Vendée : le génocide républicain

par CLAIRVAUX
lundi 15 janvier 2018

On connaît la célèbre expression de Clemenceau à propos de la Révolution française : « … un bloc dont on ne peut rien distraire. » A laquelle a répondu Herriot : « La Révolution n’est pas un bloc. Elle comprend de l’excellent et du détestable. »

Peut-on, en effet, qualifier d’ « excellent » cette radicalisation de la Révolution qui débuta avec les massacres de Septembre 1792 et culmina avec la grande Terreur qui vit l’éradication systématique des opposants, la mise au pas exterminatrice de la Vendée et l’instauration d’un gouvernement dictatorial, prélude des terreurs totalitaires de l’hitlérisme et du léninisme.

Les origines de la guerre de Vendée

Le 12 juillet 1790, l’Assemblée constituante adopte la constitution civile du clergé, véritable manifeste contre la liberté de conscience. Désormais, les prêtres doivent prêter serment à la constitution. Ceux qui refusent sont déclarés « réfractaires » et pourchassés en tant que hors-la-loi. Les Vendéens, profondément attachés à leur clergé, considèrent les « jureurs » comme des traîtres. A compter de novembre 1793, le culte chrétien est interdit pour faire place à celui de la Raison.

Mais la goutte d’eau qui va faire déborder le vase, c’est la décision de la Convention du 24 février 1793 de décréter une levée en masse de 300 000 hommes. Les paysans vendéens attachés à leurs campagnes vont très vite s’insurger contre cette conscription par des insurrections dans toute la « Vendée militaire ».

 

Les crimes de guerre

Avant d’évoquer un possible génocide, parlons d’abord des crimes de guerre, les plus nombreux. Il s’agit de massacres sans distinction opérés par le général Westermann, « le boucher de la Vendée », qui écrira au Comité de salut public cette lettre : « Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. [...]. J’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes qui au moins pour celles-là n'enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher, j’ai tout exterminé »[]

Citons aussi les fusillades et les noyades de Carrier à Nantes, les premiers noyés en Loire étant les prêtres réfractaires. On évalue les victimes à environ 4000.

N’oublions pas le triste souvenir des colonnes infernales du général Turreau début 1794 afin de traquer les « brigands » et détruire leurs biens. Ses instructions sont sans équivoque : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. » Le bilan humain est de 20 000 à 40 000 morts.

Par le massacre des Lucs-sur-Boulogne du 28 février 1794, la Vendée connaît son Oradour-sur-Glane. Des femmes, des enfants et des vieillards sont massacrés dans l’église incendiée : 564 victimes dont 109 enfants de moins de 7 ans.

 

La politique d’extermination ou génocide

Pour l’historien Reynald Secher, auteur de l’ouvrage controversé Le génocide franco-français : La Vendée-Vengé, ces massacres à grande échelle constitue sans conteste une politique d’extermination décidée par le Comité de salut public et édictée par la Convention.

La volonté exterminatrice des révolutionnaires s’exprimera sans ambages à plusieurs reprises durant la guerre de Vendée.

Le 26 juillet 1793, à la Convention, Barère déclare : « Détruisez la Vendée. Voilà le chancre qui dévore le cœur de la République. » Le 1er août, la Convention décrète l’anéantissement de la Vendée par le fer et le feu.

Par son décret du 1er octobre 1793, la Convention proclame : « Soldats de la liberté : Il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d'octobre ; le salut de la patrie l'exige, l'impatience du peuple français le commande, son courage doit l'accomplir. »

En décembre 1793, après la Virée de Galerne qui mènera les insurgés à Granville, Billaud-Varenne écrit : « Frappez sans relâche jusqu’à ce que cette race impure soit anéantie. »

Lazare Carnot qui est accusé d’avoir participé à l’élaboration des décrets des 1er août et 1er octobre 1793 en tant que membre du Comité écrit le 8 février 1794 au général Turreau : « Extermine les brigands jusqu'au dernier, voilà ton devoir. »

Ce dernier se plaignait de ne pas recevoir d’instructions écrites : « Mon intention est bien de tout incendier, de ne réserver que les points nécessaires à établir les cantonnements propres à l'anéantissement des rebelles ; mais cette grande mesure doit être prescrite par vous […] Vous devez également prononcer d'avance sur le sort des femmes et enfants que je rencontrerai dans ce pays révolté. S'il faut les passer tous au fil de l'épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. » (19 janvier 1794)

En 1794, Gracchus Babeuf publie une brochure Du Système de dépopulation, ou la Vie et les crimes de Carrier. Le terme de génocide n’existant pas encore, Babeuf utilise celui de dépopulation pour définir l’extermination de masse d’une population en tant que telle. Il parle aussi de plan « populicide ».

Stéphane Courtois dans Le Livre noir du communisme cite Lénine qui a comparé «  les Cosaques à la Vendée pendant la Révolution française et les a soumis avec plaisir à un programme que Gracchus Babeuf, l'"inventeur" du Communisme moderne, a qualifié en 1795 de "populicide »

Au-delà des crimes de guerre qui furent légion lors de ce conflit civil, on peut s’interroger à juste titre sur la possible qualification de génocide défini comme « l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ».


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