Viens chez moi, j’habite chez une copine
par L’enfoiré
mercredi 5 août 2009
Un titre de film « Viens chez moi, j’habite chez une copine », m’inspirait un article « provoc ». Pour accrocher l’attention ? Non, pour établir des statistiques, pour apporter des conclusions et pour mettre à plat certains points dans lequel certains événements sportifs ou autres sont tombés si on n’osait pas y regarder d’un peu plus près.
Beaucoup d’organisations, de nos jours, organisent des événements sportifs, des « event » dirait -on : le Giro en Belgique, Mémorial Yvo Van Damme, et, j’en passe. En vacances, il faut bien meubler les instants d’inoccupation et sortir du farniente offert par la piscine des hôtels. Ici, je ne reprendrai que les sports qui défraient la chronique pendant cette période. Une série d’activités plus ou moins généralisée, plus ou moins monopolisée prennent place. A qui profite tout cela ?
Aux organisateurs, bien sûr. Les sponsors, par les retombées, ensuite. Aux sportifs de haut niveau qui, par le jeu de la compétition, se verront sur le podium avec le titre de champion et un prix qui montera exponentiellement. Les premiers recevront le pont d’or. Mais très vite, cela deviendra des cacahuètes de moins en moins grasses, pour les suivants. Les spectateurs supporters auront gagné quelques moments d’adrénaline devant leur petit écran ou sur les bords de ces "event". Dans l’automobile, si besoin est, voici une preuve que les organisateurs font la pluie et le beau temps.
Le sport est l’opium du peuple, dit quelqu’un. C’est presque devenu un rite, une religion. Et cela n’a pas de prix, une religion. En fait, pour le fan, ce n’est pas toujours le sport qui intéresse mais l’ambiance, l’impression de force qu’il apporte. La compétition a de ses dons pour attirer le supporter en lui donnant l’excitation désirée.
Les caractéristiques et préoccupations d’un « event » réussi, pour attirer son public, pourraient compter les étapes et préliminaires suivantes :
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médiatiser et sponsoriser le spectacle : plus il y a monde, mieux c’est et plus ça rapportera.
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Un « business plan », calculé par certains mais connu seulement de certains qui empocheront les bénéfices et écarteront ceux qui sont mêlés de plus près avec l’idée commune du profit quitte à sauter ceux qui ne se plieraient pas à certains sacrifices.
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Les coûts de l’opération sont supportés par les sponsors pour la réalisation mais c’est la collectivité qui en supportera la maintenance et l’intendance.
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Monte des ASBL et travailler avec des bénévoles qui reçoivent des défraiements pour leurs frais et des petits cadeaux qui remplacent généralement les salaires.
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Pas de calendrier « protégé » pour un tel « event ». Le initiateur de l’événement choisit la date qui lui convient, sans pitié pour les autres organisateurs. Aucun apport extérieur, les initiés, seuls. Pas de colle donc pour associer les desiderata de chacun.
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Souvent, le créateur de l’événement n’y connaît rien à l’activité exercée, mais son seul réseau de relations devrait normalement suffire.
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Plus le créateur d’ « event » est important et puissant, plus il sera potentiellement écouté et plus il se permettra des risques avec moins d’assurances en contre partie. Les organismes publics se plieront ou passeront leur tour.
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Prépondérance de la publicité et les meilleurs supports médiatiques.
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L’objectif principal n’est plus d’amuser le public mais de le faire participer et, surtout, faire sortir un maximum d’argent de leur poche.
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Pour le même « event », on peut rencontrer des activités qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre, mais qui trouvent place ensemble par le souci de rentabilité. Alors tout est pour le mieux.
Comme on le voit, le demandeur n’est pas nécessairement le payeur à toutes les étapes. Comme les retombées ne sont pas chiffrables, mais seulement évaluées, sans feedback, ils dépendent de la publicité qui en est faites. L’ « event » est présenté de ce fait par la seule force du marketing.
Le sport cycliste est, cette année et jusqu’à nouvel ordre, sans dopage. Un véritable renouveau. Tout le monde l’espérait un jour. On est contant mais peut-être n’est ce qu’une partie remise. Chercher à se dépasser, esprit de corps, d’accord, mais... On fait parfois la mauvaise oreille. Le team spirit n’est pas toujours au beau fixe. Comme tous les ans, il y a eu des drames de l’imprudence. Statistiquement, c’est imperceptible. Deux spectateurs qui se sont fait renversés par une moto suiveuse et un motocycliste, qui, ailleurs, s’est tué en percutant un obstacle non prévu.
Quand on ne "travaille" plus en circuit fermé, la sécurité devient un casse-tête et responsabiliser la population et les organisateurs ne serait pas le bienvenu dans une opération "call".
Professionnaliser une course, ne sera jamais une mince affaire, ni gratuite.
A mettre aux profits et pertes de la course, donc ?
Les plus grandes compétitions comme les Jeux Olympiques ont très souvent sous-estimées leurs investissements et les frais ne sont récupérés que bien des années après.
Il est vrai qu’il faille parfois viser très haut pour faire rebondir une ville. La ville de Barcelone avec les jeux de 1992, celle de Séville sont des exemples de réussites mais dont les frais ne se sont soldées que bien longtemps après l’événement. La Chine est certainement dans une période difficile de consolidation après leurs prestigieuses prestations en vitrine pour le monde.
La recherche du meilleur, du champion, du mieux adapté, de la meilleure équipe a, pourtant, quelques effets secondaires. Le sport de haut niveau peut donner quelques doutes et quelques soucis en fin de carrière, quand on aura dépassé le point de non retour qui existe toujours quelque part. Mais, le spectateur se dit : "comme ils sont payés pour le faire, pourquoi s’en inquiéter ?
