Zélensky pro-russe dans un sketch de 2014 !

par Krokodilo
mercredi 7 juin 2023

Probablement inédit en français (sous-titré), un sketch joué en russe par Zélensky, dans lequel un Ukrainien écrit à sa famille qui habite en Russie. On apprend dès le début que le personnage a intégré un mouvement bandériste, ultra-nationaliste et fortement russophobe, présent essentiellement en Ukraine de l’Ouest.

Certes, ce n’est « que » un sketch, avec l’exagération propre à la comédie, mais quand on songe qu’il date du tout début du conflit du Donbass, ça en dit long sur les fractures ethniques de l’Ukraine, ce pays récent fait de bric et de broc, auquel manquait (et manque toujours) le sentiment d'unité nationale. C’est également un témoignage sur la réalité de cette idéologie bandériste, violemment russophobe, que la Russie nomme néonazie – nous dirions ultra-nationaliste ou d’extrême-droite – et qui a participé au coup d’État du Maïdan, puis présidé à la formation de ces milices para-militaires autonomes que les habitants du Donbass ont surnommées « bataillons de représailles »… et que nos médias ont longtemps ignorées, avant de minimiser leur influence et leur rôle.

À noter que le public rit franchement, et même anticipe une vanne, riant au mot « saute », qui lui évoque immédiatement le slogan « Qui ne saute pas est un Moskal » (càd. un Russe).

Ce qui était en 2014 une comédie et une exagération est devenu la réalité de l’Ukraine, voire se situe bien en deçà de la haine et des horreurs d’aujourd’hui, et nombre de nos journalistes et "experts" qui persistent à minimiser la dimension guerre civile de ce conflit pourraient y trouver matière à réfléchir.

Dans le même ordre d’idée, rappelons que dans la série humoristique avec Zélensky, « Serviteur du peuple », le 3e épisode de la 3e saison, un temps disponible sur Arte, maintenant sur Netflix, est basé sur le côté mosaïque mal cimentée de l’Ukraine, sans évoquer le bandérisme je crois mais avec un antagonisme marqué entre Est et Ouest. La fin heureuse et idéaliste est malheureusement bien loin de l’actualité.

Au-delà du comique, ce sketch et cet épisode avec Zélensky sont de précieux documents sociologiques pour qui veut réellement comprendre la genèse de ce conflit.

PS : retour à l'actualité avec le New York Times, qui vient de consacrer un article à la question des symboles néonazis dans l'armée ukrainienne.

"Nazi Symbols on Ukraine’s Front Lines Highlight Thorny Issues of History"

Troops’ use of patches bearing Nazi emblems risks fueling Russian propaganda and spreading imagery that the West has spent a half-century trying to eliminate."

"So far, the imagery has not eroded international support for the war. It has, however, left diplomats, Western journalists and advocacy groups in a difficult position : Calling attention to the iconography risks playing into Russian propaganda. Saying nothing allows it to spread."

En gros, il ne faut pas en parler car ce serait faire le jeu de la propagande russe...

"Ihor Kozlovskyi, a Ukrainian historian and religious scholar, said that the symbols had meanings that were unique to Ukraine and should be interpreted by how Ukrainians viewed them, not by how they had been used elsewhere. "

En somme, c'est juste du folklore local... Mais leur interprétation généreuse est quelque peu contredite parle le sketch même du président Zélensky.


Lire l'article complet, et les commentaires