Viva Italia

par Henri Diacono
lundi 7 avril 2014

  Viva Italia ! Vive l’Italie ! Il ne faut pas se méprendre. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les lignes qui vont suivre ne sont pas destinées à encenser la magie populaire et les prouesses des gladiateurs du 21° siècle que provoque un combat quasi hebdomadaire autour d’un…ballon rond, mais bel et bien d’un courage politique inédit depuis des lustres dans cette botte qu’est l’Italie et dont devrait bien s’inspirer la France malade de sa corporation « dirigeante ».

  Viva Italia ! Depuis peu cette fierté elle le doit à un homme, jeune et volontaire, Matteo Renzi et peut être « écrite » en majuscules dans la péninsule où elle fait l’effet d’un énorme coup de balai au plus haut de l’Etat. Du tout neuf pour une nation qui était devenue dérision par son incapacité à être conduite, où la Démocratie Chrétienne puis Berlusconi avaient nagé allègrement, au sein même de l’Europe.

  Vive Mateo Renzi ! Même pas la quarantaine. Ayant fêté ses 39 ans en janvier dernier. Entré en politique à l’âge de 21 ans derrière Romano Prodi. Maire de Florence à 34 ans après avoir pris le contrôle d’une alliance politique (Parti Démocrate et Centre gauche), l’Olivier, cinq ans plus tôt. Et le voilà, il y a un peu plus d’un mois (le 24 février) à la tête du pays en tant que premier ministre porté par une vaste coalition au sein de laquelle cohabitent gauche, centre et droite ( ?!). Son équipe ? Seize ministres dont huit femmes (l’une d’entre elles à la Défense, une première pour le pays). Et en avant toute dans les réformes.

 Cinq semaines lui ont suffi. Abolition des 110 provinces italiennes (équivalent des départements français), laissant ainsi le pays partagé en 20 régions, nouvelle loi électorale adoptées et surtout mise en place d’un programme de « simplification administrative, une réforme du marché du travail sur laquelle syndicats et patronat promettent de livrer bataille, une réduction drastique des dépenses de la fonction publique, des privatisations et une refonte des lois sur le conflit d'intérêt ». Il est également à la source d’un abattement fiscal de 80 euros pour chaque contribuable ayant moins de 25.000 euros de revenus annuels.

  Autre tâche réussie, la réforme du Sénat (Chambre Haute). Celui-ci avait des prérogatives identiques à celles de la Chambre des députés, c'est-à-dire la révision constitutionnelle la fonction législative, la fonction de choix politique qui s'exprime à travers la confiance ou la défiance au gouvernement, mais également au travers des motions, résolutions et ordres du jour, adoptés par le Parlement, la fonction de contrôle de l'exécutif qui se concrétise moyennant les actes d'enquêtes (interrogations, questions, motions).

 Dorénavant les sénateurs italiens ne seront plus que 148 au lieu de 322 (620 députés dans la Chambre Basse). Ils ne seront plus choisis par des électeurs ayant au moins 25 ans, mais désignés pat les maires et conseillers régionaux. Leur pouvoir sera limité à l'approbation des révisions constitutionnelles et aux élections du chef de l'État, du Conseil supérieur de la magistrature et des membres du Conseil constitutionnel, conjointement avec la Chambre des députés. Enfin et surtout aucun des sénateurs ne touchera un salaire ou une quelconque indemnité. Il faut noter que ces dispositions faisant du « Sénat de la République » le « Sénat des autonomies » (1 et 2) ont été votées donc acceptées par 160 sénateurs contre 133.

 A savoir ce qu'en pensent l'Elysée et le Matignon d'aujour'hui.

  1. A titre de comparaison le Sénat Français qui compte 348 sénateurs pour des mandats de 6 ans (5 en Italie). Renouvelé par moitié par suffrage indirect de 150.000 grands électeurs, il siège au Palais du Luxembourg dont l’entretien coûte une petite fortune. Son coût annuel total est de 400 millions d’euros, dont environ, 30 à 35 millions de « salaires » pour les sénateurs qui bénéficient d’autre part d’une cagnotte qui se chiffrerait par plusieurs centaines de millions d’euros. Il n’a pour rôle principal (presqu’unique) que de contrôler les lois décidées par l’Assemblée Nationale des Députés, dans deux aller et retour entre les deux chambres, Le dernier mot demeure toutefois à la seule Assemblée Nationale.
  2.  Pour la petite histoire en 1969, le Général de Gaulle avait démissionné de son poste de Président de la République après avoir été désavoué dans un referendum sur la réforme – sa suppression ou presque – du Sénat et de la régionalisation.

 


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