Vaccin AstraZeneca : est-il permis de douter ? Myélites transverses, études bâclées, caillots sanguins...

par Mat l’Electron
vendredi 12 mars 2021

Des études bâclées, des myélites transverses, un manque de transparence, des caillots sanguins, un placebo douteux, des erreurs de dosage, des épidémies de fièvre... Voici donc la recette d'un vaccin sûr que certains de nos dirigeants voudraient rendre obligatoire. Étrangement, dans ce contexte si rassurant, les USA n'ont toujours pas donné leur feu vert à ce vaccin, et trois pays viennent même de le suspendre...

Avant 2020, la mise sur le marché d'un nouveau vaccin nécessitait dix à quinze ans d'études. [4] Études destinées à s'assurer de l'efficacité du vaccin, mais aussi à identifier ses effets indésirables, son protocole d'administration, etc. Pour la covid, ces études ont été réduites à quelques mois. Un vaccin créé dans une telle précipitation est-il sûr ?

Le Vidal est une source d'informations jugée impartiale et sérieuse par de nombreux professionnels de santé. Il semble donc raisonnable pour se forger un avis sur un nouveau vaccin de se fier aux informations objectives du Vidal plutôt qu'aux convictions d'un gouvernement. Le 15 décembre 2020, un article paru sur le site Internet du Vidal épluchait, dans les détails, les 4 premiers essais cliniques relatifs au vaccin contre la Covid-19 du laboratoire AstraZeneca (AZ). Suite à la lecture de cet article, difficile de ne pas émettre des réserves sur ce vaccin...

 

RISQUE DE MYELITE TRANSVERSE : « UN DOUTE PERSISTE »

Sur environ 14800 patients inclus dans les 4 essais cliniques (mentionnés par l'article du Vidal), on peut estimer qu'environ 7400 auraient reçu une injection du vaccin AZ. Sur ces 7400 patients, 2 ont développé une myélite transverse (maladie grave ayant des répercussions neurologiques). Soit un patient sur environ 3700, et ce sur une période de 195 jours, soit environ un semestre. [1] [2] [3] Dans la population générale, l'incidence semestrielle moyenne de la myélite transverse est comprise entre 1 sur 500 000 et 1 sur 2 000 000. [3]

En conséquence, en se basant sur ces 4 essais cliniques, l'incidence semestrielle de la myélite transverse serait donc 100 à 500 fois supérieure chez les personnes ayant reçu ce vaccin que dans la population générale.

Toujours selon cet article, lors de ces 4 essais cliniques, un des 2 cas de myélites observés après injection du vaccin a été « attribué à une sclérose en plaques débutante ». Toutefois, sans vaccin, ce malade atteint de sclérose en plaques aurait-il fait cette myélite ? Dans la population générale, il y a aussi des personnes atteintes de sclérose en plaques ; sauf erreur de ma part, toutes ne font pas des myélites transverses... Le second cas observé après injection du vaccin AZ a « occasionné l'arrêt temporaire des essais, mais a été jugé, par des experts indépendants, comme probablement sans lien avec l'injection, même si, de l'aveu des auteurs, un doute persiste.  » [1]

En somme, dans ces 4 études, qu'il y ait de l'ordre de 100 à 500 fois plus de myélites transverses chez les vaccinés AZ que dans la population générale serait une pure coïncidence. C'est possible. Toutefois, lorsque l'on considère, d'une part, que les myélites transverses surviennent « souvent après une infection virale » [2], d'autre part, que le vaccin AZ utilise un virus de chimpanzé comme vecteur [1], n'y a-t-il pas matière à douter de l'absence de lien de cause à effet entre ces myélites et ce vaccin ?

