SI Eisenhower est furieux des dégats causés par le suivi des pérégrinations des U-2 à l'intérieur de l'URSS (les russes le suivent mais ne peuvent l'empêcher de photographier tout ce qu'il veut), il l'est aussi pour une autre raison : "les U-2 ne sont pas la seule cause des protestations soviétiques qui ont vexé le président. Le 27 Juin 1958, dix jours plus tard, l'Armée de l'Air a commencé à lancer des ballons pour survoler l'Union soviétique et l'Europe de l'Est. Ce projet de nouveau ballon (connu sous le nom WS-461L) avait été autorisé par le président Eisenhower le 25 Juin après que le secrétaire adjoint de la Defense Donald Quarles avait soutenu qu'un petit nombre de ballons devrait partir à l'est en suivant le jetstream.
Normalement, ce mouvement rapide stagne dans un courant d'air d'une altitude de 55 000 pieds. mais, au cours de juin et juillet, il il tourne de façon brusque au dessus de la mer de Bhéring, à l'ouest de l'Alaska. et grimpe jusqu'à 110 000 pieds, puis sa direction s'inverse. L'un des arguments clé qui a convaincu le président d'approuver le projet était l'assertion de Quarles comme quoi les ballons avaient de "la chance d'être détectés était plutôt petite et leur identification ou le fait d'être abattu pratiquement nul."
Un programme de ballons de haute altitude dont l'origine est à l'évidence les tentatives japonaises d'attaquer ainsi les USA, via les jet-streams. Je vous avais conté ici cette incroyable tentative militaire. L'expérience avait été assez désastreuse pour le Japon c'est pourquoi la reprise de la méthode dès 1947 avait de quoi surprendre. En fait, dès 1942, une base US de ballons destinés à la haute atmosphère avait été ouverte le le 10 juin 1942 sur l'Army Air Field à 6 miles à peine de la ville d'Alamogordo, au Nouveau-Mexique, rebaptisée Holloman Base le 13 janvier 1947. Pour constater les dégâts en haute altitude des bombes nucléaires, il faut lancer des ballons : ceux en néoprene sont vite remplacés par du polyéthylène plus résistant ; fournis par General Mills Inc de Minneapolis qui en a fait sa spécialité. Les engins sont lancés en "cluster" de petits ballons (par grappes) ou sous la forme d'immenses ballons transparents, qui se gonflent au maximum en altitude.
"La division ballons a fait ses débuts en 1947 à Holloman, après que le Commandement du matériel de l'air de l'époque de l'Army Air Force ait attribué à la New York University (NYU) un contrat pour développer et voler des ballons à haute altitude. Les États-Unis étaient au courant du fait que, probablement, les Soviétiques poursuivaient leur propre bombe atomique, de sorte que la Central Intelligence Agency (CIA) avait lancé une étude sur la détection à longue distance des explosions nucléaires à travers le soi-disant « Sound Channel atmosphérique". A cet effet, ils ont utilisé des ballons qui ont emporté des détecteurs acoustiques basse fréquence dans la stratosphère, pour entendre les ondes de compression générées par un tel test. Le nom de code de ce programme secret était "Mogul". Pour suivre leur trajet, on leur adjoint un réflecteur radar, en papier d'aluminium en forme de losange caractéristique, monté sur une âme de balsa comme visible ici :
L'idée vient vite d'adjoindre à la charge emportée une caméra, qui devient vite une capsule complète, fermée pour résister à l'absence de pression régnant en alitude, contenant divers appareils et qui va elle-même servir de modèle aux futures sphères de rentrée des charges emmenées par les premières fusées-espions. Plus prosaîquement encore, comme les ballons ont tendance à ne pas aller nécessairement où on le souhaite, on va très vite mettre au point un dispositif de récupération de la capsule consistant en en parachute tenu par le haut lors de la montée, et largué tel quel en le forçant à s'ouvrir à un moment donné par télécommande : un avion muni de crochets passant alors à proximité peut aller tenter de le récupérer.
