Voulez-vous être Président de l’Europe ... et plus si affinités ?

par armand tardella
samedi 28 janvier 2017

Voulez vous être Président de l’Europe

… Et plus si affinités

 

Introduction

Cet article s’adresse, en particulier, aux personnes, ou groupes de personnes, qui ont un peu de pouvoir, politique, économique, culturel ou spirituel, et qui peuvent par conséquent être suivis par une part non négligeable de la population.

Si, par ailleurs, vous êtes convaincu que l’Union Européenne ne va pas très bien, qu’elle ne correspond plus aux attentes des populations qui la composent, mais que néanmoins la coopération entre les peuples est sinon souhaitable, au moins nécessaire, alors cet article peut vous indiquer comment, légalement et en toute indépendance, vous pouvez contribuer à prendre les rênes, économiques, et de fait politiques, si ce n’est de l’Europe, au moins d’une large zone Européenne… et de fait devenir une sorte de Président de l’Europe. Ce qui vous est présenté ici peut aussi fonctionner dans d’autres régions du Monde. (Voir en fin d’article).

 

Quel pouvoir ?

Tout d’abord, quel pouvoir minimum vous faut-il détenir pour avoir une chance de réussir ? : il faut que vous soyez capable, nous verrons pourquoi plus loin, d’être « suivi », quelle qu’en soit la manière, par environ un million de personnes, incluant des particuliers pour la plupart mais aussi une bonne proportion d’entreprises diversifiées. Vous pourriez, pour fixer les idées, être le patron d’une grande entreprise, comme par exemple un opérateur téléphonique, ou un site marchand, ayant quelques millions de clients, dont une partie pourrait être séduite par une offre complémentaire que vous pourriez leur faire. Vous pourriez être un homme politique, potentiellement soutenu par quelques millions d’électeurs dans un pays d’Europe avec des sympathisants dans des pays voisins, qui pourraient vous « suivre » comme les Indiens ont suivi Gandhi lorsqu’il s’est mis en mouvement, bravant l’interdiction du gouvernement Britannique. Vous pourriez alors les conduire à développer le projet décrit plus loin. Vous pourriez tout aussi bien être un dignitaire religieux, voire un sportif de haut niveau, susceptible d’être suivi par plus d’un million de fidèles, ou de supporters en Europe.

 

Quel vouloir ?

Pourquoi voudriez-vous présider aux destinées de l’Europe ? Probablement parce que vous ne croyez plus que la classe politique soit capable de redresser la situation actuelle à court ou moyen terme. Parce que les divergences d’intérêts et de visions sont telles qu’une action politique immédiate cohérente et coordonnée n’est pas possible. Peut-être aussi parce que vous pensez que pour retrouver la prospérité, il serait justement nécessaire qu’une action politique cohérente et coordonnée, au niveau du continent, puisse voir le jour d’une manière ou d’une autre. Peut-être aussi, parce que vous pensez qu’aucune politique de développement et de relance un peu ambitieuse ne peut être spontanément acceptée par le plus grand nombre, et dans plusieurs pays à la fois, et qu’il est nécessaire de la faire émerger d’une autre manière, comme émergent les innovations d’une communauté de pionniers dispersés dans plusieurs pays.

 

Quel savoir : comment faire ?

Un banquier de renom aurait dit : « donnez-moi le contrôle de la monnaie, et je me fous de qui fait les lois ». Si cette allégation n’était pas vraie, elle aurait pu l’être, vu ce que l’on vit aujourd’hui.

Ainsi, si vous souhaitez devenir « Président de l’Europe », il vous faut détenir le contrôle de la monnaie. Pourtant, ce ne peut être l’Euro, pour de nombreuses raisons plus ou moins évidentes pour tout le monde. Et d’ailleurs, ce ne peut être une « monnaie classique », mais plutôt quelque chose qui possède la fonction d’une monnaie, mais qui n’en est pas une. En effet, vous ne pouvez pas contrôler une « vraie » monnaie, car celles-ci sont déjà contrôlées par des organismes très règlementés ; par ailleurs, vous ne pourriez rien faire d’autre qui n’existe déjà, rien d’autre qui ne conduise in fine à la situation actuelle. En fait, il vous faut un système de comptabilisation des échanges, et l’on pourrait dire « tout simplement ».

En effet, si vous êtes capable d’être soutenu par environ un million de personnes, qu’elles soient clients, adeptes, sympathisants ou fans, et que vous pouvez les convaincre de se rassembler, disons, au sein d’une coopérative d’achat-vente, c’est-à-dire d’échanges, vous aurez créé, de fait, un système monétaire. Ce ne sera pas juridiquement un système monétaire, mais il en aura les fonctions ! Car, tous vos « suiveurs » détiendront, comme il se doit, un « compte » utilisateur dans cette coopérative, qui comprendra en outre un compte d’échanges, agissant comme un compte bancaire. Vous aurez demandé à vos coopérateurs, constitués par une majorité de particuliers et une bonne proportion d’entreprises, d’inscrire sur le site de la coopérative, toutes leurs offres de produits et services, et éventuellement leurs besoins. Vous aurez ainsi constitué une coopérative d’achats et de vente, tous produits et tous services, et vos suiveurs pourront s’acheter et se vendre des produits et services entre eux. Pour payer, ils inscriront simplement leurs transactions sur leur compte d’échange, sans transactions financière. Lorsqu’ils vendront, leur compte augmentera, et lorsqu’ils achèteront, leur compte diminuera, comme un compte bancaire, car ils pourront compenser leurs achats par leurs ventes. Ce système est le seul moyen de réaliser la compensation des comptes sans être une banque ou une société financière, car la compensation est réalisée sur le même compte « client », alternativement créditeur et débiteur. Vous disposez-là d’une banque, et même d’une banque centrale, qui n’en est pas juridiquement une.

