Fonction publique : ne pas céder !

par Alain Lambert
lundi 16 janvier 2006

Le gouvernement a proposé une augmentation générale de 0,5 % des salaires en 2006 pour 5,2 millions d’agents des trois fonctions publiques. Le syndicats réclament 1,8 % et menacent, en cas de désaccord, de faire grève le 2 février prochain. Cette très importante question, au moment même où l’on s’inquiète enfin des déficits et de l’endettement excessifs de nos comptes publics, ne se résume pas aux relations entre le gouvernement et les salariés de la fonction publique, mais elle concerne, au premier chef, les Français, car ce sont eux qui paient ! Céder reviendrait à commettre une double injustice.

D’abord, une injustice à l’endroit, en effet, des Français, car on leur enverra la facture soit immédiatement par leurs impôts, soit de manière différée par l’emprunt. Ceux d’entre eux qui travaillent dans le privé, et dont les rémunérations ont été moins dynamiques que dans le public, devraient-ils par exemple, en plus de la précarité de leur emploi, se serrer la ceinture pour accroître davantage encore l’écart de rémunération qui les sépare des salaires des fonctionnaires pour des activités comparables ?

Puis, une injustice entre les fonctionnaires eux-mêmes, car la proposition du ministre Christian Jacob vise à sortir de l’égalitarisme incarné par le sacro-saint point d’indice, par le biais de mesures sociales (aides à la garde d’enfants, à la mobilité, etc.) et statutaires (reconnaissance de l’expérience professionnelle, promotion de catégorie C à la catégorie B, etc.). Ces mesures concernent un fonctionnaire sur cinq, chaque année. Si j’ajoute que, de 1982 à 2003, les effectifs de l’Etat, par exemple, ont augmenté de 310 000 agents, soit 14%, alors que pendant cette période, plusieurs vagues de décentralisation ont transféré des fonctions aux collectivités locales, on peut conclure que la recherche de productivité n’a pas constitué une priorité.

L’avenir de la gestion des ressources humaines de l’Etat, ce n’est pas l’évolution du point d’indice, mais un double objectif :

- mieux prendre en compte les conditions de travail et la performance des agents publics

- favoriser une plus grande mobilité fonctionnelle des agents, pour ouvrir davantage leurs perspectives de carrière, et mieux répondre à l’évolution des besoins du service aux Français.


Lire l'article complet, et les commentaires