On ira même pour ça jsqu'à créer toute une escadrille 'avions modifiés, des C-119 dont les portes en "clamshell" vont se retrouver en "beaver tail" pour mieux pouvoir se saisir des parachutes et de la gondole qu'ils retenaient. En somme, bien avant la gamme des satellites "Explorer", tout l'arsenal de récupération était déjà au point. Les essais, secrets, sont bien entendu réalisés au dessus du désert, aux alentours de... Groom Lake. Dont ceux des fameux "dummies", ces mannequins, lancés à plusieurs exemplaires d'un ballon dont on remarquera le lancement "progressif" fait par une grue, qui, lors du lancement, rejoint progressivement l'endroit exact d'où à décollé le ballon lui-même, empêchant la charge de se renverser (voir image ci-dessous) : c'est exactement le mouvement qu'avait fait récemment la grue du recordman autrichien Baumgartner. Ci dessous, les "dummies" en grappe et ici leur largage :
Pour que l"opération reste secrète, les USA vont développer une culture du secret qui prête à tout. Le 14 Juin, 1947 un fermier, William "Mack" Brazel ; devant se rendre sur le JB Foster Ranch, qu'il entretenait pour un autre fermier, en compagnie de Floyd et Loretta Proctor des voisins (
on parle parfois de Dee, leur fils), lorsque tous trois tombent sur une grande quantité de débris étranges répartis dans une zone d'environ 200 mètres. Composée de matériau type papier d'aluminium, de ruban adhésif, de bous de bois léger et de bandes caoutchouc grise, et de ce qui semble ressembler à du papier épais. Plus loin, il découvre une tranchée peu profonde, de "plusieurs centaines de pieds de long" qui a été creusée dans la terre.
Ce n'est que le 4 juillet qu'il en parle à sa femme qui va voir l'endroit avec leur fille de 14 ans, Betty, qui rapporte quelques morceaux chez eux. Le 7 Juillet, alors qu'il se rend à la ville pour faire des affaires, il s'arrête voir le shérif George Wilcox, en lui expliquant ce qu'il a découvert. Aussitôt, Wilcox, contacte le Roswell Army Air Field, la base voisine qui envoie l'homme à la direction de la tête du renseignement, le major Jesse Marcel, et le chef du contre-espionnage du Roswell Army Corps, Sheridan Cavitt, pour enquêter. Que le shériff connaisse directement des responsables de la base laisse entendre qu'il avait été "brieffé" avant (le respect du secret était primordial à l'époque, ou que des débris laissent entendre par marqauge qu'il puisse s'agir d'un engin en provenant.
Les deux emportent aussitôt une partie du matériel pour l'amener à la base de Roswell l'y faire examiner. Par précaution, l'armée a bouclé le site le temps que tous les débris soient ramassés.
Bref, une affaire somme toute anodine et rondement conclue. L'histoire est donc enterrée : ce sont très certainement les débris d'un ballon Mogull. Seul un journal local (le Roswell Daily Record) à sensation tente de lancer une polémique sur l'atterrissage d'une soucoupe, et il obtient vite une audience nationale puis internationale : on verrait des soucoupes partout alors, phénomène qui sera utilisé par l'armée US pour créer une peur d'une invasion russe qui verra les américains se mettre à creuser des terriers partout, comme j'ai pu l'expliquer ici également. Cette manipulation martiens/soviétique sera parfaitement décrite dans le superbe film "
Le jour où a terre s'arrêta" (1951) de Robert Wise (en image ci-dessous), à revoir pour mieux comprendre comment on a tiré les ficelles à l'époque (
son superbe discours ici). On peut aussi douter de la une montrée en fac-similé des années après : elle parle de "satellites russes" qui doivent être "montrés à une conférence de Paris" alors que l'Année Géophysique Internationale qui le fera ne se tiendra qu'en 1957, et à l'époque personne ne parle de "satellites russes". En réalité, le mot évoquait les pays tombés sous le joug soviétique, bien sûr, mais ce n'est pas un hasard si le montage à retenu ce terme que les ufologues vont vite confondre. La manipulation est lancée, et sera depuis reprise régulièrement, par des individus dont le seul souci est l'argent rapporté
par les faux scoops.
