avait limité pendant la guerre - ont montré que la plupart des gardes d'élite de l'Irak républicain, dont la destruction avait été un objectif des planificateurs de guerre, avait échappé à un assaut mal coordonnés et aux agression armées, et n'avaient pas été poursuivis en raison de la décision du président Bush de mettre fin à la guerre au sol au bout de 100 heures de combat"... Schwarzkopf avait triomphé sans (aucune) gloire...

4) le bouclage des médias pendant le conflit et manipulation :

Cette guerre-éclair inaugurait aussi une autre façon de traiter l'information. Pour les généraux US, la guerre du Viet-Nam avait été perdue... dans l'opinion publique, à force de montrer les exactions commises, comme celle de MyLai, dont la lenteur a être reconnue avait sérieusement plombé la confiance que la population US mettait jusqu'ici dans ses soldats et leurs commandants. Prévenus des retombées catastrophiques que pouvaient avoir certaines images dérangeantes, les généraux US avaient donc décidé de verrouiller toutes les communications pendant leur opération. Pour ne pas se retrouver devant des écrans totalement vides, ils inventèrent donc une nouvelle espèce de journaliste : "l'embedded" (**), le journaliste embarqué qui acceptait de signer un papier ne l'autorisant pas à utiliser ses images autrement qu'avec l'accord des militaires US. Résultat, on n'aura droit qu'à une guerre extérieurement propre, même si les pires crimes de guerre s'y produisaient. Les journalistes deviendront les jouets d'une politique, se faisant piéger dès le départ par la diffusion d'un hoax complet prétexte à l'invasion du Koweit, celui des bébés jetés à terre par les troupes sanginaires de Saddam. Un faux complet, l'infirmière (Nayrirah, âgé de 15 ans !) ayant révélé les faits, éplorée devant les caméras, étant la propre fille d'un émir de la famille royale régnante... (elle avait été particulièrement "brieffée" par Michael Deaver, l'ancien conseiller en communication - ou plutôt en coups tordus- de Ronald Reagan, grand amis des dictateurs d'Amérique du Sud, et très certainement membre lui-même de la CIA ***) : "Trois mois se sont écoulés entre le témoignage Nayirah et le début de la guerre. Au cours de ces mois, l'histoire des bébés arrachés à leurs incubateurs a été répété maintes et maintes fois. Le président Bush a raconté l'histoire.  Il l'a défini comme un fait dans son témoignage au Congrès, à la télévision et à la radio, et au Conseil de sécurité de l'ONU. « De toutes les accusations portées contre le dictateur », MacArthur a observé, « aucun n'a eu plus d'impact sur l'opinion publique américaine que celle sur les soldats irakiens pour retirer 312 bébés de leurs couveuses et les laisser mourir sur le sol froid hôpital de Koweït City." Heureusement qu'il y a aura John Stewart plus tard (pour la campagne du fils Bush) pour nous en dérider.... en moquant les mises en scènes ridicules de l'armée US !

5) L'invention du mythe de la guerre propre :

