Woerth : et ça continue, encore et encore

par Imhotep
mercredi 4 août 2010

Les ministres viennent de partir en vacances, Nicolas Sarkozy, après avoir mis le feu aux poudres et lancé sa campagne électorale avec son sujet recuit et fétiche, à Cap Nègre, comme quoi l’ironie se niche un peu partout, ayant reçu au château ceusses qui devraient être déchus de leur nationalité par réciprocité à la demande de leur pays d’origine pour que ces derniers récupèrent leur médaille, tous ces Diniz, Soumaré, Mekhiss et autres Yalouz, mais il y a des affaires qui, comme les feux de tourbe en Russie, couvent à un mètre sous terre parcourent des kilomètres avant de s’attaquer aux racines d’un marronnier avant de l’embraser comme une allumette trempée dans de l’essence.

 Libération est cette autre incendie qui couvait. Il aurait la preuve incontestable que l’Immaculé Eric serait intervenu dans une affaire de fraude fiscal, usant de tout son poids afin que celle-ci se solde avec un bonus de 27 millions d’euros, pénalités de mauvaise foi annulées. Le Post nous dit ceci : Mais selon Libération, Eric Woerth serait intervenu lors de la succession du sculpteur César (le créateur des statuettes que l’on remet aux Césars du cinéma).
 
230 oeuvres n’auraient pas été déclarées dans la succession, entraînant un très lourd redressement fiscal.
 
Mais à la suite de pourparlers avec l’exécuteur testamentaire du sculpteur, Alain-Dominique Perrin, par ailleurs grand donateur de l’UMP, Eric Woerth aurait procédé à une "révision de passif fiscal".
 
Quand à Libé, qui ,dans son article non payant, révèle une partie de l’affaire, nous dit ailleurs grâce à l’AFP, cela : Libération reproduit des extraits d’une lettre datée du 24 avril 2008 et signée d’Eric Woerth qui, selon le journal, "démontre sans ambiguïté qu’Eric Woerth a fait peser tout le poids de sa fonction pour obtenir un dégrèvement fiscal" sur cette succession.
 
Nous savons que l’Immaculé avait dit ne jamais être intervenu dans aucune affaire fiscale, mais nous savons aussi par l’IGF, à qui on a posé les bonnes questions afin de blanchir le ministre (du reste voici un lapsus de l’Eric assez révélateur (Marianne2) :  Et de répondre en sortant ce qui selon lui est l’arme fatale : « L’inspection des finances a fait un rapport extrêmement détaillé pour montrer que je n’étais jamais intervenu. » Thierry Guerrier sèche devant l’argument d’autorité, et ne relève pas le lapsus d’Eric Woerth « un rapport extrêmement détaillé POUR montrer que je n’étais pas intervenu ». Ah bon !) qu’il existait une cellule spécialisée pour traiter les dossiers sensibles au sein du ministère contredisant de facto son affirmation, qu’il a reçu deux fois Maistre pour deux affaires fiscales dont une d’un de ses proches avec pour résultat aucun redressement. Nous savons par ailleurs qu’il y a eu un étrange dîner deux jours après le vol d’un certain Peugeot, membre du Premier cercle, qui s’était fait cambriolé et dont l’or volatilisé était passé de 500 à 150 mille euros, juste le montant déclaré à l’ISF.
 
Nous savons que l’Immaculé nous avait dit à peine connaître Maistre, malgré la légion d’honneur dont on apprend que son ministère aurait fait partie de ceux qui aurait insisté pour que grand chambellan l’obtienne(Selon les premiers résultats de l’enquête, la demande remonte à la présidence de Jacques Chirac. Elle émane d’un avocat, Jacques Rossi, ancien collaborateur de Vincent Bolloré. Après l’élection de Sarkozy, plusieurs interventions se conjuguent, dont celle du cabinet d’Eric Woerth. C’est finalement Jean-Louis Borloo, lors de son bref passage au ministère de l’Economie, qui signera le décret. Patrice de Maistre fait partie de la promotion du 14 juillet 2007.), malgré les agendas, malgré les mémo et le CV de l’épouse du mari, malgré ce que nous découvrons comme ceci (l’Express) : 
 
Depuis plus d’un mois maintenant, Eric Woerth est accusé de conflit d’intérêt dans l’affaire Bettencourt. Il nie tout en bloc, ce qui ne met pas fin à l’histoire. Ni au débat sur la notion même de conflit d’intérêt, qui ne fait que commencer et pourrait bien dépasser le cas des époux Woerth pour s’étendre à d’autres exemples. Sébastien Proto, par exemple, qui fut le directeur de cabinet d’Eric Woerth au ministère du Budget et qui l’a suivi au Travail.
 