Pour l'anecdote, ces myélites peuvent survenir plusieurs semaines après une injection ou une infection virale [2], et leur diagnostic (du fait de leur complexité) peut prendre du temps... Si la fréquence de ces myélites transverses était d'environ un patient sur 3700 vaccinés AZ (comme dans les essais cliniques mentionnés dans l'article du Vidal [1]), cela ferait plus de 250 myélites pour 1 million de vaccinés, et plus de 250 000 myélites pour 1 milliard de personnes vaccinées. Les personnes qui seraient touchées par ces myélites auraient peut-être un peu de mal à relativiser ces chiffres, et regretteraient sans doute d'avoir reçu ce vaccin plutôt qu'un autre... Certes, il est possible qu'il n'y ait pas de lien de cause à effet, mais « ce doute [qui] persiste » [1] ne devrait-il pas interroger les médias et ceux qui nous dirigent ? De plus, n'y a-t-il pas de lien entre le fait que les Etats-Unis n'ont toujours pas autorisé la mise sur le marché de ce vaccin et cette affaire de myélite de transverse ? [1]

 

DES ETUDES QUI MANQUENT DE RIGUEUR

Habituellement, pour tester un nouveau médicament, les cliniciens administrent ce médicament à un groupe de personnes, tout en donnant un placebo à un autre groupe de personnes. Puis on compare les résultats obtenus dans les 2 groupes (étude en double aveugle). Selon le dictionnaire Larousse, un placebo est une « préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d'un médicament pour son effet psychologique, dit effet placebo. » Pour le vaccin AZ, dans certains essais cliniques, la comparaison ne s'est pas faite par rapport à un placebo traditionnel, mais par rapport à un vaccin contre la méningite. [1] Pourquoi ne pas avoir choisi un placebo ? Peut-être parce qu'en comparant un nouveau vaccin à un autre vaccin, la différence d'effets indésirables observés sera moins importante qu'en comparant ce nouveau vaccin à un placebo... Ce modèle de comparaison a de quoi laisser dubitatif... Ainsi, peut-on lire, sur le site Internet du Vidal : « Pour l'analyse globale de la toxicité, la multiplicité des placebos (vaccin contre la méningite, soluté physiologique, succession des deux !) rend [...] complexe l'interprétation globale des données. » [1]

Toujours sur le site Internet du Vidal : « Il est dommage que ce vaccin [...] ait eu à souffrir du manque d'expérience d'AstraZeneca dans le domaine de la recherche vaccinale (ainsi que de leur manque de transparence). » [1] Sans oublier que dans l'essai COV002, il a été administré par erreur un mauvais dosage du vaccin à 2741 participants (excusez du peu...). [1] L'auteur de l'article se demande ensuite : « Comment les investigateurs ont-ils réussi à regrouper et étudier les données d'essais aussi hétérogènes, tant au niveau des dosages que des délais entre les deux injections ? » [1]

Bref, difficile de ne pas émettre des doutes sur le sérieux d'un laboratoire qui, lors des essais cliniques, se trompe dans les doses, réinvente la définition du mot « placebo » et fait grandement varier les délais entre deux injections...

Autre point troublant : pourquoi ces 4 essais cliniques incluent-ils un très faible nombre de personnes de plus de 65 ans, alors que la priorité est de vacciner les personnes âgées (plus exposées aux formes graves de covid) ? [1]

Autre point troublant : comment expliquer que, « dans des groupes de population », la fréquence et l'intensité des effets indésirables observés puissent être très supérieures à celles observées dans les essais cliniques cités par l'article du Vidal ? Du côté des études officielles, sur les 4 essais cliniques : 79 effets indésirables sévères, dont « UN cas de fièvre élevée (plus de 40 °C) », pour environ 7400 vaccinés. [1] D'un autre côté, localement, suite à certaines campagnes de vaccination, 18 à 25% de personnes vaccinées qui se mettent en arrêt de travail à cause des effets secondaires du vaccin ; effets secondaires qui peuvent être « très marqu[és] avec des poussées de fièvre à 40 °C ». [6][7] N'y a-t-il pas matière à s'interroger sur la qualité des essais cliniques fournis par AstraZeneca et/ou sur la variabilité de la qualité des lots distribués ?