Parmi les mensonges répétés à l'envi par Georges Bush Senior et son staff militaire, celui du concept de "guerre propre" fera florés et sera repris avec insistance par les médias. En résumé, les bombes guidées au laser larguées par les avions furtifs étaient prétendues tellement "intelligentes" qu'elles ne se trompaient jamais de cible, et tombaient toujours pile au bon endroit. Pour le prouver, on ira même parler d'exploit avec un coup au but assez extraordinaire ; celui de réussir à bombarder un quartier général de Saddam réalisé par un F-117 ; ayant réussi à viser un conduit d'aération... pour atteindre les sous sols du bâtiment, à deux reprises ! L'endroit était situé à Amiryah en banlieue de Bagdad. Une première bombe effectivement réussira à atteindre les sous-sols pour tout dévaster sur son passage en explosant... suivie d'une seconde ayant pris le même chemin (quelle précision !), volatilisant ainsi... des dizaines d'enfants réfugiés dans ce qui était en fait un abri de fortune répertorié et connu contre les bombardements. Les rapports du nombre de civils tués dans le bâtiment - plus de la moitié étant des enfants - varieront atteignant jusque 500 parfois (Wikipedia en recense 408). Il était devenu impossible de les compatbiliser, de toute façon, les corps étaient tellement brûlés et fondus ensemble : on ne saura jamais le chiffre exact de morts sur place. Se rendant compte de l'erreur, les américains feront dans le cynisme le plus complet. Dick Cheney, le secrétaire américain à la Défense, déclarera de façon honteuse devant les micros que : « Saddam pourrait recourir à cette pratique de plaçer délibérément des civils en danger." : le brigadier général Richard I. Neal ajoutant cyniquement que "d'un point de vue personnel, je suis scandalisé que des civils puissent avoir été placés dans une situation dangereuse, et je blâme les dirigeants irakiens de l'avoir fait"... des propos tout aussi honteux !!! Le responsable du tir sur l'abri était Charles E. Allen, de la CIA, alors le responsable du "National Intelligence Officer for Warning", qui n'avait en fait en rien vérifié l'objectif visé. Human Rights Watch l'avait pourtant noté dès 1991 : "Il est désormais bien établi, à travers des entretiens avec les habitants du quartier, que la structure Ameriya a été clairement identifiée comme un abri public et a été utilisé tout au long de la guerre aérienne par un grand nombre de civils". Etrangement, c'est le même Allen qui avertira fort tardivement, en 2008, du danger que représentait Anwar al-Awlaki, alors que ce même al-Awlaki avait déjeûné en 2000 à l'Office of Government Counsel, c'est à dire au Pentagone même .. l'individu avait même été interrogé par le FBI la semaine qui avait suivie les attaques, car il était en relation avec Nawaf al-Hazmi, Khalid al-Mihdhar et Hani Hanjour. Trois des pirates de l'air censés avoir été à bord du vol 77... celui-là même qui avait visé le Pentagone ! Autre étrangeté, dans la liste officielle des corps retrouvés dans le bâtiment ne figurera aucun nom arabe... et donc pas les corps des trois terroristes annoncés. Offiiciellement, Anwar al-Awlaki a été depuis déclaré mort tué par un drone, au Yemen, après avoir été vainement "recherché". Lors du tir du drone serait mort avec lui Samir Khan, l'éditeur du magazine "Inspire", d'Al-Qaida, tiré sur papier glacé... aux Etats-Unis ! Le premier à en parler étant Ben Venzke, d'IntelCenter, soupçonné depuis toujours d'être l'annexe de la CIA : on ne sort pas de la complète manipulation !

6) l'usage de nouvelles armes et de nouvelles tactiques

Une guerre, c'est une aubaine comme terrain d'essais pour les fabricants d'armes. La guerre du golfe reste celle du F-117, avion furtif déjà parti au musée et de ses bombes guidées, pour sûr, mais aussi celle du "tueur de chars", concept emprunté au Henschel 129 allemand, doté d'un réservoir à obus grand comme une Wolswagen et des obus à l'uranium perforant n'importe quel blindage. Mais aussi ce conflit a fait apparaître des véhicules nouveau, tels ces "buggies" des sables appelés FAV (pour Fast Attack Vehicle, devenus des Desert Patrol Vehicle (DPV)), construits par Chenowth, empruntés aux surfers californiens et transformés en véhicules rapides de reconnaissance. Légers car démunis de carrosserie et de blindage, armés d'une mitrailleuse lourde (50 mm) ils ont rendus de fiers services, déposés partout par hélicoptères. Beaucoup serviront à emporter des illuminateurs laser terrestres pour cibler des objectifs aux avions bombardiers (on les retrouvera en Afghanistan en 2003). L'autre "roi" de Desert Storm étant l'hélicoptère d'attaque Apache, déployé pour la première fois en masse, un concept imaginé par les français en Algérie qui seront présents sur place avec leurs "Gazelle".  Les obus "intelligents" guidés par radio type MLRS, à sous-munitions, furent aussi de la partie (on en tirera 17 500 (!) de même que les salves de Tomahawks tirées de sous-marins ou de navires de surface. Les vestiges des obus à l'uranium radioactif jonchent toujours des portions entières de désert, tout n'ayant pas été ramassé depuis. Mais cette guerre aux besoins gigantesques fut aussi celle de l'intendance, avec un appel pressant aux compagnies privées, l'armée US manquant alors de transporteurs lourds (le Galaxy étant alors en pleine refonte et le C-17 trop "court" en allonge). Des sociétés liées à la CIA comme Evergreen avec ces 747 cargos y réaliseront des fortunes (350 opérations seront menées, 1146 heures de vol seront réalisées au Koweit). Le début évident d'une privatisation de la guerre. Les avions d'Evergreen se posant à Sharjah, aéroport géré par le Sheikh Abdullah Bin Mohammed Bin Ali Bin Abdullah Al Thani, membre de la famille royale Al-Thani du Qatar. A Sharjah Les troupes US utiliseront les mêmes pistes que les vieux Antonov d'un certain Victor Bout  : le début d'une autre longue histoire... (les avions de Santa Cruz Airlines et Santa Lucia Airways de Bout ayant beaucoup œuvré durant la guerre Iran-Irak, dont un Boeing 707 aperçu à Lille-Lesquin, en France, le 24 juillet 1985, en allant même jusqu'à transporter de la poudre à canon à bord !). Le dernier point étant en plus du matériel l'apport de troupes de mercenaires, engagés spécialement par exemple pour la protection personnelle des généraux lors de leurs déplacements, comme ici pour le général au sortir d'un hélicoptère (ou ici d'un Gulfstream). Sans oublier les coûteux déplacements en jet, dont ses successeurs abuseront dans des proportions inavouables (pour se faire sacrer chevaliers du Tastevin, par exemple)....