Jusque-là, rien de vraiment nouveau sous le soleil ! Ce qui vient d’être décrit, est une société d’échange marchandises, comme il en existe des milliers dans le monde. Elles ont généralement quelques milliers de clients, ce qui est malheureusement inférieur au seuil critique nécessaire pour fonctionner réellement comme une banque. En effet, pour ces sociétés, le réseau des clients est trop petit pour que chacun puisse trouver dans la coopérative une part significative de ce dont il a besoin. Les dirigeants de la coopérative sont donc obligés de parcourir le monde pour trouver des produits pour leurs clients, et des clients pour leurs produits. Ce sont donc essentiellement des commerciaux, contraints de prendre des marges commerciales élevées, incompatibles avec le fonctionnement d’une banque. La seule société d’échange marchandises qui puisse être considérée comme une banque est la société coopérative d’échange marchandises suisse WIR qui possède environ 100 000 clients, et qui de ce fait a un fonctionnement de type bancaire, car ses marges commerciales sont de l’ordre du taux de gestion bancaire.

Mais si vous voulez vraiment devenir Président de l’Europe, il vous faut aller plus loin !

Ce qui fera la différence, ce sera votre capacité à définir et à mettre en oeuvre une politique de développement économique et social pour votre réseau, ainsi que votre capacité à faire croître le nombre de vos fans de 1 à 100 millions.

Définir une politique « de relance », de développement économique et social qui corresponde aux besoins des coopérateurs ne paraît pas très compliqué. Quelques enquêtes, quelques analyses de besoins et de fonctionnement du réseau, un peu d’audace et d’initiative suffiront. Par contre la mise en œuvre est plus délicate, et en particulier en terme de financement des plans de relance. Cependant, avec une coopérative d’échanges, vous pouvez disposer déjà d’une « banque centrale », Vous pouvez donc classiquement créer une dette pour financer votre politique de relance, mais avec l’avantage d’être certain de ne pas créer de déficit commercial, car cette dette-là ne peut être dépensée que dans le réseau. De par la nature même de votre système monétaire, ce qui est introduit dans le réseau, reste dans le réseau. Mieux, acheter quelque chose à l’extérieur revient à intégrer un nouveau suiveur, et ainsi accroître votre réseau.

En revanche, il faudra rembourser la dette, et la rembourser de manière absolument certaine, sans risque. Il vous faut ainsi mettre en œuvre un mécanisme innovant d’assurance de remboursement de la dette. C’est ce point précis qui change tout ! Si vous voulez faire ce que les autres n’ont pas réussi à faire avant vous, si vous voulez être Président de l’Europe, vous devez introduire, et faire accepter dans votre réseau, une innovation dans le système monétaire et financier, une innovation qui leur procurera des avantages par rapport à ce qui existe déjà, et qui par conséquent attirera d’autres suiveurs dans votre réseau.

L’innovation consiste à faire payer une « cotisation d’assurance de remboursement de la dette » à ceux qui ont un compte créditeur. En pratique, il s’agit de prélever 0,5% par mois sur tous les comptes créditeurs pour rembourser la dette. C’est l’inverse du système actuel, où ce sont ceux qui ont des comptes débiteurs qui paient des intérêts. Dans le système actuel, le remboursement de la dette n’est pas assuré, et nous le constatons tous les jours, alors qu’avec cette innovation la dette est toujours remboursée. En effet, le remboursement de la dette est quasiment indexé sur la dette elle-même, et par conséquent, il est toujours possible de financer les plans de relance qui auront été conçus. En définitive, vous « assurez » ainsi, au sens propre et au sens figuré », le pilotage et la prospérité économique et sociale de votre réseau.

Bien sûr, il faut réussir à convaincre, et pour tout dire « vendre », ce principe à vos suiveurs, car, changer le système monétaire et financier, c’est aussi changer le comportement de ses utilisateurs ; les banquiers et les financiers ne sont pas les seuls en cause.

Mais ce n’est pas aussi compliqué qu’il n’y paraît. Car si vous garantissez la prospérité à vos suiveurs, ils posséderont les moyens de payer la cotisation d’assurance. Et ils la paieront, car ce sera leur intérêt.

Cependant, pour devenir Président de l’Europe, il vous faudra encore faire croître le nombre de vos fans, d’un facteur 100.

