Vive la République Ecossaise indépendante ! (roman d’anticipation)

par Clark Kent
jeudi 23 mars 2017

Un rêve prémonitoire trotte dans la tête de certains Ecossais : le meilleur des mondes.

Nous sommes en 2027. Le Royaume-Uni, ou ce qu’il en reste, est sorti de l'Union Européenne depuis dix ans. L'Ecosse est sortie du Royaume-Uni depuis plus de cinq ans. Les conditions des deux divorces ont été plus houleuses que prévu. Comme toutes les séparations, celle-ci s’est traduite par des compromis arbitraires, des transactions non équitables et des résultats bizarres, étranges ou inattendus. Les effets les plus spectaculaires sont décrits dans cet article.

Au cours du débat sur l'indépendance écossaise qui a commencé en 2018, à la suite du Brexit, le mythe du « plombier polonais » qui avait disparu depuis le traité de Shengen a refait surface pour glorifier la libre circulation dans l’UE et justifier le désaccord avec Londres. Lorsque l'Ecosse est devenue indépendante, elle est donc restée dans l'UE et a accepté le principe de la libre circulation en invitant les citoyens des pays membres de l'UE à venir s'installer en Écosse. Beaucoup de Roumains et d'autres Européens de l'Est ont pris l’avion pour Glasgow et Edimbourg. Mais quand ils sont arrivés, ils sont allés directement à la gare et ont pris le premier train pour Londres. Il a donc fallu prendre des mesures de contrôle des frontières pour empêcher la libre circulation des personnes de l'Ecosse vers le Royaume-Uni, conséquence imprévue de l'indépendance très négative pour le business et le tourisme.

Sous les pressions contradictoires de l'UE et de l'Angleterre, l'Ecosse a été forcée de recourir à une nouvelle monnaie nationale, en attendant son intégration complète dans la zone euro. Bien qu'aucun problème pratique ou idéologique n'ait imposé à l'Écosse de continuer à utiliser la livre après son indépendance, le refus catégorique des ministres anglais de permettre à l'Etat écossais d'avoir un rôle opérationnel ou politique dans les activités de la Banque d'Angleterre a rendu cette initiative inévitable à Édimbourg : si le Danemark, avec une population comparable, pouvait conserver sa « couronne », alors l'Ecosse pouvait avoir sa propre devise ! C’était aussi simple que ça.

Un référendum a proposé aux Écossais un choix entre deux appellations pour leur nouvelle monnaie : « livre écossaise » ou « picte », et c’est ce dernier qui a gagné. Le Picte est divisé en 100 sous.

Trop heureuse que l'Ecosse ait décidé de rester dans l'UE, Bruxelles a créé un « fonds de secours transitoire » spécial qui a compensé l’arrêt brutal des subventions après la scission.

Partout en Ecosse, de nouveaux projets d'infrastructure ont vu le jour, décorés du drapeau européen et de la Croix de Saint André, symboles de la nouvelle coopération entre l'Ecosse et les 27 autres membres de l'UE. Ces initiatives ont contribué à stimuler la croissance économique écossaise au sommet de la ligue européenne.

Ayant refusé de continuer à soutenir la Banque Royale d'Écosse inféodée au système monétaire britannique, la Banque Centrale Européenne a accepté d'aider l'institution en difficulté, et les parts du gouvernement britannique ont été transférées à l'Union européenne, faisant de cette entreprise le première directement nationalisée par l'UE.

Le marché immobilier d'Edimbourg a explosé comme jamais auparavant après l'indépendance. Chaque membre de l'UE et de nombreux gouvernements étrangers ont amélioré leur représentation diplomatique dans la nouvelle capitale pour lui donner un caractère mondial. De nombreux francophones ont émigré depuis le quartier Kensington de Londres vers la Nouvelle Ville où leur présence est particulièrement appréciée : les restaurants et les bistrots français sont devenus le « must » pour le « tout-Edimbourg ».

Après une série de querelles avec le président américain Pence, le refus du gouvernement écossais de conserver les armes nucléaires, d'accueillir des forces américaines sur le sol écossais ou de consacrer 2% du PIB écossais à la défense, a poussé le gouvernement d'Édimbourg à adopter une neutralité formelle sur les modèles suédois et irlandais. La plus grosse partie du budget de la défense écossais a été transférée à l'aide extérieure.

L’accent mis sur la promotion de l'éducation à tous les niveaux après l'indépendance, a fait de l'Ecosse le leader européen des arts et les sciences. La vague d'immigration a amélioré la démographie de l'Écosse, avec une main-d'œuvre jeune, disponible et qualifiée, capable de répondre aux attentes d’une population qui était devenue vieillissante et nécessitait des soins médicaux et une prise en charge sociale.

On ne sera pas surpris de constater que cette « renaissance écossaise » n’est reconnue qu’à contrecœur par les Anglais jaloux.


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