7) les atrocités commises (et cachées), et les batailles inventées

Amiryah n'a pas été la seule bavure pendant cette guerre. Lors des attaques, l'arsenal employé pour vaincre les troupes au sol de Saddam Hussein a comporté du napalm, de retour dans un conflit, aussi bien que des bombes au phosphore, interdits tous deux pourtant par les conventions de Genève. Mais un général particulier va se singulariser, en pratiquant un art de la guerre bien à lui. BarryMcCaffrey, qui, pour attaquer des troupes irakiennes enterrées en tranchées, va réaliser une première, avec une charge de chars munis de socs avant de nivellement (anti-mines), qui vont enterrer vivant les soldats passés sous leurs chenilles. Le même Caffrey s'illustrant plus tard, à la fin de la guerre, en faisant bombarder une colonne de blindés qui venait de se rendre, et ce, deux jours après la fin officielle des combats ! Les témoignages réunis après par Seymour Hersh dans le New Yorker étant accablants : "Après que le cessez-le-feu ait été déclaré, les Irakiens se retirant avait repris la route en toute sécurité. Beaucoup avaient jeté leurs armes. Des chars avaient été chargés sur des camions avec leurs canons tournés vers l'arrière. "Certains des chars étaient en formation de voyage et leurs armes n'étaient pas dirigées en position de combat," a déclaré le Sgt. Stuart Hirstein du bataillon de renseignement militaire 124e. Le 2 mars, au fond de l'Irak, une colonne de cinq miles de long d'Irakiens en retraite a approché le pont jeté sur le lac Hammar, près des champs de pétrole de Rumailah à l'ouest de Bassorah. Droit sur les lignes que les forces américaines avaient déployées, situés juste en face de la ligne de retraite. McCaffrey a ordonné une attaque dévastatrice. Les forces militaires américaines des Marines avec des hélicoptères d'attaque Apache et des tirs d'artillerie, ont attaqué la colonne irakienne sur la route, et les ont pilonné pendant cinq heures avec des vagues successives de bombes, de blindés, d'artillerie et des attaques de missiles. Au moins 400 Irakiens ont été tués. Quelque 700 chars irakiens, des véhicules blindés et des camions ont été détruits. Parmi eux se trouvait un bus de civils et d'enfants qui a été touché par une roquette. Aucun coup de feu n'a été tiré sur les forces américaines, et il n'y a pas eu de blessés de combat américains (...) Le massacre des Irakiens sans résistance et les décès d'enfants profondément troublé de nombreux soldats américains. Un sergent de peloton a fait remarquer : « Nous avons soufflé un bus rempli d'enfants. Un officier du bataillon de renseignement militaire 124e a déclaré qu'un commandant de char irakien capturé a demandé à ses interrogateurs américains à plusieurs reprises : « Pourquoi nous avez-vous tués ? Tout ce que nous faisions, c'était de rentrer à la maison". BarryMcCaffrey, était-il devenu ce jour-là un criminel de guerre ? Sans hésitation !

