Vers le désert social dans les quartiers ?

par CHALOT
mardi 9 juin 2015

L’austérité générale et l’hostilité de certaines municipalités vont-ils faire disparaître les centres sociaux et les Maisons des jeunes et de la culture ?

Les associations d’éducation populaire qui interviennent dans les quartiers subissent de plein fouet la conjonction de deux maux : l’austérité générale avec la baisse drastique des subventions et l’hostilité politique de certaines municipalités décidées à supprimer leurs aides, même la simple mise à disposition d’un local …

Depuis des dizaines d’années les Centres Sociaux et les MJC tissent du lien social, en organisant des activités diverses, souvent au cœur des projets associatifs des jeunes notamment.

Ces entités éducatives et sociales fonctionnent grâce à l’intervention de bénévoles et aussi de professionnels formés.

Les Centres sociaux, malgré le désengagement de l’Etat et celui des Conseils généraux, aujourd’hui départementaux, s’en sortent à peu près grâce à une prestation versée par la CAF. (Attention ! il ne s’agit pas là d’un droit de tirage garanti : les équipes doivent établir un projet, le faire vivre et le soumettre à une évaluation.)

On ne supprime pas automatiquement les financements, on les réduit et les conventions ne sont pas renouvelées.

De ce fait, bien des centres sociaux sont contraints de réduire leur nombre de salariés, la participation communale étant quasiment supprimée dans les villes dirigées par le Front National.

Pour les MJC (Maisons de la Jeunesse et de la Culture) la situation est plus grave encore. Ces MJC s’inscrivent dans la continuité des œuvres du Front Populaire et des idéaux de la Résistance. Il y eut toutefois aussi des structures sous Vichy, reprenant les idées du ministre socialiste Léo Lagrange mais en les dénaturant puisqu’il fallait avant tout encadrer et contrôler la jeunesse.

La première circulaire de la Direction des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, datant du 13 novembre 1944, fixe la « philosophie » et l’ambition des MJC :

« Nous voudrions qu'après quelques années une maison d’école au moins dans chaque ville ou village soit devenue une maison de la culture, une maison de la jeune France, un foyer de la nation, de quelque nom qu'on désire la nommer, où les hommes ne cesseront plus d’aller, sûrs d’y trouver un cinéma, des spectacles, une bibliothèque, des journaux, des revues, des livres, de la joie et de la lumière. »

Les MJC menacées

Des exemples :

http://mjcidf.org/les-mjc-en-danger/

« Les Maisons des Jeunes et de la Culture sont nombreuses a rencontrer des difficultés financières.
Aujourd’hui, en Ile-de-France particulièrement, la situation devient préoccupante, et la mobilisation urgente.

Baisse de subvention, suppressions brutales annoncées plus ou moins directement…
La Fédération régionale dresse un état des lieux des situations locales, où adhérents, usagers et habitants ont beaucoup à perdre. Elle souhaite interpeller les élus d’Ile-de-France sur des économies qui ne sont pas forcément bonnes à faire. »

En Seine-et-Marne (77), la MLC Cesson-Vert-St-Denis voit la subvention municipale baisser de 20%, « sans concertation préalable ni explication plausible », avec un impact de – 33 % du budget de fonctionnement, hors salaires, alors que des économies drastiques étaient déjà engagées.
Plus d’info 
www.lacitrouillemlc.com

Pétition en ligne pour soutenir la MLC la Citrouille à Cesson-Vert-Saint-Denis

La MJC de Fontainebleau accuse de son côté une baisse de 30 % de sa subvention municipale. »

L’affaiblissement du lien social

Des MJC disparaissant ou en asphyxie, des centres sociaux en difficulté, c’est l’affaiblissement du lien social pourtant indispensable pour « le vivre ensemble » et pour construire des projets. Ces MJC et ces centres sociaux ne font pas de la réparation sociale, ils s’inscrivent dans une démarche d’éducation populaire c’est-à-dire une démarche aidant les habitants à devenir des acteurs

Si les cours de français aux personnes issues de l’immigration sont supprimées, faute de moyens, si les accueils de jeunesse ferment, ce seront une lumière et des perspectives en moins.

Oui, si la politique « d’économies » budgétaires se poursuit, il y aura dans des quartiers où l’exclusion sociale est forte, un affaiblissement du réseau associatif.

Comme la politique a horreur du vide, ce seront les intégristes de toutes origines et les dealers de toute nature qui rempliront ce vide et il sera difficile de regagner le terrain perdu.

 

Jean-François Chalot


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