Voyage en Egypte, le point de non retour

par Imhotep
lundi 31 décembre 2007

Voilà qu’en quelques jours Sarkzoy aux abords du Nil vient de nous faire un concentré de ce qu’il y a de pire en politique. Le point de non-retour est atteint, et si certains parlent de rupture c’est de fracture ouverte dont il faut parler, d’une fracture qu’aucune attelle ne pourra soutenir et qu’aucun spin doctor ne pourra plus réduire.

Sarkozy nous a parlé de rupture et pour expliquer certains de ses actes qu’il n’avait pas à se cacher. Ses thuriféraires, contrairement à toute vérité, nous parlent alors de transparence et qu’évidemment cela nous change du passé. On assiste là à une manipulation intellectuelle et à un glissement du jugement à émettre sur un acte sur celui de le reconnaître. On confond franchise et arrogance, authenticité et morgue. Ensuite il y a un amalgame étrange entre le fait d’être authentique dans tout acte et ce qui est une qualité. Juste un exemple : j’avais lu cette définition qui me plaît : "la franchise n’est pas de dire tout ce que l’on pense, mais de penser tout ce que l’on dit". En effet qu’elle serait la qualité d’un homme qui par franchise se moquerait avec force et méchanceté de la laideur d’une autre personne sensible et complexée ? Ah pour sûr il serait franc, mais d’une part son avis n’intéresse peut-être personne et d’autre part il ferait un mal bien lourd pour qu’il puisse se targuer d’être franc. Ceci s’accole parfaitement au comportement de Sarkozy et à la défense qu’en font ses affidés. Ainsi suffirait-il de dire qu’au moins il ne se cache pas de bénéficier d’avantages immoraux de ses amis milliardaires pour que cela nous interdise le droit de juger ses actes. Du fait même qu’il le montre cela l’absout de ce qu’il fait de répréhensible. De ce raisonnement frelaté on pourrait dire qu’un assassin du simple fait qu’il le crie sur les toits qu’il a tué et que c’est dans sa nature pour que l’on s’exclame : "quel homme authentique (il fait ce qu’il veut sans complexe) !" et "quel homme transparent (il dit ce qu’il a fait) !" Ce comportement d’exhibition correspond exactement à celui des voyous, des trafiquants de drogues qui ne peuvent s’empêcher de s’acheter des voitures de luxe et de parader avec au vu et au su de tout le monde. Vouloir dévoyer notre regard de l’acte vers la "transparence" n’est que de la communication et procède d’un esprit plus fanatique que réfléchi pour ceux qui reprennent ces formules en chœur et infiniment plus inique pour ceux qui les envoient comme des poulets, des amants à leurs maîtresses, les hommes de communication du lider Minimo. Ceux-ci n’ont strictement aucune référence morale, et n’agissent qu’en rapport d’un gain d’image potentiel.

Pourquoi ce voyage en Egypte serait-il le point de non-retour ? Parce qu’à lui tout seul il cumule toutes les contradictions de ce triste personnage qui nous gouverne et tous les arguments honteux de ses défenseurs. Voici ce que l’on nous a dit : Cécilia est la femme de la vie de Sarkozy, avec Carla Bruni Sarkozy joue à la transparence et fait à visage découvert ce que faisaient ses prédécesseurs dans les alcôves, cette histoire Sarkozy/Carla Bruni est un conte de fées (Disney) quant le pape de la communication et du retournement de veste électoral a assisté en direct à ce coup de foudre à devenir légendaire, au pape Sarkozy lui a dit : « Ce que j’ai le plus à cœur à vous dire, c’est que, dans ce monde obsédé par le confort matériel, la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d’affirmer ce qu’ils sont et ce en quoi ils croient » et enfin on a reçu avec honneur et plats en argent le cheik du désert car il faut parler à tout le monde. Ce dernier argument repris avec force par tous les admirateurs de notre guide à nous.

