@ Bernard Dugué
Autant j’apprécie vos articles, autant précisément les discussions ici ne sont pas une confusion entre le droit et la morale, mais bien une série de questionnements on ne peut plus légitimes sur leur interaction. S’y mêlent en outre des propos plutôt confondants et parfois éclairants sur des sujets de société voire de politique.
Un juriste à lui seul n’éclairerait pas tout ça, même le meilleur d’entre eux.
@ Lambertine
Si pour vous, c’est une question de temps, ses histoires d’amour se sont déroulées, avant Bertrand Cantat, entre 1981 (R. Kolinka) et 1998 (S. Benchetrit), voire 2001 (B. Cantat), ce qui correspond non pas à dix ans, mais à quasiment vingt ans de vie. En vingt ans, il est vrai, elle a eu quatre enfants d’hommes différents. Disons qu’elle a vécu en brûlant la chandelle par les deux bouts - j’en vois d’ici qui ricanent, mais j’aime bien cette expression. Vous n’avez pas le droit de l’en blâmer.
@ Bourricot
Ne confondez pas les questions sur la peine à effectuer avec un symptôme révélant de la haine, je vous prie. C’est pas vraiment républicain, comme argument, ça n’amène aucune discussion. Si d’aucuns jugent populeux ceux que cela dérange de voir libérer cet homme (ou un autre) après quatre ans - même si la loi lui en accorde le droit, et même si, dans l’idéal absolu, ce que vous dites est tout à fait juste -, demandez-vous ce qui, profondément, en est la cause.
Ça, ce serait républicain. Considérer en face une telle question - et je me dois de répéter ici encore que je suis contre la peine de mort, sinon je vois l’argument arriver illico.
Nul désir de vengeance, nul sentiment de haine. Une volonté de justice. Et que la peine décrétée soit effective.
Si vous voulez qu’on parle des problèmes généraux de libération avant terme et de récidive en matière criminelle, je ne pense pas que ce soit le lieu.
Ce dont je vous parle, c’est du besoin profond que nous, humains, éprouvons, même en empathie triste avec les deux protagonistes de ce drame, de voir appliquer la sentence.
Etre républicain ne signifie pas baigner dans la méconnaissance des rouages profonds du fonctionnement de la plupart des gens. Ça ne signifie pas ne pas reconnaître l’horreur et la dureté de l’ensemble. Ça ne signifie pas manquer de fermeté.
La loi et la justice nous préservent de la barbarie. Nous avons besoin d’elles. Et nous avons besoin que leur parole en première instance ne soit pas remise en cause, surtout, ai-je envie de préciser, sur un laps de temps si court dans une vie. Au risque, encore, de recevoir les pires insultes.
@ El-Max
Votre commentaire me touche, parce que finalement, lorsque vous dites que pour vous Noir Désir est mort et que si B. Cantat devait apporter à l’humanité une nouvelle pierre, il le ferait plutôt mieux en retournant à l’anonymat, nous disons un peu la même chose : nous parlons de la mort. Celle de M. Trintignant, en premier lieu, celle du chanteur de ND en second lieu, mort à lui-même et mort en lui suite à son acte - j’ai toujours pensé que si l’on tue quelqu’un, on meurt soi-même. C’est une partie de ce que je tente d’exprimer ici, lorsque j’évoque la dignité qu’il y aurait à ne pas demander cette réduction de peine. A accepter la lourdeur de ce châtiment, puisque ç’en est un, quitte à faire hurler trop de bonnes consciences ici même. L’accepter en tant que tel, comme une charge à porter, comme une responsabilité à assumer jusqu’au bout.
Sur le fait que la justice a tranché et qu’elle offre la possibilité de sortir de prison avant la fin de la peine prononcée, je m’autorise juste à considérer que cette remise de peine serait franchement mal venue quand au même moment il est question de durcir la loi sur les violences.
Je sais, cette prise de position, que d’aucuns prennent pour un désir de vengeance (faut-il avoir l’esprit borné !) ne paraît pas spécialement généreuse. Mais ôter une vie et en briser plein d’autres est un acte trop grave pour que l’on puisse, à mon avis, considérer « avoir payé », comme dit l’auteur, après quatre ans d’abnégation. Et à quoi correspond cette « générosité » qui voudrait ignorer le temps ? Ce temps symbolique, justement, vécu en cellule, en repli, en marge de la vie de tous les jours qui fut enlevée à l’autre ?
