Vive la vie ! Et mort à la mort...

par VICTOR Ayoli
jeudi 12 mars 2015

 Je ne voudrais pas être dans la peau des députés et sénateurs sur le cas précis qu'ils ont à débattre actuellement : légiférer sur la vie ou la mort des gens. Pas facile, même pour un vieil athée viscéral comme moi. Sous la pression de très nombreux imbéciles heureux, les représentants du peuple doivent donc statuer sur la mise à mort des malades, des comateux, des vieux, des handicapés, des trop malades. Bientôt pourquoi pas des trop moches, des trop récalcitrants à l’idéologie dominante « pour abréger leurs souffrances », bien sûr. A la discrétion des autorités médicales ou à la demande des familles des « impétrants » à l’euthanasie.

Euthanasie, ça fait savant, propre sur soi, pas comme ces vieux qui bavent, pissent et se chient dessus. Et qui coûtent si cher à la Sécu ! Pourtant, le meurtre par empoisonnement d’une personne, ça a un nom précis : ASSASSINAT ! Mais c’est pas joli… Mais non, mais non. On ne va pas les empoisonner les « en-trop », on va « les endormir » jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Si c'est la décision de celui qui va mourir, décision clairement exprimée, avec des traces écrites indéniables, c'est acceptable. Mais ce qui me révulse, personnellement, c'est que cette décision puisse être prise par d'autres.

 Regardons les choses en face, « endormir » un malade jusqu'à la mort, c'est, entourée d'une montagne d'hypocrisie et de tartuferie, ni plus ni moins que le rétablissement de la peine de mort mais décrétée non pas par un jury populaire et des juges professionnels, mais par un collège de toubibs et de personnes de l’entourage du « patient » ! La porte ouverte à toutes les magouilles ou les intérêts les plus sordides le disputeront à la vraie compassion.

Il serait bon de jouer l’honnêteté intellectuelle : en finir avec la vie, est-ce la demande du malade ou celle de sa famille, de son entourage ? Il faut se méfier de ce premier réflexe qui se veut altruiste et compassionnel : abréger les souffrances du malade en accédant - voire en lui suggérant (la volonté affirmée de mourir « dans la dignité » nait dans l’esprit d’une personne consciente et lucide, bien en amont des angoisses du grabat, ce qui change tout !) – de mettre fin à ses jours.

Au-delà de l’euthanasie, l'assistance au suicide par respect de la liberté d'une personne qui veut mourir tangente la non-assistance à personne en danger. Ce qui compte, avant tout, c’est d’abattre la souffrance, pas de tuer le souffrant.

Ces lois sociétales soi-disant modernistes « d’optimisation de la vie » (euthanasie, suicide assisté, gestation pour autrui) seront-elles imposées à la masse populaire par les puissants lobbies de bobos influents ? (Ironie de la chose, c’est souvent les mêmes qui « s’offusquent » de la corrida de et des combats de coq !) Eux-mêmes manipulés par le culte du pognon de la société ultralibérale : élimination des gens qui ne seront plus productifs, économies conséquentes sur les retraites, remise à flot de la Sécu. Une journée d'hôpital coûte cher à la collectivité donc, en ces temps d'austérité, abréger la vie ou suggérer aux patients que ce serait mieux qu'ils cessent de vivre parce que leur vie est devenue indigne va faire faire à la société de substantielles éconocroques !

Attali a soulevé il y a quelques années (l'homme nomade) des réflexions sur l'avenir – attention, pas des prises de positions de sa part – qui sont dans l'air :

« Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte alors cher à la société ; il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement. »

« On pourrait accepter l’idée d’allongement de l’espérance de vie à condition de rendre les vieux solvables et de créer ainsi un marché. »

 « Dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons, l’allongement de la durée de la vie n’est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir. »

« L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures dans tous les cas de figure ...L’euthanasie deviendra un instrument essentiel de gouvernement. »

« Soleil vert », nous voilà...

C’est choquant ? Eh… Ouvrez les yeux. En Belgique, les vieux ont une peur panique d’aller à l’hosto. En Hollande (Pays-Bas), la question du vieillissement de la population et de son coût pour la société a été clairement posée puis lâchée tant elle choquait la population…

Et vive la VIE, bordel ! Même merdique.

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