Léon
Personne ici n’a fait l’apologie de la virginité.
Juste rappelé que le mariage en question était fondé, de part et d’autre, sur une valeur présidant, selon ce couple, au sens de leur union. Quand bien même on ne la partage pas.
@ Fouaidraden et JC Moreau
On pourra aussi se référer aux épouses de Mohammed, notamment la première, Khadidja, qui était veuve si ma mémoire est bonne...
Bonsoir Léon, Furtif, Rilax, Franck, JC Moreau
Donc chacun s’est accordé - hormis Frédéric Lyon et Fouaidraden, pour des raisons inverses - à reconnaître qu’il n’était pas question ici, dans le choix de ce couple, d’imposer à la république laïque, par une manœuvre juridique retorse, une exigence de l’intégrisme musulman.
Je m’en réjouis.
Remerciant au passage les "moinsseurs" de service qui parviennent à faire "descendre" l’extrait du jugement à 6-sous-zéro, mais c’est une habitude sénile irrépressible, semble-t-il, dont le corollaire est leur plus couard et parfait silence et ça n’est pas pour me déplaire, finalement.
Ci-dessous, j’ai emprunté à un auteur (que je ne connais pas) une partie de son commentaire (découvert à l’instant). Pour ceux que ce symptome d’une laïcité et d’un féminisme en mal d’eux-mêmes, dont certaines manifestations m’emplissent d’un malaise vertigineux, intéresse.
"Quelles idioties n’a-t-on pas entendues ? Les juges français “appliquent la charia”, lancent une “fatwa”contre la République,“incitent les jeunes femmes à se faire reconstituer l’hymen” et “cautionnent le fanatisme” ! Monsieur Devedjian a vu une “répudiation” là où il n’y en a pas, la résiliation unilatérale n’existant que dans le Pacs.Même les eurodéputés s’y sont mis, conformément à leur habitude, déjà constatée dans l’affaire Buttiglione, de se mêler de choix et convictions qui ne les regardent pas.Madame Dati n’a pas arrangé l’affaire avec ses exposés cafouilleux qui amusent les juristes. Il est vrai que la justice exige un débat contradictoire et serein,qui s’accommode mal de la démocratie dite “d’opinion”, plus prompte aux réactions épidermiques et aux arguments rustiques.
De quoi s’agit-il donc ? D’une modeste et classique affaire de vice du consentement affectant l’exercice de la liberté fondamentale la plus privée qui soit, celle de se marier avec qui l’on veut. La république est un principe de séparation entre la chose publique (res publica) et la chose privée et ne signifie nullement l’absorption de la seconde par la première.Elle interdit de parler une langue régionale dans les services publics ou d’exhiber des signes religieux dans les écoles publiques mais n’interdit rien dans l’espace privé,du moins si cette république est libérale et non pas “populaire”. La république est ainsi le contraire du totalitarisme : celle-ci s’arrête devant la porte de la chambre à coucher et du lieu de prière,celui-là s’immisce dans les choix humains les plus profonds et intimes et va jusqu’à pratiquer le lavage de cerveau pour les rendre conformes à sa doctrine. C’est écrit dans la Constitution : « La France est une république laïque.[…] Elle respecte toutes les croyances. »
Qu’en était-il à Lille ?Un jeune homme souhaite, pour des raisons qui ne regardent que lui, épouser une femme vierge, c’est son droit le plus strict. Il exprime ce souhait à une jeune fille majeure qui acquiesce et lui indique que tel est son cas.Le jeune homme prononce donc le “oui”rituel mais,découvrant que son consentement a été faussé car la femme a menti pour l’obtenir,demande au juge de constater qu’il a été trompé sur une qualité déterminante puisqu’il ne se serait pas marié sans ce mensonge. La jeune femme reconnaît avoir induit son futur mari en erreur et il ne reste donc plus au juge qu’à constater la nullité de l’acte.Ni le maire qui célèbre le mariage, ni le juge saisi d’une demande de nullité n’ont à s’immiscer dans le choix des époux : ils enregistrent le consentement ou constatent son absence, c’est tout.