Quand bien même il paraît évident que la douleur de B. Cantat le pourchassera à vie.
@ Lambertine
Je ne considère pas personnellement Marie Trintignant comme une sainte, mais comme une femme morte suite aux coups portés sur elle par son compagnon.
Pour ce qui concerne sa psychologie, je laisse aux commentateurs la qualifiant d’hystérique le soin d’en juger, puisqu’ils semblent détenir des vérités que pour ma part je ne connais pas. Pas plus que sur Bertrand Cantat. Leur histoire dramatique m’a toujours semblé suffisamment terrible et triste pour que je refuse le jeu du psy qui semble être le lot et admis comme l’argument suprême de la plupart des internautes sur ce fil. Et quand bien même elle eût été exaspérante...
Pour ce qui est des familles recomposées, il ne me semble pas que l’on fasse grief aux veufs de reconstuire une famille, peut-être avec une femme ayant eu des enfants, auquel cas il peut y avoir, dans une même cellule, deux mères et deux pères et au final trois couples géniteurs. Ou que le simple fait d’avoir des enfants de ne serait-ce que deux femmes différentes dérange nos contemporains et valent à ceux-ci de se faire analyser comme des « instables » borderline (surtout s’ils aiment boire des pintes ou des canons).
Mais il semble, à lire les louanges adressées à l’auteur, dont j’apprécie souvent l’esprit des articles, que pas une question ne peut être posée d’ordre juridique ou métaphysique, à travers l’exemple de B. Cantat, qui est le sujet du papier, sans déclencher les foudres des admirateurs de celui-ci, persuadés d’avoir non seulement le monopole du coeur et de la conscience, mais aussi celui du goût littéraire.
Un peu pénible, tout ça.
@ Sandro
« Vous étes excessive, donc insignifiante », « Vous étes une blogueuse, point barre », dites-vous, pour ensuite affirmer « je ne juge pas, moi ». Décidément, vous ne manquez pas d’humour !
Mais bon, puisque vous détenez LA vraie question et que vous êtes vachement un vrai dur de la morgue, je vais pas aller débattre avec vous, surtout en écoutant Lalanne...
Qu’est-ce qu’il faut pas lire ! Merci, on se tord de rire, de ce côté-ci de l’écran, au moins, ça fait comme une brise.
@ Phlbest
Je reprécise donc que d’une part je ne considère pas Bertrand Cantat comme un monstre, ce que nous pouvons tous être (les guerres en sont la preuve manifeste), ni comme un « pervers narcissique violent » (en quoi je n’approuve pas Lio bien que je comprenne qu’elle soit très hérissée sur le sujet étant donné sa propre histoire). Que d’autre part je suis contre la peine de mort. Que je sais très bien qu’il existe des hommes battus et ne réserve pas mon empathie aux seules femmes dans cette situation. Que j’estime qu’il est essentiel qu’un jugement soit ordonné face à de tels drames, et que la justice a rendu le sien en l’affaire. Que ce délai me semble court est une option toute personnelle qu’on a le droit de me contester. Que ma question porte sur la réparation symbolique que constitue l’effectivité de la peine prononcée. Autant pour le prisonnier que pour les autres, tous les autres, pas seulement les survivants du drame (les familles). Et qu’enfin l’autre question, d’ordre plus intime, concerne la conscience même du condamné qui selon moi, s’il a profondément fait sienne toute la douleur de cette histoire, ne doit pas réclamer à la justice l’allègement qu’elle peut accorder. Ni plus, ni moins.
@ Hesoneofus
Le pardon ne s’effectue que dans la justice. Tout le monde n’est pas Jésus Christ. Et la société encore moins, qui délègue le devoir de jugement. La question posée est double : conscience-remords, allègement des peines-durée des peines.
@ Hesoneofus
Aucune commune mesure entre un homicide involontaire sur une route - une horreur aussi - et la mort d’une femme sous les coups répétés de son compagnon. A d’autres, ce genre d’arguments indignes, et ce d’autant plus que vous reprenez la version des faits la pire, celle qui permet de justifier ce qu’autorisent tous les salopards de la terre (dont Cantat, pour moi, ne fait pas partie) : qualifier une femme d’hystérique pour justifier les coups !
