Vatican. A complot, complot et demi ?

par Pierre JC Allard
lundi 18 février 2013

Benoit XVI démissionne. Inusité. Cette demission, pourtant, ne me surprend pas. Je l’attendais assez pour écrire, il y a quelques semaines, une série d’articles invitant les Chrétiens de toute allégeance à réclamer que l’élection du prochain pape soit confiée à l’Assemblée mondiale des évêques… Cette demission “surprise” de Benoit XVI pourrait-elle être un premier pas pour en arriver à ce changement radical ?

Ne dites pas non trop vite, car il faut bien comprendre, que cette demission crée une situation volatile, totalement imprévisible. Imprévisible, car on peut parler aujourd’hui de complots, – et sans doute à raison, car comment quoi que ce soit qui n’est pas l’effet du pur hasard pourrrait-il résulter d’autre chose que d’un complot ?

“Complot”, c’est le nom qu’ont choisi les bien-pensants pour designer les plans qui les embêtent et dont ils ne connaissent pas tous les details, sous-entendant qu’eux, les biens pensants dans l’orthodoxie, sont parfaitement transparents. Ce qui est faux, bien sûr. En fait, tout est complot. Les complots sont nombreux et ils sont partout. Les « bien-pensants » sont ceux dont les complots réussissent. Un complot réussit quand sa réalisation n’est pas empêchée ou ses conséquences contrecarrées par un autre complot…

On peut donc penser, avec une raisonnable certitude, que Sa Sainteté Ratzinger n’a pas démissionné sur un coup de tête, mais a subi des pressions, politiques et financières diverses et contradictoire, dont celles que mentionne Jovanovic, lesquelle sont sans doute bien réelles, mais ne sont sans doute que les moins occultes. … Il ne faut pas dire « complot » et croire croire que tout soit réglé.

Il y aura bien des complots au cours des semaines qui viennent. Il n y a pas seulement autant d’agendas personnels que de cardinaux, tous inspirés par l’Esprit Saint, mais autant de petits complots qui s’ourdiront que d’entités nationales, économiques, religieuses sur cette planète. Il n’y a rien, en effet, qui ne subira pas l’impact de ce changement de la garde au Vatican. Chacun va donc croire devoir agir, se positionner… Il y aura beaucoup de mouvement…

Or, grâce à l’internet, toutes ces influences disparates qui veulent s’exercer vont être touillées dans l’immense chaudron de l’opinion publique mondiale, en faisant un brouet de sorcières dans lequel l’Eglise, le Vatican et la papauté ne seront, comme tout le reste – et comme les banquiers eux-mêmes – que des éléments plus ou moins conscients et plus ou moins ballotés par les évènement. De ce brouet tout peut surgir. La situation que crée la démission de Benoit XVI est volatile, imprévisible. Ne désespérons donc pas qu’il puisse même en sortir du bien.

Le bien, ce serait que la hiérarchie supérieure de l’Église, qui ne représente plus en aucune façon ni la parole du Christ ni le consensus de ses fidèle, cède son pouvoir à une autre structure plus conforme aux besoins de notre époque. Impossible ? Peut-être pas, car deux (2) facteurs peuvent se combiner pour le permettre.

D’abord, ne mésestimons pas l’exemple ambigu que vient de donner le pape lui-même. La complexité et l’odieux des scandales et des maux qui frappent l’Église peut rendre bien moins gratifiante la tâche de piloter ce grand navire en perdition. Il est evident que l’Église, dans sa forme actuelle, nest pas un projet d’avenir. Beucoup de ces cardinaux qui doivent choisir le prochain pape ne préfèreraient ils pas – si on leur en donnaitune bonne excuse – prendre comme Ratzinger lui-même une retraite dorée ? Passer la main dans la dignité et avec une bonne conscience, leur depart acclamé par leurs ouailles reconnaissantes ?

Or cette bonne excuse est prête. Il suffirait qu’on l’y incite sérieusement pour que la population catholique, qui ne se reconnait pas dans cette hierarchie de vieillards en rouge, réagisse et exige que le prochain pape soit élu par l’Assemblée mondiale des évèques et non par les cardinaux. Il suffirait d’une petition en ce sens... gérée avec habileté et des ressources par ceux qui y trouveraient leur intérêt.

Le contexte pour le faire serait parfait, car cette petition qui, en d’autres circonstances, aurait pu apparaitre comme un acte d’insubordination, peut aujourd’hui, en s’adressant au conclave pendant le vide d’autorité crée par la démission du pape, prendre la forme d’une respectueuse supplique suggérant aux cardinaux de DÉLÉGUER leur pouvoir aux évêques.

Contexte parfait, car en démissionnant, le pape démissionnaire a créé un vide pour lequel il n’existe pas de précédant … tout en gardant une autorité morale lui permettant au besoin de combler ce vide et de contrôler cette demande de la base qui, lui mort, aurait pu devenir anarchique et potentiellement multischismatique.

Tous les contextes favorables ne sont pas des complots, mais se pourrait-il que cette vieille roublarde qu’est l’Église ait manipulé ces jeunots que sont encore les banquiers au jeu des complots et qu’il sorte de ce charivari inédit au Vatican un Église plus puissante ? Une Eglise forte de la confiance renouvelée que lui accorderait son milliard de fidèles sentant qu’on les écoute ? Une Église qui pourrait introduire un nouveau paradigme moral pour remplacer le mercantilisme actuel par quelque chose de plus inspirant… et remettre à leur place ces banquiers-usuriers qui commencent à nous faire vomir…

On le saura d’ici quelques semaines. La clef sera la contestation venant des Chrériens eux-mêmes, dont on serait bien naïf alors de croire qu’elle n’a pas pris sa source et ne s’appuie pas sur ces 5 000 évêques qui constituent le “middle management” de l’Église et sa reserve de resources pour un changement. On verra comment tout ceci évoluera… C’est la derniere chance pour l’Église.

Pierre JC Allard

 


Lire l'article complet, et les commentaires