Toute autre solution reviendrait à introduire le mariage forcé en droit français, quel progrès ! Pis encore, admettre qu’une tromperie aussi nette puisse produire des effets de droit conduirait à promouvoir le mensonge dans les contrats et à saper les fondements moraux du droit républicain. L’autonomie de la volonté et le libre consentement des individus sont les piliers du libéralisme issu de la philosophie des Lumières et de la Révolution française,ils interdisent à l’État de mettre l’individu sous tutelle et l’obligent à respecter ses « droits naturels et imprescriptibles ». Les magistrats de Lille ont donc statué conformément à une tradition libérale que nos politiciens sont en revanche en train de bafouer piteusement."
Ici
Eh bien Léon
Après avoir été qualifiée d’islamophobe fasciste, je vais maintenant être désignée comme lobbyiste de l’intégrisme musulman charia-compatible prête à défendre tous les crimes et à fermer les yeux sur des pratiques qui me répugnent.
Mes "indignations" ne sont pas sélectives et j’ignore à quels sophismes vous faites allusion.
Le terme de "condamnable" accolé à cet ex-futur-ex-futur époux et bien que cet homme ne m’inspire aucune sympathie et loin de là, m’effraie terriblement par contre. Je ne vais pas pouvoir continuer cette discussion pour l’instant, même s’il me semble avoir tout dit, peut-être à tort.
Si les laïcs dont je suis et demeure évidemment ont du souci à se faire, ce n’est pas seulement sous la pression de revendications injustifiables et bien réelles. C’est aussi à leurs propres yeux. Idem pour les féministes.
Bonjour Furtif
Le (la, oui) juge ayant été saisi(e), les parties étant d’accord, devait-elle refuser de statuer ? C’est cette femme dorénavant que l’on va juger criminelle pour n’avoir pas exigé que le couple divorce plutôt qu’annule son union ?
Deux femmes en joue : l’une marquée du sceau de la victime (de fait, elle l’est devenue, victime), l’autre de celui du bourreau. Elle est pas belle, la lutte féministe ?
Léon
Ça me parle d’autant plus que l’on trouve formidable (Libé/Next) que les princesses saoudiennes ou kowétiennes (je remets ce lien sur le papier en question) circulent de noir vêtues accompagnées d’un duègne tout habillé de blanc sous des températures peu clémentes et qu’elles réceptionnent en tailleur et talon les hôtes chez elle uniquement, leur corps étant propriété non d’elles-mêmes mais de leur époux.
Simplement, ce n’est pas la question ici.
Bonjour Léon
Je vous invite à lire plus bas les interventions de JC Moreau, qui me semblent on ne peut plus limpides et répondent au cas précis qui nous occupe.
Et pour chaque point que vous soulevez, je plusse les interventions de RilaX.
On ne peut décemment pas comparer une valeur partagée par un couple et n’ayant aucune incidence sur la Société avec ce qu’heureusement la loi considère comme étant criminel (l’excision).
Quant à la question de "l’égalité des sexes relativement à la preuve", je la trouve franchement obscène et risible. Il ne me paraît pas que ma qualité (essentielle ?) de femme souffre du fait qu’on prouvera difficilement qu’un homme est vierge si je décide de l’épouser tel. Il ne me paraît pas que ma qualité de femme souffre du fait qu’une perte d’hymen puisse survenir autrement que lors d’une défloraison disons classique. Et si tel était le cas, auprès de qui devrais-je porter plainte et m’élever contre une discrimination troublant l’ordre public ?
Dans cette affaire, ce qui gêne les uns c’est cet aspect prétendument discriminatoire (mais où en est le féminisme ?). Pour les autres, le terme de "mensonge" (d’où la pétition des "citoyennes et menteuses", comme si le juge avait condamné le fait de la dissimulation, qui réfère aux 343 Salopes, dont le combat quand elles l’ont mené était autrement plus légitime et n’avait pris personne en otage - quel est ce courage moderne qui en piétine une au nom d’un danger fantasmé ?). Et pour d’autres encore, la charia aux commandes de la République puisque cette décision correspondrait à la reconnaissance de la répudiation...
Quant à ce que vous semblez craindre en terme de jurisprudence, là encore je vous renvoie plus bas.
Mais que pensez-vous du fait que la République remarie contre sa volonté une jeune femme ? Cette situation est tellement absurde qu’elle prête à rire si elle n’était à pleurer.
Mais Léon
Que je sois touchée n’a aucune incidence. Je déteste le sentimentalisme. Celui-là même qui préside à la confusion générale.
Et comme vous le dites, l’Enfer est pavé de bonnes intentions.