 

BALANCE BENEFICES/RISQUES

À ma connaissance, ce 11 mars, la FDA n'a toujours pas autorisé la mise sur le marché du vaccin AZ aux États-Unis. Pour expliquer cette réticence des autorités américaines, l'article du Vidal évoque « un manque de transparence », notamment lié au premier cas de « myélite transverse »... [1] En France, par contre, notre gouvernement (qui a déjà acheté des millions de doses...) s'obstine à nous expliquer que le vaccin AZ est un très bon vaccin, et qu'il est irresponsable d'en douter... La science doit-elle s'appuyer sur des convictions ou sur des faits ? Si dix à quinze années sont habituellement nécessaires pour valider un vaccin, ce n'est pas sans raison. En matière de recherche médicamenteuse, la précipitation peut conduire à de graves erreurs (récemment avec le vaccin contre la dengue). [5]

Si la covid est fréquemment grave chez les personnes âgées, elle l'est beaucoup moins chez les plus jeunes. À l'âge de vingt ans, est-il préférable de développer une myélite transverse ou de contracter la covid ? Vu le contexte, on peut estimer que les bénéfices du vaccin AZ sont supérieurs à ses risques (bien que mal connus à moyen et long terme)... Mais ce sont aux citoyens d'en juger, et ce en connaissance de cause. (Sans oublier que d'autres vaccins contre la covid existent. Et sans oublier que certains bénéfices du vaccin AZ restent flous... Quelle durée d'immunité ? Quelle efficacité face aux futurs variants ? Quelle efficacité sur la transmission interhumaine ?)

Autoriser la mise sur le marché d'un vaccin n'est pas une partie de poker. En donnant un feu vert si rapide, notamment basé sur des études peu rigoureuses, les autorités sanitaires françaises prennent le risque de mal évaluer la balance bénéfices/risques de ce vaccin. Et si l'avenir donne tort aux autorités sanitaires (peu remises en cause par les médias), il ne faudra pas s'étonner que les Français soient de plus en plus méfiants à l'égard des vaccins, y compris de ceux qui ont fait leurs preuves.

 

PS : À peine ai-je terminé d'écrire cet article que j'apprends que le Danemark, la Norvège et l'Islande suspendent le vaccin AstraZeneca « après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins ». [8] Ce même jour, l'Italie interdit l'utilisation d'un lot de vaccin AZ « en raison de craintes liées à la formation de caillots de sang ». Du 8 au 11 mars, c'étaient l'Autriche, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg qui suspendaient un autre lot de vaccin AZ après le décès d'une femme de 49 ans ayant succombé à de "graves troubles de la coagulation". [8] Encore une preuve qu'il n'est pas inutile d'étudier un vaccin sérieusement avant d'autoriser sa mise sur le marché. Mais rassurez-vous, ce vaccin est sûr, nos dirigeants nous le répètent tous en cœur, faute d'être capables de nous le démontrer.

 

Mat l'Électron (qui a fait quelques années d'études médicales...), 11/03/21.

 

[1] Vaccin Oxford-AstraZeneca contre la Covid-19 : rien ne sert de partir à point si c'est pour se perdre en route. Stéphane Korsia-Meffre, 15/12/2020.

[2] Myélite transverse, Wikipedia (consulté en janvier 2021).

[3] Le portail des maladies rares et des médicaments orphelins (consulté en janvier 2021).

[4] Des virus suivis à la trace. LSD, France Culture.

[5] Dengvaxia, le fiasco d'un labo. La Fabrique médiatique, France Culture, 14/11/2020.

[6] Le Parisien, 12 février 2021.

[7] Midi Libre, 12 février 2021.

[8] Le Monde, 11 mars 2021.

 


Lire l'article complet, et les commentaires