On trafiquera bien d'autres photos encore en effet (comme celle-ci à gauche), malgré le
démenti rapide de l'armée qui cite un ballon venu de Wright Field, Ohio, pour ne pas révéler la base secrète d'Alamogordo (l'armée s'enfonçant dans un autre mensonge dont elle ne se sortira jamais, même en offrant 3000 dollars, somme énorme à l'époque à qui apporterait la preuve de l'existence d'une soucoupe volante !). Il faudra surtout attendre les années 80 et un livre signé
Charles Berlitz et William L. Moore pour que cela devienne autre chose. Berlitz étant un auteur de livres versé dans le paranormal, dont "
Le Triangle des Bermudes", paru en 1974. Sous sa plume ; ce qui s'est passé à Roswell devient bien l'atterrissage raté d'une soucoupe volante extraterrestre ! Aujourd'hui que l'on sait qu'il ne se passe rien d'anormal aux Bermudes, et qu'on a élucidé tous les phénomènes soi-disant étranges qui s'y seraient produits, sa thèse est de plus en plus ridicule. La découverte récente de l'usage de mannequins de petite taille pour tester les sauts en parachute de haute altltude allant dans le sens d'une explication rationnelle aux divers ragots colportés depuis sur cet endroit du monde devenu mythique par la grâce d'un charlatan.
Un charlatan récidiviste : c'est à lui aussi qu'on doit le coup de "l'
expérience de Philadelphie"
, une soi-disant expérience militaire
américaine qui aurait consisté à rendre
invisible pendant un bref moment tout un navire, l'
USS Eldridge, pour le
téléporter aller-retour entre Philadelphie et
Norfolk (en Virginie). Bien entendu, pour ajouter un peu de piment, l'auteur décrit une expérience avec des ratés qui auraient rendu fou une partie des marins de l'équipage (imaginons un demi-téléporté !). On retrouvera tardivement en 1999 des marins du navire, qui affirmeront tous que l'
USS Eldridge ne s'était jamais rendu à Philadeplphie : une téléportation sans point de départ, ça la fa fout mal, non ? En fait, les navires serviront aussi à lancer des ballons.
La littérature de Berlitz
est certes inepte, mais on peut faire pire encore, avec Annie Jacobsen, qui dans un livre sorti en 2011 en rajoute une belle couche en affirmant sans éclater de rire que prétend que
"l'engin alien" accidenté était une invention nazie et que les corps d'aliens" supposés étaient ceux d'aviateurs mutants malformés,
"œuvre du Dr Joseph Mengele, l"ange de la mort" du Troisième Reich. Et que c'était "
orchestré par le leader soviétique Josep Staline pour effrayer les Américains". Si vous trouvez plus idiot, faites-moi signe on atteint le
Guiness Book de la connerie humaine avec ça... En prime, la dame
(ridiculisée ici) ne connait rien à l'aviation :
"en utilisant un seul chasseur à réaction nazi capturé, appelé le Horton HO 229, Staline avait conçu le plan de faire atterrir l’avion aux Etats-Unis avec à son bord des aviateurs à « l’allure d’enfants malformés » avait-elle écrit. "
Il était escompté, écrit Mme Jacobsen, que cet atterrissage causerait une panique terrible chez les Américains."
Les russes n'ont jamais capturé ce genre d'avion qui s'appelait Horten et non Horton."
L’avion, piloté à distance, s’était écrasé lors d’un orage électrique" : le Horten n'a jamais été un drône, et il était à part les réacteurs et le train d'atterrissage entièrement fait de bois. Mais a été piloté par une femme,
Anna Kreisling, qui aurait été promptement escamotée par les américains dès 1945 (son identité demeure imprécise !). La dame aurait pu vérifier un peu plus ses dires : à Roswell, manque de chance pour elle, quelqu'un aurait vite reconnu les débris d'un Horten, car le sergent-chef Lewis Rickett venu faire l'enquête avec le commandant Marcel, avait fait partie du groupe des "
Whizzers" du Colonel Harold E. Watson, chargé de récupérer les matériels sensiibles allemands, dont les avions !
