Le bancor et le nouvel ordre mondial

par Caleb Irri
samedi 25 septembre 2010


C’est à n’y rien comprendre : d’une part on voit que les pays s’enfoncent un à un dans la crise, et ce malgré tous les plans de sauvetage mis en route, et d’une autre on entend que les bénéfices des grandes multinationales ne font qu’augmenter… comment est-ce possible ?

Je veux bien ne pas être un spécialiste, mais il y a tout de même quelque chose d’étonnant dans tout ça. Bien que les Etats se sont mis d’accord pour que les banques se rechargent en fonds propres (ce qui exprime leur relative fragilité), les prévisions de croissance se font chaque jour plus positives ; et malgré tout cela, les chiffres de l’emploi baissent, et les impôts augmentent…

Et au milieu de toute cette pagaille une idée fait son chemin à petits pas, pour le moment discrètement, parmi les milieux “autorisés” : le bancor.

Ce bancor est la seconde possibilité qui se vit proposée après la deuxième guerre mondiale, pour établir la parité des monnaies entre elles ; par un certain monsieur Keynes. Vous pouvez trouver quelques informations sur cet “ovni” économique ici ou , mais à vrai dire on n’en sait que peu à ce sujet.

Toujours est-il qu’il est étrange que cette idée resurgisse à ce moment précis de l’Histoire, c’est à dire au moment précis où l’économie des pays dominants s’écroule, et où leur pouvoir vacille.

Qui saurait, aujourd’hui, dire si le bancor est une solution d’avenir pour la planète, ou bien s’il faudrait s’y opposer ?

Face à cette question, il existe deux réponses  : l’une est capitaliste, et permettrait en théorie “d’améliorer le système” ; et l’autre est “communiste”, en ce sens qu’elle sera commune à tous, comme le sera le fameux nouvel ordre mondial.

Pour la première, le bancor permettrait, comme je l’indiquais dans un précédent article, de supprimer les dettes des Etats riches en difficulté, par l’intégration dans un plus vaste « panier de monnaies » dans lequel seraient présentes les monnaies chinoises, brésiliennes, indiennes, enfin tout ce qui compte aujourd’hui au niveau de la puissance financière internationale. Comme un compromis entre l’annulation des dettes de certains pays émergents et de celles des Etats riches, avec intégration à un pouvoir financier « mondialisé », tous seraient d’accord pour voir leur puissance sauvée pour les uns, reconnue pour les autres ; et mettrait un terme à l’insoluble problème du dollar entre la Chine et les Etats-Unis.

Bien sûr, à ce stade de la réflexion on ne pourrait qu’applaudir à l’idée de voir cette politique monétaire se réaliser, mais c’est sans compter les conséquences d’une telle révolution dans le capitalisme. Car il ne faudra plus désormais voir le monde divisé en deux entités nord/sud comme on a eu l’habitude de le faire ces dernières décennies, mais comme il est vraiment aujourd’hui : divisé entre les riches et les pauvres, peu importe le pays auquel ils appartiennent.

Il ne faut cependant pas se leurrer, et toute proposition qui sera faite en ce sens par les économistes et idéologues des pays riches, et acceptée sans broncher par les pays émergents ne pourra être que nuisible aux intérêts de leurs peuples respectifs : c’est la loi capitaliste.

Pour la seconde, on peut envisager qu’à travers ce bancor (qui constituerait une véritable révolution financière) soit à même de faire tomber le capitalisme, pour le remplacer par… le communisme. car si on considère cette transformation radicale sous l’angle de la domination commune des riches sur les pauvres, ce fameux bancor pourrait très bien n’être qu’une sorte de mise en place de « bons » émis par une seule et même grande entité (le FMI par exemple), et tous transiteraient par l’intermédiaire d’une seule et même chambre de compensation… dirigée par qui ? Par une entité politique bien sûr, elle aussi supra-nationale, une nouvelle gouvernance mondiale. Comme il a déjà été dit, cela éviterait le recours aux paradis fiscaux, et permettrait d’équilibrer les échanges sans être ni pénalisé ni aidé par le poids de la balance entre exportations et importations. Cela signifie que tous les échanges devraient donc être « tracés » à travers la chambre de compensation, avec pour conséquence de rendre inutile subventions protectionnistes et autres subtilités juridiques nuisant au libre échange. L’argent lui-même ne finirait-il pas d’ailleurs par devenir inutile ?

On connaît assez les intérêts divergents des pays riches avec les émergents, et il se pourrait que ce bancor, qui sera peut-être imposé par les seconds aux premiers (à moins que ce ne soit le contraire ?), finisse par mettre tout le monde d’accord, en tenant compte non plus des intérêts nationaux, mais de ceux individuels et particuliers : en définitive le monde des riches contre celui des pauvres.

En définitive, que la première ou la deuxième solution soit retenue importe peu, la seule chose certaine étant qu’elle nuira aux plus fragiles, comme il en a toujours été : les riches n’ont aucun intérêt à se défaire du pouvoir qu’ils possèdent, et ils ne peuvent qu’avoir la volonté de les augmenter. Toute proposition semblant aller conte ce principe est un mensonge, et il faudra bien y repenser le jour venu : le bancor est de la poudre aux yeux, qui cache le fonds du problème sans le régler. C’est encore du capitalisme, ou pire.

Maintenant, imaginons qu’on veuille à tout prix établir cette nouvelle donne économique, et éclairons cette volonté par l’actualité : la crise augmente, car les multinationales se gavent tant qu’elles le peuvent aujourd’hui, en précipitant le système financier dans un gouffre tel que la seule solution sera…. de changer le système, avec l’apparition, par exemple, de ce fameux bancor… on oublie tout, et on recommence, en pire bien sûr : c’est sans doute ça le nouvel ordre mondial.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr


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