Un soldat du Scout platoon du 27th Battalion of of the 1st Brigade, James Manchester, résumera ainsi l'acte de guerre en la qualifiant de "rien d'autre qu'un putain d'assassinat". Un crime de guerre toujours impuni à ce jour, dira-t-on. Le photographe Peter Turnley parvenu sur place réussira à faire quelques clichés du massacre, dont les traces furent rapidement nettoyées. Un de ces clichés marquants montrera un soldat US en train de vomir devant le monstueux spectacle, avec au premier plan un cadavre carbonisé. Le lieutenant-général américain Ronald H. Griffith avait déclaré au journaliste d'investigation Seymour Hersh, « C'était juste un tas de chars dans un train de véhicules (transportés par camion semi-remorque), et Barry McCaffrey en a fait une bataille. Il en a fait une bataille alors que ça n'a jamais été le cas". McCaffrey ayant raconté que ses troupes s'étaient faites tirer dessus, ce qui n'avait pas été le cas. Le 26 février qui précédait, c'était la route menant à Bassorah qui avait subi le même sort : là, un amoncellement incroyable de véhicules en majorité civils qui fuyaient le Koweit pour rejoindre l'Irak avait été pareillement attaqué. Des avions Thunderbolts et F-16 avaient d'abord bombardé, les fuyards des véhicules étant tirés comme des lapins par des hélicoptères Apache. Là encore, les photos prises après l'assaut avaient été dantesques. Un carnage gigantesque. L'endroit sera surnommé juste après "l'autoroute de la mort". Pour ajouter encore au tableau, Mc Caffrey sera aussi cité comme ayant fait tuer des soldats irakiens faits prisonniers. "Une autre note a été rédigée par le lieutenant-général à la retraite James Scott, actuellement directeur du programme de l'Université de Harvard pour la sécurité nationale. Scott a dit qu'Hersh a parlé de l'information comme quoi des prisonniers de guerre irakiens avaient été tués à la base aérienne de Tallil par des membres de la 24e division, et que l'armée l'avait couvert. Hersh a également soutenu que McCaffrey "avait détruit la carrière de nombreux officiers » et était « universellement détesté," a dit Scott Remnick dans une lettre." Ce criminel de guerre, car ça en est un véritable, court toujours.... ou pire encore : il est présent partout. 

8) l'arrivée des profiteurs de guerre et des militaires "experts" :

Cette guerre qui ne voyait qu'une seule parole sortir sur les écrans, via les journalistes embarqués, avait aussi amené une nouvelle espèce d'individu sur les plateaux TV : les fameux "conseillers militaires", en réalité la plupart du temps des généraux en retraite venus arrondir leurs fins de mois, malgré leur retraite généreuse. Le 16 janvier, lors des premières attaques sur Bagdad, la TV US avait diffusé les bombardements en direct. Les militaires avaient attendu l'heure des grands journaux TV pour attaquer ! CNN débutera ainsi la première retransmisssion de guerre 24 heures sur 24 ! Etrangement, alors que tous les journalistes seront expulsés, CNN restera seule à émettre du Rashid Hôtel de Bagdad sans être inquiété ; la raison en étant qu'un des présentateurs, Peter Arnett, effectuait des reportages plutôt fûtés, dénonçant les bombardements sur les civils en particulier : il sera accusé d'antipatriotisme (Saddam Hussein avait lui tout compris aux médias US) ! En réaction, pour brieffer les "embedded", le Pentagone ira jusqu'à pondre une procédure appelée Annex Foxtrot, spécifiant ce qui pouvait être dit ou pas sur les écrans ou à la presse. Si pour Desert Storm peu de généraux participeront à des plateaux TV par méfiance, ces mêmes généraux se recycleront tous en 2003 dans le "conseil d'experts". Ainsi le Col. John Warden, ancien "Air Force's deputy director for strategy, doctrine and warfighting" de 1991, qui deviendra expert chez PBS, plus toute une floppée d'anciens étoilés, parmi lesquels on retrouvera le véritable boucher de la Guerre du Golf : BarryMcCaffrey, prônant toujours la même chose : écraser l'adversaire (même quand il se rend, ce qu'il avait fait !). Associé à une firme privée, il en profitera pour faire la publicité pour ses nouveaux employeurs, dont la société de mercenaires Dyncorp : "Defense Solutions, pour obtenir plus facilement des passages à l'antenne, s'était offert en 2007 les services du général en retraite Barry McCaffrey en qualité de "consultant" : or il travaillait déjà lui-même comme "expert" militaire chez NBC et était déjà membre de la table d'administration de DynCorp. A peine entré chez DS, McCaffrey envoyait une proposition à... Petraeus (****), avec qui il avait travaillé jadis et qui était devenu un de ses amis, offrant 5000 véhicules des pays de l'Est pour réarmer l'Irak en ces termes : "Aucune autre proposition est plus rapide, moins coûteuse, ou plus sûre de réussir, disait-il" affirme le New-York Times, prouvant par la même l'implication directe de Petraeus dans cette histoire..."

