Wikipedia, Agoravox : comment les détruire ?

par Voris : compte fermé
lundi 16 juillet 2007

Le pouvoir citoyen devient de plus en plus gênant pour le pouvoir politique et pour une certaine presse traditionnelle. La décrébilisation des nouveaux médias comme Wikipedia et Agoravox n’ayant pas permis de réduire leur influence, les grandes manoeuvres sont lancées. Une offensive sans précédent contre Wikipedia et Agoravox est engagée par les pouvoirs en place.

Sciences Po Paris vandalise Wikipedia :

On savait Pierre Assouline en guerre contre les « Wikipédiens » depuis son article sur son blog, le 9 janvier dernier, où il critiquait le manque d’objectivité dans le traitement par Wikipedia de l’affaire Dreyfus. Depuis, Assouline s’efforce par tous moyens de convaincre ses étudiants de dénoncer et d’attaquer la célèbre encyclopédie en ligne. Appelons cela de la pédagogie si vous voulez... Mais, face à l’engouement généralisé pour Wikipédia, y compris parmi ses étudiants, son entreprise risquait d’être longue et vaine. D’où l’idée d’introduire volontairement un Cheval de Troie, de vandaliser ce media. L’expérience se pare bien entendu des vertus de l’utilité scientifique ! Il s’agit d’une conduite de projet, tout ce qu’il y a de sérieuse pour ces étudiants de cinquième année de l’école de journalisme de Sciences Po. Sauf, que le projet est largement suggéré et officiellement encadré par leur professeur et écrivain Pierre Assouline. De quoi s’agit-il ? On introduit des erreurs dans des articles existants sur la version française de Wikipedia, et on attend de voir combien de temps il faut pour que ces erreurs soient corrigées. "Notre conclusion, explique Béatrice Roman-Amat dans une entrevue audio diffusée par Le Monde, c’est que c’est un outil parmi d’autres, et qu’il ne faut pas du tout que ça supplante tous les autres outils d’accès à la connaissance. Mais qu’il est tout à fait possible de faire un usage intelligent de Wikipedia."

On le voit, la conclusion de l’étude se veut neutre mais l’opération menée ne l’est pas ! Elle prépare le terrain aux acteurs épris de pouvoir et d’argent. Ainsi l’ogre Larousse prépare un projet sur internet pour la rentrée. On ne sait pas si la gratuité est prévue, mais même si c’est le cas, on sait que ce géant du livre aura de quoi se satisfaire des retombées publicitaires. L’opération de sape menée par Sciences Po présente un autre intérêt ; elle permet de pointer du doigt une faiblesse des "wikis" : le délai trop long de rectification d’une donnée erronée. Cet argument pourrait s’avérer décisif pour le pouvoir politique en place qui voit d’un mauvais oeil la diffusion trop rapide d’informations sur le Web 2.0. Le pouvoir préfère le filtrage de la dépêche AFP, qui est recopiée par tous les journaux. C’est un processus assez lent qui laisse du temps au pouvoir (à ses nombreux experts en communication qui exercent une veille permanente) pour intervenir sous forme de contre-information ou par toute autre manipulation. Mais que faire lorsqu’un clip de Sarkozy au G8 est publié sans préavis sur YouTube ou qu’une information gênante de la biographie d’un personnage du pouvoir est révélée sur le web ? Le gouvernement veut le contrôle de tout. Ainsi la suppression opportune de certaines émissions comme Arrêt sur images. Il avait réussi auparavant à arrêter les images de violence filmées par les particuliers. Il veut désormais aller plus loin en empêchant les non-journalistes d’écrire des articles.

Sur la polémique autour de Wikipedia :

Libération : Wikipédia se trompe à tous vents

Agence science presse : Controverse à la sauce Wikipédia

Wikinews : Quand des étudiants de Science Po vandalisent Wikipédia...


Agoravox non grata :

Par son éditorial du 13 juillet 2007, Eric Fottorino, nouveau directeur du journal Le Monde annonce la future politique de son journal. Il s’en prend aux "pseudos médias alimentés par de pseudo-journalistes" et au "journalisme dit citoyen ou participatif", aux "entreprises de désinformation qui se parent des habits de la vertu". Certes, ce n’est pas nouveau. Son prédécesseur, Jean-Marie Colombani, avait habilement appelé à voter pour Ségolène Royal dans le but de faire barrage à François Bayrou, trop plébiscité, à son goût, sur la toile, et favorable au développement de la citoyenneté par les nouvelles technologies. Mais cette nouvelle initiative est de plus grande envergure encore. Elle vise à donner un coup de main à l’UMP qui souhaite rapidement réduire le pouvoir des journalistes citoyens mais sans parvenir pour l’instant à obtenir l’assurance que son action de censure ne sera pas à l’origine d’une rébellion massive des internautes et des médias traditionnels. Un projet de décret avait d’ailleurs été évoqué durant la campagne présidentielle. Aujourd’hui, il faut préparer les esprits à cette future réforme et Le Monde va s’y employer, au nom de la "déontologie" dont se réclamait le projet de décret de janvier 2007. C’est le seul argument possible car le journal n’est pas en baisse d’audience ni de recettes, loin de là. Il le fait savoir d’ailleurs lui-même dans sa publicité :

"Les performances du Monde se confirment en mai ! Après d’excellentes performances au mois d’avril, Le Monde et Le Monde.fr confirment leurs bons résultats au mois de mai. La Diffusion France Payée du Monde a atteint 341 000 exemplaires soit une hausse de 9,3 % vs mai 2006. Les ventes au numéro ont progressé de 15,7 %. Lemonde.fr a reçu 3 630 000 visiteurs uniques (Mediamétrie/NetRatings mai 2007) et a battu son record de visites et de pages vues avec 48 millions de visites et 167 millions de PAP Xiti certifiées OJD (Mai 2007)."

Sur la question du contrôle des médias citoyens par le gouvernement :

Le Monde s’en prend au média citoyen !, par AB

Notre gouvernement fait planer de nouvelles menaces sur la liberté d’expression et internet, par Quitterie Delmas.

La déontologie du journalisme serait-elle supérieure à la liberté d’expression du citoyen ?

Aux claviers, citoyens !

La Taverne des Poètes


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