Zemmour et les autres « pourfendeurs du politiquement correct » prendront-ils la défense de Domota ?

par masuyer
mardi 10 mars 2009

Parfois il faut savoir se pencher sur le buzz médiatique, aussi dérisoire soit-il, à l’heure où une info chasse l’autre, tout en distillant toujours la même petite musique. Dans un monde où certains chroniqueurs médiatiques font figure de « rebelles » en faisant passer le dominant pour une victime d’oppressés revanchards.
Pourfendre le « politiquement-correct » pourquoi pas. Mais n’est-ce pas une forme de « politiquement correct » que de désapprouver l’usage de la violence quand elle est celle d’un mouvement de contestation sociale ? A-t-on vu Frédéric « la voix de son maître » Lefebvre dénoncer des méthodes de Tontons Macoutes dans un département qu’il connait bien, les Hauts-de-Seine et pour lesquelles je vous renvoie notamment au 90 Minutes que Canal+ avait consacré à Sarkozy le 31 mai 2005. Mais non, l’intimidation dans les Hauts-de-Seine, on ne connait pas, n’est-ce pas MM Pasqua, Balkany (que j’espère voir nommé ministre de la moralisation du capitalisme, tant j’aime rire). J’allais oublier les propos empreints de douceur que selon Azouz Begag, le patron de Frédéric avait adressé à l’alors ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances. La violence de certains procédés, comme dans l’affaire de l’usine Continental ne semblent pas non plus l’émouvoir.
 
Donc, le contestataire social est prié de déposer sa requête imprimée sur papier recyclé (Grenelle de l’environnement oblige) en silence à l’Elysée, directement dans la corbeille affectée au tri du papier, puis d’être souriant quand nos bons gouvernants viendront se racheter une virginité sociale sur son dos, devant ce qu’il faut de caméras.
 
Or Domota ne se plie pas à cette règle. Et il ne faudrait pas que l’exemple fasse tâche d’huile. Donc le procureur de la République ouvre une information judiciaire. Qui n’aboutira certainement pas, mais tel n’est pas le but. Il faut ôter toute dimension sociale au mouvement du LKP. Il faut que le salarié métropolitain croit que « béké » signifie blanc et non descendant de planteurs esclavagistes. Bref, comme il est de coutume pour les élites tenter de dissimuler l’idée de lutte des classes, derrière une hypothétique « lutte des races  ».
 
Pourtant ce même procureur ne doit pas lire l’Express et notamment l’édito de Christophe Barbier du 19 février 2009, je cite : Aux Français des tropiques qui veulent travailler à l’antillaise et consommer à la métropolitaine, rappelons qu’il faut labourer la terre arable pour qu’elle lève d’autres moissons que celle du songe…
 
Et oui, le Français des tropiques est nonchalant, et il devrait labourer (pourquoi cette métaphore agraire, parce que la terre ne ment pas  ?). Christophe devrait arrêter de fréquenter le mari de sa copine Carla, lui aussi doit croire que Jamais l’homme [noir] ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin
 
Ce fameux discours de Dakar, bien naïfs sont ceux qui pensent qu’il s’adressait à l’Afrique. Non, c’est aux Français qu’il était destiné. Certains ont apprécié, pensant que cette incapacité à se bâtir un destin prêtée aux Africains, signifiait par contrecoup que « l’Européen » lui en était capable. Mais non. Ce qu’il y a derrière, c’est que celui qui est exploité, l’est par sa faute.
 
Alors peut-être faut-il enfin écouter la parole de notre président et s’inventer à notre tour un destin. Et au lieu de le supplier de venir convaincre des Mittal et consorts de ne pas nous licencier, en échange de quelques cadeaux qui seront bien vite oubliés, d’écouter docilement des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent, sortir de la répétition et s’approprier les moyens de production. Vous verrez qu’on vous reprochera votre violence.

Yoann Masuyer

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