En dehors du soucoupisme pesant, les américains ont continué leurs expériences, puis sont passés au déploiement militaire. Via une bien étrange méthode, consistant à faire décoller un de ces gros ballons munis de caméras... à partir d'un porte-avions ! Manque de chance, l'engin va certe effectuer un long périple aérien mais se tromper largement pour le conclure : "
l'envol du ballon a eu lieu à bord d'un porte-avion au dessus de la mer de Berhing, le 7 Juillet 1958. Rien n'a été entendu à leur sujet jusqu'au 28 juillet, lorsque la Pologne a envoyé une note protestant contre le survol d'un ballon des États-Unis, porteur d'une camera qui était tombé à terre à en Pologne. La perte était due à une une erreur humaine. Chaque ballon était équipé d'un dispositif de synchronisation qui lui ferait tomber sa camera et la charge utile du film après avoir traversé les zones cibles. Un technicien de l'Air Force à bord du porte-avions avait calculé que le balloons devrait traverser l'Eurasie en 16 jours environ. Ainsi, les régulateurs avaient programmé les ballons pour provoquer la descente automatique après 400 heures passées en altitude. Lorsque le mauvais temps a retardé le lancement de trois jours successifs, le technicien a oublié de remettre le la pendule à l'heure. En conséquence, une charge utile est tombé en Pologne. Et aucune des des charges utiles des trois ballons WS-461L n'a été récupéré. " Pour une première, c'est un beau ratage. Autant lui préférer l'U-2 se dit Eisenhower !!!
Revoilà donc notre "Ike"une nouvelle fois furieux contre ses militaires qui n'en font qu'à leur tête, ce qu'explique notre fameux rapport : "La protestation polonaise a été rapidement suivie par une note soviétique protestant contre la violation de l'espace aérien de l'Union soviétique. Plusieurs mois plus tard, les Soviétiques ont placé le ballon et son matériel photographique américain en expoisition à Moscou devant la presse mondiale (c'est ici dans les infos Pathé de l'époque). Le président Eisenhower le monde était en colère envers le Département de la Défense et ses assurances comme quoi les ballons ne seraient pas détectés. Pire encore, lorsqu'un un avait été récupéré par les Polonais, car l'Air Force avait désobéi à ses injonctions pour le projet de ballon.
Lorsque l'armée de l'air avait proposé l'utilisation de minuteries pour faire baisser l'altitude des ballons à la fin de la mission, Eisenhower avait en effet dit non, craignant qu'un mauvais fonctionnement pourrait causer des ballons de descendre prématurément. Furieux de l'insubordination de la Force aérienne, le président a ordonné au général Goodpaster le 29 Juillet 1958 à dire l'Armée de l'Air que « le projet était interrompu immédiatement et chaque cent qui a été mis à la disposition ne devait plus être dépensé dans un projet impliquant traverser le rideau de fer" D'autres ballons seront pourtant lancés, toujours de porte-avions. Ici un Skyhook en janvier 1960, prêt à partir du pont du Valley Forge.
On peut rappeler ici le fabricant de ces engins étranges : "le projet Skyhook avait été conçu par Otto C. Winzen et la société General Mills, Inc (une entreprise qui fournissait du grain et de la nourriture, comme son nom l'indique), dont le premier exemplaire a été officiellement lancé le 25 septembre 1947.Winzen était certes allemand, mais aucunement nazi : il avait au contraire quitté volontairement l'allemagne en 1937 pour venir s'installer aux USA : comme récompense, il avait été interné dans un camp, au titre d'espion potentiel !" Et rappeler l'un des cas les plus notoires de confusion aérienne : "Les ballons de Mills, qui devenaient géants en montant dans l'atmosphère raréfiée (ils étaient en polyéthylène, faisaient 30 m de diamètre et étaient recouverts de feuille d'aluminium) ont souvent été cités dans des observations d'OVNI, dont celui, célèbre également du pilote Mantell, mort à bord de son P-51, le 7 janvier 1948, lancé "à la poursuite d'un OVNI". L'engin était au delà des 7600 m où l'oxygène se fait très rare, et où l'asphyxie arrive très vite en cas de défaillance technique de l'arrivée d'oxygène. Son P-51 se crashera à plat, après une longue descente en spirale, indiquant plutôt une perte de conscience qu'une défaillance technique.
On retrouvera le P-51 couché sur le côté, les deux ailes coupées après un crash en pieine forêt : son pilote était visiblement mort bien avant de s'y crasher. La machine à racontars se mettra vite en marche, on ira même jusqu'à écrire qu'on avait retrouvé Mantell empalé sur son manche à balai !!!... Ce jour-là, plusieurs ballons de ce type avaient effectivement été lâchés à in Clinton County dans l'Ohio, à environ 240 km du point de décollage de Mantell. Bref, l'accident de 1948 pourrait aussi avoir son explication..." avais-je déjà écrit ici, brisant un mythe de plus (comme beaucoup, j'y avais crû dans ma jeunesse, bien entendu)...