Les bonnes intentions me paraissent être, en l’occurrence, celle de laïcs convaincus tels que vous, inquiets de l’avenir de cette valeur et surtout inquiétés à mauvais escient.
Bonsoir Snoopy
J’apprécie toujours autant votre honnêté intellectuelle, qui vous convie au doute en dépit de vos convictions. Et nous convie au dialogue en dépit de nos désaccrords.
Ni provocation ni bouffonnerie à mon sens. Mais un jugement comme il en est tant et desquels nul ne s’offusque, mais épinglé et médiatisé outrancièrement, tandis que d’autres débats passent à la trappe, qui pourraient être qualifiés comme tels, à l’inverse de ce déplorable événement. Je ratiocine.
Gazi Borat
Il y a plus d’un paradoxe dans cette affaire. Je vous réponds ainsi qu’à Léon un peu plus bas, fatiguée moi aussi comme il dit d’entendre "n’importe quoi" sur ce sujet. Ce grand n’importe quoi en effet par la magie noire duquel une femme opérant un choix fonction non de convictions religieuses mais de déception amoureuse décide, en toute âme et conscience, d’en finir avec une douleur et un souvenir traumatisant. Et par la magie noire duquel d’autres femmes, peut-être en mal de combats, en mal de mémoire, en mal de grandes causes, en mal d’elles-mêmes, décident qu’il est bon que cette décision lui soit confisquée.
Mon inquiétude relève tout à la fois de cette exigence d’une interférence de l’Etat toujours plus pointilleuse et omniprésente dans la vie de chacun, alors même que je souhaiterais que cet Etat s’inquiète du sort réservé aux membres qui le constituent si c’était encore possible aujourd’hui, dans l’idée surannée d’un bien commun où la laïcité en tant qu’idée philosophique majeure et lumineuse représenterait, en ce sens, une transcendance - bien que le mot soit maudit de nos jours - indispensable à une paix rêvée et s’éloignant encore. Et tout à la fois de l’insupportation de cette antienne victimiste allant jusqu’à condamner à l’impotence un être humain, une femme, qui doit assumer le trajet qui est le sien, et son erreur d’appréciation sans doute, dans le silence de ses nuits et maintenant de ses jours, tandis qu’autour, du PC au FN (oui), un pays en deliquescence condamne cette même fragile ligne de vie (je ne parle pas là des diseuses de bonne aventure) au nom de valeurs essentielles sans se soucier de l’essentiel que constitue cette même vie.
Je constate non sans ricaner que l’on reprochera à la justice de se soumettre à l’opinion publique ou à des lobbys politiques et que dans le même temps, on l’enjoindra à s’y soumettre.
Je constate aussi à quel point il est difficile aujourd’hui de déterminer, sauf à répéter des griefs comme autant de mantras et de prières, quel visage a notre idée de la laïcité.
Et combien il est difficile en tant que femme interpelée, nécessairement, car nous fûmes toutes vierges et serons toutes vieilles, de faire entendre cette articulation pas seulement juridique (ce n’est pas ma profession), qui consiste à ne pas supporter l’injustice due au sexe - dans un sens comme dans l’autre, d’ailleurs - et, en l’espèce, à ne pas supporter que se cristallisent, au nom du meilleur, les réflexes des pires.
Oui je sais, je fais des phrases trop longues et je suis contradictoire.
Pardon.
En date, donc, du 9 juin dernier, dans la rubrique "Mode femme" de Next/Libération, sous ce titre : "Féminité (dé)voilé" :
http://next.liberation.fr/article/feminite-de-voilee
Gazi Borat
Tout comme Anka, je veux bien apprendre. Même si j’aimerais tellement que quelqu’un s’interroge sur le fait que l’on puisse tout à la fois surréagir à "l’affaire de Lille" et passer sous silence ce délectable article sur les fashion victims de l’abaya, voile intégral ô combien tout autant que la virginale attitude semble exciter les moeurs. J’insiste.
Frédéric Lyon
Quel drapeau outré brandissez-vous quand c’est une femme catholique qui demande l’annulation parce que l’élu de son cœur lui avait caché un précédent divorce ?
Est-ce un coup de l’Opus Déi ?
Qui a lu cet article de Libération sur les délectables mystères que cèle la sombre abaya ?
Qui se souvient que c’est ce même journal qui a lancé l’affaire de Lille ?
Léon
Rien n’est moins public à mes yeux que ce qui se passe sous une couette.