 
Sébastien Proto et Eric Woerth, ici lors d’une rencontre avec les syndicats, dans le cadre de la réforme des retraites, le 12 avril 2010 (AFP/ Jacques Demarthon)
 
Sébastien Proto est en effet un ami d’Antoine Arnault, le fils du milliardaire Bernard Arnault, patron de LVMH. On peut certes comme le Nouvel Obs rappeler que l’ex-femme de Bernard Arnault, qui est aussi la mère d’Antoine Arnault, est mariée à Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et contribuer à cerner un peu plus les contours de cet univers. Mais cette simple amitié n’a, jusque là, rien à voir avec un quelconque conflit d’intérêt.
 
Là où ça coince, c’est que Sébastien Proto a été l’un des principaux artisans de l’élaboration du projet de loi d’ouverture des paris en ligne, qui a été adopté par le Parlement juste à temps pour la Coupe du monde. Or la famille Arnault est justement très liée au monde du jeu et des paris en ligne. Antoine Arnault, par ailleurs directeur de la communication de Vuitton, est en effet un joueur de poker de très bon niveau.
 
Surtout, il vient de signer un contrat de sponsoring avec Bwin pour représenter la marque de paris en ligne sur les tables de poker. Même si le groupe a critiqué les contraintes de la loi, Bwin a tout de même demandé et obtenu plusieurs licences, sur les paris sportifs et le poker. Il faut aussi rappeler que Bernard Arnault est actionnaire du même Bwin et de Betfair, le leader mondial des paris en ligne
 
et cela (L’Express) : Bien malgré lui, Eric Woerth reste l’une des vedettes de l’enquête. Son rôle dans la collecte de fonds au bénéfice de l’UMP, dont il fut officiellement le trésorier jusqu’à vendredi dernier, intrigue. De même que celui d’un membre fort discret de son entourage, Eric de Sérigny. Cet aristocrate, fils du directeur de L’Echo d’Alger pendant la guerre d’Algérie, occupe au cabinet du ministre du Travail une fonction officieuse, comme précédemment au Budget. Il fait bénéficier le ministre de son épais carnet d’adresses dans le monde des affaires. Il a aussi contribué à la création d’un club sélect, le W 19 (W pour Woerth et 19 pour le nombre de ses membres). Le but de ce réseau bon chic bon genre est d’appuyer la carrière politique du maire UMP de Chantilly (Oise). Avant l’affaire Bettencourt, sa réussite était flagrante : le nom d’Eric Woerth circulait comme un probable successeur de François Fillon au poste de Premier ministre.
Eric de Sérigny est aussi une relation de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Outre leur appartenance à la noblesse, les deux hommes ont en commun un entregent certain. Ils ont ainsi collaboré activement à la création du Premier cercle, un autre club huppé, qui rassemble depuis la campagne présidentielle 2007 les patrons et hommes d’influence favorables à Nicolas Sarkozy. Tous ont versé une obole importante à la cause du candidat. Depuis son élection, le président de la République dîne en compagnie de ces généreux donateurs une fois par an. Et ceux-ci continuent de s’acquitter d’une cotisation annuelle.
 
Ajoutons qu’un autre personnage est intervenu dans cette loi. Il s’agit d’Hubert Monzat, celui qui a autant d’entregent et qui a fait entrer Woerth dans les petits papiers de l’Aga Kahn, et qui était devenu conseiller spécial du ministre ensuite pour préparer la loi sur les jeux en lignes, et qui sans doute pour remerciement a été nommé directeur général de France Galop, ayant pour filiale le PMU, largement bénéficiaire de la loi qu’il avait concoctée. Après cela l’Immaculé nous dit ne pas connaître Maistre. Après cette nouvelle révélation de Libé sur la succession César, il nous dit ne pas être intervenu dans des affaires fiscales. N’oublions pas non plus les deux ou trois courriers qui lui sont parvenus de la part de l’avocate de la veuve Wildenstein dénonçant les irrégularités fiscales, lettre restée morte. Et n’oublions pas ce Premier cercle que l’on retrouve partout et dont le président n’est autre que l’Immaculé.
 
Bonnes vacances Eric !
 
 
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Pour la nomination d’un juge indépendant dans l’affaire Bettencourt c’est ici.
 
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 N’oublions jamais :
  • l’affaire Karachi
  • l’affaire GDF
  • l’affaire Tapie
  • l’affaire Clearstream
  • l’affaire Bettencourt
  • l’affaire Wildenstein
  • l’affaire Peugeot
  • l’affaire de la Jatte
  • la proposition de li sur la déchéance de la nationalité française
  • l’affaire de la rémunération illégale de septembre au 31 décembre 2007

Sarkozya delenda est !
 
Vignette Wikipédia Corrupt legislation, peinture murale à la bibliothèque du Congrès des États-Unis, par Elihu Vedder
 

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