Car malgré tout, d'autres seront lancés (ici le Moby Dick de 1952), et ça marchera... parfois. Mais pas très souvent : entre le 10 janvier et le 6 février 1956, un total sidérant de 516 de ballons ont été lancés, dont 54 seulement seront récupérés et 31 seulement donneront des photographies expoitables. Mais même sans ramener d'images, ils eurent une utilité certaine. Car une retombée inattendue de ses largages avait été découverte par pur hasard. Les ballons géants les plus récents comportaient un bout de feraille qui allait avoir un rôle crucial : un développement totalement fortuit du projet Genetrix n'avait rien à voir avec les caméras, mais impliquait une barre d'acier. Cette barre a servi un double objectif, à savoir au gréement de l'énorme sphère de polyéthylène fixé au sommet de la barre et pour tenir le matériel photographique, la charge utile et le déballastage utomatique qui avait été fixée au fond. Par pur hasard, la longueur de la barre - 91 centimètres - correspondait pile à la longueur d'onde de la fréquence radio utilisée par les radars soviétiques connus. Il s'agissait d'un radar en bande S utilisée par les forces soviétiques pour l'alerte précoce et l'interception contrôlée au sol. La barre sur les ballons Genetrix faisait écho lorsqu'elle était frappée par des impulsions radar, ce qui permettait aux opérateurs de radar américains des installations de l'OTAN à la périphérie de l'Union soviétique de localiser un certain nombre de radars jusque-là inconnus."
"D'autres ballons encore seront lancés de Norvège, d'Ecosse, d'Allemagne, ou deTurquie. 448 ballons espions seront ainsi lancés, pour une réception de 40 nacelles photos seulement. Du gâchis ! Un dernier programme, le "Melting Pot" fut proposé, avec des ballons évoluant cette fois à très haute altitude, à 30 500 mètres (100 000 pieds) et munis d'une bien meilleure caméra (le modèle HYAC-1 à haute résolution). Le programme démarra en 1958 à partir des côtes du Japon, mais les russes les capturèrent vite (avec leurs caméras haute-résolution, au grand dam d'Eisenhower qui n'avait pas apprécié le lancement du projet !) et il fut arrêté en 1961, considéré lui aussi comme un échec". Bref , après l'échec de Powers et la saisie des meilleures caméras US, il était temps d'arrêter les frais. Au moment où un autre système, heureusement, commençait à faire ses preuves : le satellite espion Corona (relire ma saga à ce propos).
Pour cacher leurs desseins, les USA feront force propagande : mentir était alors le seul moyen d'agir devant des soviétiques plus que dubitatifs sur leurs actions véritables : "depuis la fin d'été de 1955, pour aider à fournir une couverture pour les WS-119L, une organisation-paravent de la CIA, le "Comité national pour une Europe libre", qui s'activait derrière Radio Free Europe, a procédé au lancement de centaines de petits ballons transportant des tracts dans le ciel de l'Est l'Europe, à la grande consternation des Soviets. Puis, le 9 Janvier 1956, à l'Etat demande département, la Force aérienne a commencé une série très médiatisée de "White Cloud", des vols en montgolfière pour brouiller l'histoire du ballon. Les engins "White Cloud" étaient pratiquement identiques aux dispositifs Génitrix de reconnaissance à l'exception de leurs gondoles, qui ne contenaient que du matériel scientifique. Un communiqué de presse a ensuite été publié en expliquant que des ballons similaires seraient bientôt lancés transportant des caméras "pour photographier des nuages." Après une conférence de clôture avec la secrétaire d'Etat John Foster Dulles et les assurances de Donald Quarles que les avantages potentiels du projet reconnaissance valaient les risques, Eisenhower à contrecœur a donné son feu vert."
