Vers une « droitisation » des professeurs des écoles ?

par Coeur de la Beauce
samedi 12 novembre 2016

Quelles sont les convictions des nouveaux professeurs des écoles ? L'institut Louis Harris a enquêté pour le syndicat Snuipp sur les nouveaux profils de la génération Master (recrutement à bac plus cinq années de fac). Café pédagogique revient sur le bilan qui bouscule bien des idées reçues, et qui montre surtout que les temps ont bien changé :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/11/08112016Article636141858241488638.aspx

Pour résumer, finie l'école normale (depuis belle lurette) et place à l'avènement des jeunes diplômés. 74% d'entre eux ont la vocation, 77% se plaignent d'une formation insuffisante. Pour la politique, les années 1970 sont désormais bien loin : si 52% votent encore à "gauche", 40% votent à droite et 8%... pour le FN ! Impensable il y a encore trente ans où une institutrice qui affichait des opinions conservatrices ne pouvait même pas exercer dans certaines communes (souvenez-vous des banlieues rouges).

En fait, les nouvelles institutrices sont à l'image de notre société. Elles aspirent à faire leur travail, au retour à l'autorité et à l'ordre républicain. Comme les français, elles supportent de plus en plus mal le communautarisme et le climat de violence qui en découle. "Elles", car la profession est désormais féminisée à 95%. Les hommes ont été chassés de cette profession, car le politiquement correct à la française ne reconnait plus le paternalisme ; difficile dans ces conditions pour eux de supporter des mômes de plus en plus turbulents sur lesquels on leur refuse une autorité autrefois légitime. On notera que cette féminisation de la société, très appréciée dans les médias, n'est pas du goût de beaucoup de nanas instits' qui ont encore des repères traditionnels, et qui préfèrent les familles de la manif pour tous à celles de LGBT. Ce qui, par ailleurs, est leur droit n'en déplaise aux inquisiteurs de la presse bien pensante.

Plusieurs facteurs sociologiques expliquent ces évolutions. Autrefois, on formatait les professeurs d'école (à l'IUFM, auparavant dans les écoles normales). Il n'était pas question d'apprendre à enseigner, mais de former des militants de "gauche" conformistes et soumis. L'auteur de l'article est passé par là (IUFM de Seine St Denis en 1996), très chevènementiste à l'époque "on" m'a toutefois accordé une titularisation bien que je réfutais les théories du gourou Meirieu. D'autres ont eu moins de chance. Ceux qui lisaient publiquement le figaro dans le hall, par exemple... La guerre froide était encore dans toutes les têtes, cette belle époque où les délégués du personnel (SNI, syndicat unique) passaient l'été à Berlin-est pour apprendre à encadrer leurs collègues. La libéralisation du monde enseignant a permis de faire évoluer les mentalités ; moins de sectarisme et de carrièrisme qu'en 1980, c'est déjà ça.

Pour autant, afficher des opinions conservatrices ne veut pas dire adhérer au baratin d'un Sarkozy. Il s'agit juste de réaffirmer quelques principes de bon sens en matière d'éducation des enfants, dans une société où la laicité n'est qu'un prétexte pour ne pas gérer la société diversifiée. De plus, fini les instits' issus du milieu ouvrier, place à des hauts diplômés issus de milieux beaucoup plus favorisés, plus cultivés et moins suivistes. Peu se syndicalisent. Côtisations coûteuses, actions très éloignées de leur quotidien (aider les migrants plutôt que les collègues en difficulté face à leur hiérarchie par exemple...) et surtout liens avec l'ultra-gauche dans laquelle elles ne se reconnaissent pas : Exit les syndicats aux maigres effectifs, pourtant omniprésents dans les médias mais qui ne représentent plus la corporation enseignante.

On notera (quelle horreur ?) que quelques instits' se sont "marinisées". Un fait nouveau qui se traduit par la création d'un collectif frontiste (le "Racine") pour pénétrer un milieu professionnel qui n'intéressait pas l'ultra-droite par le passé. Comme pour le reste de la société, c'est le décalage entre le discours et les actes des partis traditionnels et les réalités que vivent nos concitoyens qui engendrent la défiance envers le "système". Rien de spectaculaire en somme.

Nous sommes donc entrés pour de bon dans le XXIème siècle. Adieu les instituteurs barbus bronzés du soleil estival de la RDA, place aux professeur(e)s des écoles, jeunes femmes de bonne famille dorées par celui de Biarritz. La société y gagnera-t-elle au change ? A voir dans les années à venir.

 


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