La réponse à cette question est d’ordre purement marketing. Il faut bien comprendre que les dysfonctionnements du système monétaire et financier depuis 40 ans ont créés les désordres économiques, sociaux, voire géopolitiques, que nous connaissons aujourd’hui. Corriger, par une innovation, ces dysfonctionnements doit apporter à ceux qui en bénéficient un avantage « concurrentiel » par rapport aux autres. Si vous mettez à disposition de vos suiveurs une offre innovante de système monétaire et financier qui leur procure un avantage économique, votre nouvelle offre se propagera classiquement par le marché comme se sont propagées les offres Google, Facebook, Amazon, etc. ou n’importe quelle offre marchande.

Le mécanisme de propagation sera schématiquement le suivant. Lorsque vous aurez mis à disposition de votre premier million de suiveurs le nouveau système d’échange et de relance interne, ceux-ci commenceront à créer du chiffre d’affaire additionnel dans le réseau grâce au mécanisme de compensation. Cependant, posséder un million de clients, c’est un pouvoir attracteur pour de nouvelles entreprises, désireuses de vendre dans votre réseau. L’offre que vous ferez à ces nouveaux entrants consistera à les autoriser à vendre dans votre réseau, s’ils achètent aussi dans le réseau, en utilisant le compte de compensation. L’accroissement du nombre d’entreprises dans votre réseau de suiveurs augmentera alors l’offre de produits et services disponibles dans le réseau. Ceci attirera d’autres acheteurs potentiels, et augmentera le nombre de vos suiveurs. Et ainsi de suite. Avec une bonne stratégie marketing et communication, l’objectif de 100 millions de suiveurs en Europe paraît raisonnable en quelques années.

A ce moment-là, vous serez, de fait, Président de l’Europe, parce que votre coopérative sera capable de réguler, ou plutôt piloter, l’économie, voire la politique sociale, d’un quart de l’Europe. Bien sûr vous n’aurez pas été élu pour cela, mais 100 millions de clients-suiveurs, vous auront choisi. On peut considérer que c’est aussi une certaine forme de démocratie, considérant, on peut s’en apercevoir tous les jours, que les démocraties classiques actuelles ne sont pas toujours aussi démocratiques qu’elles le prétendent.

 

Conclusion : Vouloir-savoir-pouvoir

Lorsque j’étais jeune consultant, mes patrons enseignaient que pour développer une stratégie, il faut conjointement du vouloir (une vision), du savoir (des compétences), et du pouvoir (les moyens humains, financiers, etc.). Si vous avez le pouvoir nécessaire, une vision vous pourrez compter sur mon savoir.

Mon savoir ? Je l’ai tiré de diverses réflexions, analyses et surtout de l’expérience que j’ai menée il y a déjà une vingtaine d’années. J’ai mis en place ce système à petite échelle, dans le Système d’Echange Local de Saint Quentin en Yvelines que j’ai créé en 1995. J’ai mis en œuvre la politique de relance et le mécanisme de remboursement de la dette indiqué ci-dessus, dans une association de 100 personnes. Les résultats ont été conformes aux attentes : le flux des échanges a été triplé d’un mois sur l’autre, et le principe du paiement de la cotisation d’assurance a été très bien accepté. J’ai supervisé cette expérience avec succès pendant 4 ans.

En 1998, J’ai fait paraitre un article dans Le Monde où les principes de ce projet étaient esquissés ; ultérieurement, d’autres articles, dans d’autres media, sont venus préciser la démarche. Vous pouvez consulter l’article relatif au fonctionnement et aux fondements du système à l’adresse suivante : http://www.agoravox.fr/auteur/armand-tardella

Comme, je le précisais en début d’article, ce qui est décrit ici peut s’appliquer à toute autre région du monde que l’Europe. Vous pourriez tout aussi bien vouloir devenir « Président » d’un autre continent, ou d’une région à cheval sur deux ou plusieurs continents. Toute cette démarche s’appliquerait avec quelques adaptations « locales ». Il est possible aussi d’imaginer d’autres conditions de démarrage que celle décrite ici. La force de cette démarche « politique », réside dans le fait qu’elle peut être déployée de manière totalement indépendante des gouvernements et des institutions du fait de sa nature « purement commerciale ». Elle s’adapte ainsi, en les « absorbant », toutes les règlementations, bancaires, fiscales et commerciales, nationales et internationales.

Il semble peu probable, malgré les divers changements politiques qui se profilent à l’horizon, que la crise économique internationale à laquelle de nombreux pays sont confrontés ne se résorbe bientôt. Car nous sommes, pour la plupart d’entre nous, pris dans un étau monétaire et financier implacable. Et comme je le disais plus haut, les banquiers et les financiers ne sont pas les seuls à avoir construit cet étau. Nous y avons tous plus ou moins contribué par notre comportement économique, que les banquiers et les financiers ont accompagné. Pour desserrer cet étau, il est nécessaire de changer les règles du jeu monétaire et financier par une démarche nouvelle, telle qu’esquissée dans cet article.

Ceci est toujours possible, car l’économie physique (par opposition à l’économie virtuelle), c’est de fait le commerce, la comptabilité commerciale d’une centrale d’achat-vente constitue de fait un système monétaire, et l’acte d’achat représente de fait un vote.


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