Mais finalement, ça allait marcher mieux que prévu, les russes, surtout hésitant à reconnaître qu'ils pouvaient se faire survoler aussi facilement : "Le 10 janvier, la première vague ou les ballons Génitrix - un d' Allemagne de l'Ouest et huit de la Turquie - ont grimpé dans les filets d'air stratosphériques pour commencer leurs missions. Le lendemain, neuf autres ont été lancés à partir de l'Allemagne. Le 12, la base en Ecosse a obtenu elle aussi le droit d'en lancer, ajoutant à sept sur les sites allemands. Dix WS-119Ls ont été lancés à partir de différentes bases sur chacune des suivantes quatre jours. Le 17, le taux a été porté à vingt par jour. Dans les deux semaines du début du projet, plus de deux cents Génitrix ont été envoyés dans les les cieux au-dessus de l'URSS. En Janvier 13, trois ballons, les survivants de la vague de la première journée, ont quitté l'espace aérien soviétique.
Les gondoles ont vus leurs câbles coupés avec succès par commande radio et ont été saisies en par des C-119. Dans les jours qui ont suivi, un "Génitrix" réapparu dans les zones de récupération faisait partie de quatre lancés. Eisenhower et Dulles étaient prêts à anticiper les protestations soviétiques. Les jours d'attentes sont devenues des semaines. Les Soviétiques étaient dans une position difficile. Alors qu'ils étaient manifestement exaspéré par les survols, ils étaient réticents à attirer l'attention sur leur vulnérabilité à de telles tactiques. À la fin de janvier, en l'absence de plaintes, la force aérienne a décidé de relever l'objectif de taux de lancement à trente par jour, puis même à quarante. Le 3 février, un "Génitrix" lancé depuis Gardermoen a survolé Oslo. Pendant les deux heures suivantes, comme l'ovoïde brillant dérivait dans le viel, des gens dans la capitale norvégienne et sa banlieue ont envoyé une foule de rapports d'apparition d'ovnis".... toujours la même chose : le ballon, déformé en altitude prenait en effet souvent la forme d'une soucoupe.
Finalement, le résultat sera mitigé, donc, mais ils auront servi au moins à quelque chose ces monstres volants :
"ces conclusions radar, couplées avec d'autres interceptions réalisées au cours d'autres vols de ballons, ont apporté de nombreuses données sur les réseaux radars, et les techniques d'interception contrôlées au sol du Pacte de Varsovie. L'analyse de ces interceptions a révélé les capacités et la précision du suivi de radars, les méthodes utilisées par les pays du Pacte de Varsovie à notifier mutuellement le passage des ballon, et les altitudes à laquelle un aéronef soviétique pourrait intercepter les ballons. Toutes ces informations purent être directement appliquées àplus tard sur les missions de l'U-2." A défaut, ils avaient aussi servi à développer la caméra HIAC-1 à haute résolution, qu'on retrouvera dans l'U-2 puis à l'intérieur des premiers satellites-espions. On la
trouvera aussi
collée sous le Phantom II
dans un énorme "pod" avant de se voir
attitrer le nez de l'appareil, notamment pour Israël, sous le nom de F-4E(S)
"Curnass". Et dans le désert, près de Roswell, ce ne sont pas des petits martiens verts que l'on a trouvé, mais des mannequins couleur kaki, largués au petit bonheur du haut de ballons géants...
documents
http://www.csicop.org/si/show/cold_warrsquos_classified_skyhook_program/
le témoignage fort détaillé d'un officier US, le Major David E. Sutherland, sur les ballons de Jet Stream récupérés par son C-119 modifié en "beaver tail". La technique qui sera utlisée plus tard pour récupérer les capsules Corona. Selon lui le "pack" a récupérer avait "la taille d'un frigo" et contenait trois caméras.
http://www.youtube.com/watch?v=Cx-oM_5Rsxc
Ma saga sur les sattelites espions, qui débute... par les ballons :
1) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121107
sujet sur les ballons
2) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121128
sur l'U-2
3) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121180
sur Gary Powers
4) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121141
5) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121258
6) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121319
7) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121755
sur les techniques de récupération par avion
8) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121183
9) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121419
sur le projet MOL
10) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121202
sur les chalutiers espions soviétiques
11) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121184
12) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-122507
13) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121661
14) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121419
sur la conquête lunaire et le rôle de l'U-2
15) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-122014
idem
16) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121458
17) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-122879
18) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121464
sur le Tagboard de l'A-12
19http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-122180
sur l'incident de Keksburg
20) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-122389
21) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-122876
22) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-folies-de-la-guerre-froide-121933