Question : faut-il dévirginiser les futures mariées pour leur apprendre l’insoumission ?
Question : une femme qui désire annuler son mariage parce que son ex-futur ne lui a pas raconté sa vie avant elle, son mariage, son divorce, doit-elle être jetée en pâture à l’opprobre public ? ou parce qu’il est impuissant ? ou infertile ?
Question : faut-il annuler les annulations et ne considérer en droit que le divorce, et sous quelle forme ?
Bonjour Léon
Il apparaît pourtant que c’est bien le fait qu’ils soient musulmans qui ait été invoqué lors desdites réactions employant les termes de charia et de répudiation. Sans compter cette dépêche de l’AFP que vous trouverez en lien.
Il y a cet aspect qui me dérange profondément, me choque.
L’autre aspect, c’est celui d’une confusion complète entretenue par une presse décevante se souciant comme d’une guigne de la réalité vécue par cette jeune femme.
Je pense au contraire qu’on est loin d’avoir tout dit sur ce "fait divers" dont le "buzz" est retombé aussi vite qu’il était monté, laissant en plan celle qu’il prétend défendre.
Les "qualités essentielles" ne sont précisément pas énoncées puisqu’elles varient selon les couples... Pour eux comme pour d’autres, la virginité faisait sens. Une femme estimant que sa virgnité importe pour elle, même si ça n’est pas pour moi une valeur et que, évidemment, ça relève de concepts révoltants quand ça ne concerne que les femmes, ne me porte pas atteinte, ni à mon statut de femme, ni à mes droits, ni à ma liberté de vivre selon d’autres usages. En ce qu’il s’agit d’un choix intime relevant de la sphère intime de la sexualité.
Me portent atteinte les certificats de virginité, les opérations chirurgicales destinées à recoudre l’hymen, la focalisation obscène sur cet hymen et l’honneur ou le déshonneur dont il est symboliquement chargé, les mariages forcés, les crimes d’honneur et la liste des outrages que subissent trop de femmes au nom d’une idée de la vertu aussi hypocrite et criminelle qu’elle prétend faire morale.
Absolument, Serpico. L’Etat, la Nation, le Peuple ont vocation à décider de ce qui doit, ou non, présider à l’union ou à la désunion des couples. Il en sera ainsi dorénavant. En revanche, on considérera, et à raison, comme relevant de la plus abjecte et archaïque coutume, que les premiers concernés et leur famille s’en mêlent.
Quelle connerie, Olga ?
Que pensez-vous du supplément de Libération consacré au charme incomparable de l’abaya ?
Que pensez-vous de l’idée de faire une grande quête nationale pour, si l’annulation est confirmée le 22 septembre, payer les frais de justice de cette jeune infirmière qui devra divorcer ?
Que pensez-vous des cas d’annulation de mariages chrétiens ?
Et d’annulation pour incapacité de l’homme à remplir son devoir conjugal ?
Conneries que tout ça.
Puisque vous le dites...
Marsupilami
Si cette histoire n’était qu’une plaisanterie de mauvais goût, je ne serais pas sortie de ma tanière. Elle me paraît symptomatique d’une dérive propre à enflammer les consciences de part et d’autre, largement endormies par ailleurs sur des sujets brûlants.
En quoi cette annulation de mariage relevant d’un accord commun intime entre deux adultes consentants menace-t-elle la laïcité, les femmes et la République ?
Pourquoi s’est-on empressé de souligner qu’il s’agit d’un couple musulman ?
Ce n’est certainement pas moi qui pointerai une islamophobie qui sourdrait en France. Je ne vais pas redire ce que j’ai déjà tenté d’expliquer à propos de ce terme et de ce qu’il recouvre du droit à critiquer une religion sans pour autant condamner ses adeptes.
Je constate cette hystérisation totale et m’en afflige.
Je retourne la question dans tous les sens. Essayant de comprendre l’invraisemblable violence des termes employés (charia, coup monté par un lobby (! !!), répudiation). Essayant de ne pas penser qu’elle est symptomatique d’un état d’esprit général qui ne me plaît pas du tout.
Bonjour Gazi Borat
Si le corps féminin vieillissant choque à ce point ce monsieur, qu’il s’observe lui-même éventuellement ou, le cas échéant, se projette, s’il en est capable, dans un avenir chaque seconde plus proche où des furies de l’esthétisme pourraient également lui reprocher quelques affaissements disgracieux.
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