Que nous apprend ce voyage dans la vallée des rois (il a dû se dire qu’il y avait sa place) ? Il nous apprend que le deuil de son amour est extraordinairement court et qu’il se remet facilement d’un amour de sa vie. Pour ceux qui sont passés par là, ils savent bien qu’il faut quand même un peu plus de temps. Mais cela n’est pas l’essentiel, même avec en juillet petit bisou public alors que la première dame de France n’avait même pas voté pour lui au second tour ce qui affirmait clairement donc qu’elle ne voterait pas pour lui ce qui par voie de conséquence veut nous démontrer sans fard que ce bisou du mois de juillet était une mascarade pour la presse. En effet les thuriféraires du nouveau gouvernant en chef de la France nous parlent de transparence et que lui nous montre ce que les autres faisaient à l’ombre de chambres obscures. Or ce raisonnement repris par les caciques de l’UMP joyeusement relayé par la presse aux ordres c’est que Sarkozy est divorcé (deux fois même plutôt qu’une). Cette comparaison déviante qui paraît anodine entre des relations extra-conjugales et cachées et une relation non adultère, car ni l’un ni l’autre ne sont mariés, permet par ce rapprochement mensonger de faire croire à une espèce de nouvelle transparence. Premier point cette aventure au grand jour n’est donc en rien une transparence en regard de liaisons hors du lit officiel. Second point et ce n’est pas mince, cela camoufle une liaison extra-conjugale, un adultère donc, de Sarkzoy avec Ana Fulda dont un enfant serait né. Ainsi les chiens de garde de Sarkozy qui nous aboient du Mitterrand et Mazarine à chaque fois qu’on parle de Carla Bruni ne mouftent-ils mot quant à Ana Fulda, du secret qui entoure cette liaison et qui est donc comme celles des autres hommes politiques, secrète, protégée et sans transparence. Mais là où notre chef de sous-gare atteint le sommet de l’ignominie c’est qu’il fait faire un sondage ou des sondages afin de savoir ce que pensent les Français de sa relation privée/publique ou publique/privée avec Carla Bruni. Ainsi en est-il de cet homme amoureux qui fait sonder l’opinion des Français sur son "amante" et sur leur couple. C’est purement à vomir.

Lors de sa visite au pape, notre très chrétien roi de France a rappelé nos racines religieuses et, tout double divorcé qu’il était et après avoir été au moins une fois en péché d’adultère, a fustigé « ce monde obsédé par le confort matériel ». A peine quelques jours après ce grand exercice de courbure d’échine devant le représentant du Divin sur terre, il utilise l’avion de Boloré au mépris de la morale, au mépris de ces mêmes paroles, en contradiction avec ses déclarations de son voyage aux Etats Unis "en avion de ligne" (l’avion de Boloré n’avait pas assez d’autonomie peut-être) pour des vacances payées par deux fournisseurs de la première dame de France de l’époque qui a disparu depuis de façon tristement brutale et définitive des médias (ah la fidélité de la presse à son tirage) et enfin au mépris du Grenelle de l’écologie. Il va dans un hôtel à 1 000 euros la nuit (cinq suites réservées pour lui à ce prix plus 15 chambres à 750 euros en somme plus d’un an de Smic pour une nuitée on a vu mieux). Le confort matériel est haïssable, non ? Et à propos de transparence, la vraie serait de nous dire : le coût et qui paye quoi.

Enfin ce voyage se termine au Caire avec un Sarkozy ministre des Affaires étrangères qui rompt les liens de la France avec la Syrie. Nous en avons entendu des vertes et des pas mûres lorsque nous disions que la réception du Man in Black du désert n’était pas dans la digne ligne de notre pays, pauvre pays qui sombre dans le ridicule et le grand n’importe quoi. Il fallait parler à tout le monde. Mais tiens on ne parle plus avec Assad qui lui aussi pourtant clame qu’il n’est pour rien dans le terrorisme international. Il y a quelques semaines on recevait un tyran sanguinaire car il faut parler à tout le monde et ceci applaudi par les UMPistes et autres électeurs satisfaits, maintenant il ne faut plus parler avec la Syrie. D’un côté celui qui est responsable de la mort de seulement un peu plus de 100 Français, ce qui nous touche quand même un peu, et de l’autre un demi-sel qui alimente en armes les terroristes palestiniens et libanais et fait tuer à la petite semaine quelques personnalités dérangeantes.

Ce qui m’étonne définitivement c’est comment l’on peut, si l’on a un tout petit peu d’honnêteté intellectuelle, après ce voyage en Egypte soutenir encore cet homme qui, un mois après avoir fustigé le confort matériel et serré joyeusement la main d’un preneur d’otages en babouche, se promène en Nabab en jet privé et rejette un Etat alors qu’il faut parler à tout le monde.

Pour moi, ce voyage en Egypte est le concentré définitif que rien n’est récupérable, que le mode d’action de Sarkozy est coulé dans le marbre de la réaction médiatique instantanée, privée de toute réflexion, la contradiction insoutenable entre les paroles et les actes, le comportement d’un voyou arriviste et qu’il n’y aura de ce jour plus jamais de la part de notre lider Massimo la possibilité de trouver un peu de sagesse et de dignité.


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