Le relais étant ainsi passé, d'une guerre à l'autre, en 2003, et d'un père à un fils ayant jusqu'alors vécu dans son ombre. On comprend donc très bien, à la lecture de de résumé atterrant de la Guerre du Golfe, pourquoi la disparition du général en chef de cette guerre "Stormin' Norman" a été escamotée de l'autre côté de l'Atlantique comme ici en Europe. Ce général sans aucune envergure avait installé les germes d'un virus qui mène aujourd'hui l'armée américaine à sa débâcle obligatoire, avec des généraux qui veulent toujours d'avantage d'armes sophistiquées coûtant des milliards, alors que tous les conflits récents sont des guerres de proximité où les armes conventionnelles et individuelles prédominent. L'asymétrie des conflits ils ne l'ont toujours pas comprise, en s'évertuant par exemple à construire une danseuse inappropriée comme le F-35, après avoir créé celle du V-22 Osprey. Il ne savent plus que manipuler les opinions pour arriver à leurs fins, qui se résument à la gloire, grâce à des criminels de guerre devenus consultants TV, à un statut de star médiatique, ou à un enrichissement personnel. Bref, on a enterré sans honneurs particuliers celui qui a estampillé de son cachet tout un système militaire qui est aujourd'hui un échec patent. Schwarzkopf vient de partir direct dans les poubelles de l'histoire, sans tambours, ni trompettes. Sur la fin il avait pourtant eu un éclair de lucidité vis à vis de la guerre décidér par "Junior" : « En dernière analyse, je pense que nous avons sommes en retard.. Je pense que nous n'avons pas compté que cela puisse se transformer en djihad (guerre sainte)", avait-il déclaré dans une interview à NBC... Pas sûr que dans l'opinion américaine, l'idée de guerre puisse avoir désormais le même succès désormais qu'à son époque, après tant d'échecs cumulés depuis le Viet-Nam. 

(*) lui avait trouvé l'astuce : il avait fait rédiger sa bio par sa maîtresse... et employait un duo qui remettait au Pentagone des "rapports" n'allant que dans ses intérêts !

(**) une série de textes sur les embarqués ici :

http://www.journalism.org/print/1707

ici la version officielle

http://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/miracle.pdf

(***) pour ne pas que Carter soit réélu, Deaver aurait fait partie d'un sinistre coup tordu avec les iraniens : "selon Barbara Honegger, une analyste chercheur et politique sur les années 1980, et la campagne Reagan / Bush, William J. Casey et d'autres représentants de la campagne présidentielle de Ronald Reagan ont fait deux séries de réunions en juillet et août à l'Hôtel Ritz à Madrid avec les Iraniens pour retarder la libération des otages américains en Iran jusqu'à la fin des élections présidentielles de novembre 1980. Reagan avait promis qu'ils recevraient une meilleure rançon s'ils attendaient jusqu'à ce que Carter soit défait...."

(****) il est à noter que Schwarzkopf dirigeait la base de McDill, à Tampa, en Floride, celle secouée récemment par le scandale Petraeus...

-la critique du commandement de Schwarzkopf ici :

http://www.rand.org/content/dam/rand/pubs/monograph_reports/MR775/MR775.chap5.pdf

- ouvrage de référence : "Selling War to America : From the Spanish American War to the Global War on Terror" d'Eugene Segunda &Terence P. Moran, chez Praeger, 2007

 


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