Les inégalités tuent à grande échelle !
par Jean-Michel Arberet
jeudi 4 septembre 2008
Non, ce n’est pas une déclaration issue de l’université d’un parti politique, c’est le constat formulé par l’OMS, dont le communiqué de presse commence par ces mots :
"Un enfant né dans une banlieue de Glasgow, en Écosse, aura une espérance de vie inférieure de 28 ans à un autre né à peine treize kilomètres plus loin. L’espérance de vie à la naissance d’une fille au Lesotho est inférieure de 42 ans à celle d’une autre née au même moment au Japon. En Suède, le risque pour une femme de décéder pendant une grossesse ou lors d’un accouchement est de 1 pour 17 400, alors qu’en Afghanistan il est de 1 pour 8.
Ces chiffres n’ont aucune explication biologique. Les différences entre les pays et à l’intérieur même des frontières d’un pays, sont dues à l’environnement social dans lequel les gens naissent, vivent, grandissent, travaillent et vieillissent."
Certains éléments de ce rapport sont et seront repris par la presse, mais curieusement d’autres sont ignorés, notamment parmi les préconisations.
Le rapport relève l’existence d’un lien direct entre le niveau de revenus et la santé, y compris au sein des pays riches.
Mais il relève que la richesse ne détermine pas l’état de santé d’une population, certains pays à faible revenu comme Cuba, le Costa-Rica, la Chine, l’Etat du Kerala en Inde et le Sri Lanka ont atteint des niveaux de santé satisfaisants malgré un revenu national relativement peu important. Cette absence de lien mécanique entre niveaux de santé et revenu national va poser un vrai problème théorique aux thuriféraires de l’ultra-libéralisme ; l’OMS aurait donc mis au jour un secteur d’activité où l’effet des lois immuables du marché peut être modifié par une politique volontariste.
L’OMS poursuit en précisant que les solutions sont principalement dans le domaine extra-sanitaire et formule trois recommandations :
"Améliorer les conditions de vie quotidienne, c’est-à-dire les circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent.
Lutter contre les inégalités dans la répartition du pouvoir, de l’argent et des ressources, c’est-à-dire les facteurs structurels dont dépendent les conditions de vie quotidienne aux niveaux mondial, national et local.
Mesurer et comprendre le problème des inégalités et évaluer l’efficacité de l’action menée."
Le rapport pointe l’absence de logement adéquat et d’eau potable, la paupérisation de plus de 100 millions de personnes à cause des soins de santé qu’elles doivent régler elles-mêmes, la nécessité d’assurer un financement équitable, la responsabilité sociale, la parité entre les sexes…
Et le rapport poursuit en notant que "Les changements déjà en cours montrent bien qu’une action est possible. Ainsi a-t-on observé en Égypte une baisse spectaculaire de la mortalité de l’enfant qui a été ramenée de 235 à 33 pour 1 000 en trente ans. La Grèce et le Portugal ont ramené leur taux de mortalité infantile de 50 pour 1 000 à des niveaux presque aussi bas que le Japon, la Suède et l’Islande. Cuba a atteint une couverture de plus de 99 % de sa population par ses services de développement de l’enfant en 2000. Mais les tendances à l’amélioration de la santé ne sont pas automatiques. En fait, si l’on ne se préoccupe pas du problème, la santé peut reculer rapidement."
Ce rapport propose des recommandations claires, la question est maintenant de savoir dans quel sens aller : un meilleur niveau de santé en se donnant les moyens de faire des choix politiques ou la marchandisation à outrance telle que prônée par l’OMC ?
Jean-Michel Arberet
Conseiller municipal d’Arcueil
Partenaire du groupe communiste
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