@ Solilez
Là n’est pas la question. Instrumentaliser ce drame pour en faire soit une bannière romantico-politique, soit une caricature relative aux violences conjugales n’a aucun intérêt. La question est qu’à un crime répond un châtiment et que la douleur d’une conscience ne dédommage symboliquement pas à elle seule ceux qui ont survécu.
@ Marsupilami
De fait. Et ça donne un bon grain à moudre aux romantico-décérébrés pour qui la victime, au fond, c’est l’assassin puisque c’est un poète-chanteur-musicien de talent et de gauche issu des classes moyennes...
@ Vincent
« Une nana qui a eu 4 enfants de 3 pères différents, si elle ne s’appelait pas Marie Trintignant », etc.
Mais qu’insinuez-vous, au juste ?
Et Charles Chaplin, et Woody Allen, on les appelle comment ?
@ Solilez
Avant de parler de « rancoeur populiste nauséabonde » et d’internautes idiots victimes de désinformation, lisez plutôt l’ensemble des commentaires. Celui que vous venez de faire d’une part n’ajoute aucune information aux précédents, qui ont fait notamment état du droit du condamné en la matière, qui et d’autre part ne traite pas de la question que je pose et qui me paraît fondamentale, mais peut-être trop populaire pour vous, de la conscience et de la dignité de Cantat à l’occasion qui va se présenter en août.
@ Claude
Lio a probablement projeté ses propres problèmes de violence conjugale sur Marie Trintignant. Je n’ai pas supporté son comportement à l’occasion du drame. Et il me semble que Anne Cantat ne donne absolument pas cette version des faits, ni d’ailleurs Kristina Radi. Pas plus que Samuel Benchetrit ni Vincent Trintignant. Donc, sur ce sujet selon lequel Bertrand Cantat aurait été un pervers narcissique violent intrinsèquement voué à commettre l’assassinat d’une femme, non.
Ce qui ne change rien à mes autres commentaires.
@ 1984
Personne ici ne conteste la loi.
B. Cantat a parfaitement le droit de demander une libération. Ça vous pose pas un petit problème, à vous, ce que j’appelais plus haut, ce « petit arrangement avec la conscience » ? Manifestement pas. Vous estimez que les calculs d’apothicaires l’emportent sans aucune question sur l’horreur - celle qu’il a commise, et qui sans nul doute l’a détruit aussi.
@ SANDRO encore
Quant au fait que « la vie n’est pas un long fleuve (tranquille) », là, si c’est pas de l’humour involontaire, c’est à pleurer de rire quand on pense à celle, écourtée, elle, de la victime ! Ridicule donneur de leçon !
@ SANDRO
Vous osez comparer le meurtre d’une femme à un braquage de banque ! Ça en dit long sur vos valeurs !
Quant à vos informations de première main, c’est pas le sujet. Le sujet, c’est le crime et le châtiment. Et la dignité de l’assassin à l’heure de choisir entre souffrir de purger la peine, symboliquement et concrètement, ou préférer la raccourcir.
Quels que soient ses remords, les vivre en prison et les vivre libre n’a rien à voir. Point-barre.
@ Jak
Encore un bon gros délire politico-rock’n’roll ! Et pourtant j’aime le rock ! Retirez vos oreillettes, ouvrez les yeux, et arrêtez de prendre vos vues troooooop révolutionnaires pour la réalité.
@ Trash Titi
Je vous approuve ! On peut apprécier le chanteur (sans même parler du groupe et de ses exemplaires musiciens) et ne pas supporter qu’il cède à la tentation même de demander une libération après quatre ans seulement. Comme le rappelle Le Chat, une telle décision, si elle était prise par la justice, serait un signal délirant à l’heure où l’on souhaite punir plus sévèrement les crimes conjugaux. Du n’importe quoi.
Et Bertrand Cantat perdrait pour moi et définitivement toute dignité en ne purgeant pas l’intégralité de sa (courte) peine.
@ Mr C
« Ignorer la noirceur de l’âme humaine »... N’importe quoi ! Et c’est pas en essayant nerveusement et désespérément de copier le style de Cantat dans ses textes que vous me ferez avaler cette couleuvre. Personne n’a jamais prétendu que l’âme humaine n’avait sa part d’obscurité. Suffit de contempler l’histoire et les actus. Arrêtez de vous faire plaisir avec ce genre de considérations ras-les-pâquerettes, contrairement à ce que vous pensez.
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