Vaccination H1N1 : sommes-nous les cobayes de la machine médicale étatique ?

par Bernard Dugué
vendredi 17 juillet 2009

Dernières nouvelles sur le front de la grippe H1N1. Madame la ministre Bachelot vient d’annoncer la commande de 96 millions de doses pour une vaccination généralisée des Français. Ce contrat sera passé avec trois laboratoires pharmaceutiques dont Sanofi, leader sur ce secteur. Une commande ferme puis une seconde optionnelle. Et toujours des questions qui se posent.

 

Le coût est passé des 700 millions annoncés auparavant au milliard d’euros. La mise en place de la vaccination n’est pas encore clairement établie. Il était question de centres de vaccination créés pour l’occasion mais un simple calcul montre que cette logistique est difficile à mettre en place. 40 millions de vaccinations en double à trois semaines d’intervalle, cela nécessite plusieurs dizaines de milliers de professionnels de santé, infirmières et médecins, qu’il faudra réquisitionner on ne sait comment pendant deux mois. Ce qui suppose que ces professionnels ne seront plus présents sur le lieu où ils exercent. Mettre en place quelques centres dans les hôpitaux est envisageable mais ne répond pas à la dimension du problème. Les hauts fonctionnaires de la Santé sont payés pour cogiter. Leur dernière proposition, avalisée par Mme Bachelot et Mr Hortefeux, consiste à mobiliser les médecins libéraux, autrement dit, votre médecin traitant, qui exerce en ville ou à la campagne. On imagine aisément l’encombrement. Les médecins sont-ils préparés à cette tâche ? Sachant que les vaccins sont livrés en flacon et non pas en dose unique. Il faut faire ça proprement. Sinon à quoi à bon aller se faire vacciner si c’est pour choper une saloperie portée par le patient qui vous a précédé. Ne parlons pas du coût. Si le médecin vaccine sur le bras, il ne vaccine pas à l’œil. 22 euros la consultation, soit 44 par vaccination. Sans doute, quelques médecins très scrupuleux feront un prix de groupe si monsieur vient avec madame, ou avec ses rejetons.


Au final, la vaccination risque de coûter entre trois et cinq milliards d’euros si les 48 millions de Français prévus vont se faire vacciner. Mais comme dit Brice Hortefeux, quand on aime la France et l’organisation, on ne compte pas ! Enfin, il ne l’a pas dit comme ça. Juste souligné le risque de désorganisation complète de la société française en cas de montée en puissance de la pandémie. Par ailleurs, l’idée des grippes parties fait débat. A noter que ces pratiques, qu’on trouve au States et en Angleterre, ne datent pas d’hier et sont pratiquées depuis les années 1990 par des gens de culture « bio » plutôt réfractaires à la vaccination (Lesquels se basent sur un livre très sérieux, couronné en 2005 par l’Académie des sciences américaine, où l’auteur, John Barry, suggère qu’en 1918, nombre de ceux qui ont échappé à la grippe espagnole, furent immunisés par un contact avec une première souche moins virulente) A cette suggestion, les médecins opposent les chiffres de l’OMS. Le taux de mortalité est de 4 pour mille paraît-il. Mais ces chiffres sont-ils fiables. Quel était l’état de santé des morts par infection grippale ? Et surtout, les cas d’infection sont-ils comptabilisés ? Car si cette grippe est si bénigne comme l’a dit le médecin des joueurs monégasques, il se peut bien qu’une proportion de sujets infectés passent au travers des statistiques. Et puis, doit-on faire confiance à l’OMS ?


Ce matin sur France Inter, Françoise Weber, directrice de l’Institut de veille sanitaire, a répondu aux questions des journalistes en arguant que cette vaccination s’impose pour plusieurs raisons. La première étant trivialement médicale. La grippe pourrait affecter des sujets jeunes. Mais il faut traduire. La grippe saisonnière fait des morts sur des vieux en pas très bonne santé mais une grippe A(H1N1) peut affecter des sujets actifs. Un gros risque ? Surtout celui de désorganiser la société, comme l’affirmait le ministre de l’Intérieur. Autre argument. Mme Weber a fait valoir que cette pandémie grippale est la première dans l’histoire où une stratégie opératoire générale est disponible et prête à être déployée. Autrement dit, en lisant entre les lignes, cette grippe n’est pas forcément dramatique ni même dangereuse. Mais cette fois, il est possible de tester en grandeur réelle un théâtre d’opération national. A quoi ça sert ? Les Français sont-ils les cobayes d’une machine médicale étatique ? Ou bien, principe de précaution oblige, cette opération est un essai grandeur nature permettant de tester la réactivité sanitaire nationale, au cas où une situation plus délicate se produirait dans l’avenir. Bref, un vrai test à l’image d’une opération de secours organisée dans le métro en simulant un attentat à l’explosif ou bien bactériologique.


Qui dit opération sanitaire, dit forcément renseignement médical, statistique, suivis scientifiques des opérations. En allant sur le site de l’InVS, on pourra constater la parution d’une offre d’emploi datée du 30 juin 2009, libellée en précisant urgent. 16 postes d’épidémiologistes affectés aux cellules interrégionales d’épidémiologie, les CIRE, structures mixtes partagées entre l’Etat et l’InVS. Consultons l’offre que nous n’y verrons aucune surprise. Ces emplois de chargé d’étude sont affectés à l’étude du suivi des opérations consécutives à la pandémie de grippe A (H1N1)

 

 


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