Le sport de haut niveau et ses dérives, on en a déjà parlé. Le prestige, la gloire et l’argent en sont devenus les moteurs principaux au sport en général et a perdu un certain plaisir pour le pratiquer.
Et dire, qu’il y a quelques spectateurs qui entendant l’énormité des montants des prix alloués aux champions, ne manquent pas de hurler à l’injustice. Ils ont déjà oublié qu’ils sont eux-mêmes les patrons et les sponsors de leur propres "vices" derrière la petite lucarne.
Combattre contre son prochain dans une lutte même à la loyale restera pourtant une idéologie complexe dans ses retombées. Les sociétés commerciales poussent à ce genre d’exercice pour attiser cette envie de compétition et pour augmenter les chances d’écraser le concurrent. La compétition, en solitaire, celle qui privilégie le combat avec soi-même, dans l’endurance, elle, n’a pas autant de valeur marchande.
La mondialisation de ces événements et la télé aident naturellement pour cacher quelques côtés moins positifs.
En Belgique, en mai 2008, Red Bull investissait dans sa pub à Bruxelles pour la Fête de l’Iris. Accord entre la ville de Bruxelles pour égailler les foules. J’ai cherché le symbole, sans le trouver. Vous en souvenez peut-être, cela s’appelait "Europe rêve ou réalité". Red Bull ne fait pas l’unanimité et la Santé l’a même interdit un temps. La Taurine, présente dans le corps humain, a été expérimentée sur les GIs durant les guerres de Corée et du Vietnam, comme anti-stress, tout en créant des maux de tête et à l’extrême des hémorragies cérébrales. Alors, qui est la copine de l’autre dans ces événements ?
Çà, s’est du sport. Oui, mais, encore une fois, pour qui ?
Car, il y a les autres ? Les spectateurs, malgré eux. Ceux qui ne sont pas intéressés par les sports en général ou en particulier et tout ce qui s’y rattachent. Parce qu’il y a ceux pour qui le sport, cela les emm... quoi.
Il n’y a pas que les sports d’ailleurs pour trouver de l’opposition. Il y a des endroits qui sont sacrifiés aux "events" surtout en été. J’entendais, récemment, à la radio que la place Flagey de Bruxelles, renouvelée récemment, avait incité les riverains à lancer plusieurs plaintes pour cause de nuisances que ces événements engendrent.
On ne se demande pas, si, lors des manifestations sportives, les nuisances du bruit des télés, elles-mêmes, n’ont pas gêné ceux qui n’en ont rien à cirer.
Plaintes, mécontents. Les « antis » en tout existent. Ceux qui n’apprécient pas et j’en connais. Sont-ils négligeables pour autant ?
Je me le suis demandé. Je leur dédie cet article.
Pourquoi s’en faire ? Tant qu’on a la santé et les moyens, pourquoi pas ?
Rien ne vaut, peut-être, une bonne et belle fête locale, qu’on aura organisé soi-même, en prévenant des nuisances, dans un environnement qui s’adaptera au mieux à tout propos et en ayant respecté la quiétude pour le maximum de personnes. Pour cela, il faut en connaître tous les points positifs et négatifs et ne pas faire confiance au premier venu.
Le principe de "mens sana in corpore sano" dans le contexte du respect des règles du "jeu" est une idéologie à plébisciter. Elle donne de la forme et de la longévité à ses participants.
Je suis loin d’être un "anti-sport". Modestement, je pratique jogging et vélo en solitaire et cela à mon rythme. Je ne serai que très rarement celui qu’on dit "sportif", dans un fauteuil, avec la petite lucarne dans le regard. Courir, prendre son vélo peuvent très bien, sans la recherche d’une victoire quelconque, sans chercher à se comparer, mais s’assurer le meilleur combat avec soi-même en oubliant le spectacle. Compter en heures et plus en kilomètres parcourus. C’est aussi une philosophie. Pierre de Coubertin disait que le principal est de participer. Rien n’est plus juste. Un autre, Stephen Leacock, « Évitez soigneusement de faire du sport : il y a des gens qui sont payés pour ça. ». Comme quoi, tout est dans la nature de l’homme et de sa diversité.
Alors, si un jour, la copine qui habite toujours le même quartier, sollicitée alors qu’elle n’en a rien à faire avec le sport, présentait l’addition, on pourrait lui répondre franchement avec des arguments bien réfléchis et incontestables.
Aimer le sport avec tous points positifs et négatifs, jusqu’à plus soif, question d’âge ou de sexe ? Plutôt d’antécédents. Le football, une histoire de famille, disait Jean-Luc Dehaene. Mais, si aimer le sport est la question, en comprendre tous les sens et l’assumer, l’est tout autant.
Alors, à vos boîte à compteurs, vos suggestions et vos votes pour et contre.
Avocat du diable, si vous avez quelques instants, de passer par ici, venez à mon secours.
L’Enfoiré,
Citations :
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« Le moment où l’on perd les illusions, les passions de la jeunesse, laisse souvent des regrets ; mais quelquefois on hait le prestige qui nous a trompé. », Chamfort
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« Je crois avoir identifié les raisons de l’extraordinaire engouement de mes contemporains pour des sports qu’ils n’exercent pas personnellement. C’est un folklore que la caution de quelques intellos finit par transformer en patrimoine. », Philippe Bouvard
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« Baisser les bras dans une compétition sous prétexte qu’on ne peut terminer premier est incompatible avec l’esprit du sport. », Eric Tabarly
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« Faire l’amour est la seule activité sportive où l’on préfère s’entraîner que marquer un but. », Anonyme