Valls risque-t-il de valser ?

par Christophe Bugeau
mercredi 30 avril 2014

Notre nouveau premier ministre vient de faire passer à l’assemblée un plan d’austérité (pardon d’économies) de 50 milliards d’euros, sous la pression de l’Europe qui nous demande de diminuer rapidement notre déficit public et de respecter nos engagements du Traité de stabilité budgétaire (qui nous permettra de mourir guéris !). Notre premier ministre ne commence-t-il pas trop fort ?

Si la nécessité de stabiliser la dette commence à se faire sentir nettement (nous arrivons rapidement aux 2000 milliards d’euros), la méthode ne fait pas l’unanimité. L’on a pu le constater à l’assemblée où ce plan a été adopté par 255 voix sur 577 députés. L’on constate d’abord que 41 députés socialistes se sont abstenus (chose rare sous la Véme République). Inversement des députés du centre et de droite se sont opportunément abstenus et quelques autres ont votés pour : c’était nécessaire pour que la mesure passe ! Ce plan a donc transcendé les clivages politiques.

La mauvaise nouvelle, c’est que ledit plan est des plus optimistes. Il est basé sur l’hypothèse d’une croissance à 2,25 % en 2016 et 2017, et sur l’idée que le plan ne fera pas rechuter la croissance ! Or, il est fort à craindre que des économies de 50 milliards auront des effets fortement récessifs ! Et que Manuel Valls en sera tenu pour principal responsable (c’est là qu’apparaît la subtilité de sa nomination par notre Président : il ne pourra pas lui faire concurrence s’il est candidat en 2017).

Quant au plan par lui-même, il est concentré sur l’année 2015 à hauteur de 21 milliards et si les députés ont obtenus quelques concessions concernant notamment les retraités, il est clair que c’est l’ensemble de la population qui sera touchée. La consommation sera donc forcément pénalisée d’autant plus que les aides qui seront diminuées touchent les plus modestes qui font peu d’économies et consomment la quasi-totalité de leur revenu (voir http://www.christophebugeau.fr).

Enfin, à noter que les 11 milliards de baisse de la subvention de fonctionnement aux collectivités locales ne pourra être encaissée si rapidement que si ces dernières diminuent leurs investissements ce qui risque de jeter un froid dans le secteur du BTP. Pour les 10 milliards de baisse demandés à la sécu, il y a fort à parier que la rationalisation des dépenses de santé (qui serait probablement nécessaire) risque de se traduire sur un si court terme par un rationnement de ces dernières.

Le risque contenu en réalité dans ce plan, c’est qu’il soit insuffisant selon la logique européenne actuelle (certains à l’UDI ont même proposé d’aller plus loin et de mettre en place un plan d’austérité de 80 milliards d’euros). La baisse des dépenses risque de se traduire par une baisse de la croissance et donc des recettes. Ce qui nous amènera dans un second temps à en remettre une couche et à lancer un second plan d’économie.

Toute ressemblance avec ce qui se passe dans le sud de l’Europe : Grèce, Portugal, Espagne et Italie ne saurait être que purement fortuite ! En réalité, avec un peu de retard, nous prenons en marche le train de l’austérité. Plutôt que de songer à une nouvelle politique visant à relancer la croissance (tout en respectant les règles de l’Euro puisque 70 % des français sont opposés à une sortie), nous choisissons la voie de la rédemption dans la douleur. 

Mais cette politique risque fort de déplaire souverainement à nos concitoyens qui ne souhaitent sûrement pas suivre l’exemple de la Grèce et il y a de bonnes chances pour que leurs protestations se fassent sentir dans les urnes et dans la rue ! Notre nouveau premier ministre pourrait alors avoir de sérieux problèmes pour son plus grand désagrément, étant alors pour le Président le fusible idéal.  


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