Et si la crise ne faisait que commencer ?
par olivier cabanel
mercredi 17 février 2010
C’est Joseph Stiglitz qui le craint car pour lui, le pire est à peut-être à venir.
Il affirme que nous n’avons rien appris des crises précédentes.
Joseph Stiglitz est un grand économiste, nobélisé en 2001.
Il fait partie de ce que l’on appelle « le courant Keynésien ».
Nommé en 1993 par le Président Clinton en tant que directeur de ses conseillers économiques, il devient en 1997 premier vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale.
Il est un peu « le poil à gratter » de l’économie mondiale, et américaine. Il a dénoncé les baisses d’impôts décidées par Bush, l’idéologie du « tout privatisable » et l’hypocrisie vis-à-vis des paradis fiscaux. lien
Dans « la grande désillusion » publié en 2002 chez Fayard), il avait démontré les carences de réflexion du FMI qu’il dit être au service des capitalistes et des marchés financiers. lien
Il vient de publier un nouveau livre « le triomphe de la cupidité » et dans ce livre, il enfonce le clou, et développe ses arguments sur trois sujets principaux : la crise Grecque, le FMI, et la récession.
Au sujet de la crise, il déclare : « nous avons connu une chute libre, mais celle-ci est terminée. Nous avons touché le fond, mais la reprise n’est pas robuste. A preuve ce qui vient de se passer en Espagne, en Grèce et au Portugal avec les attaques spéculatives. Probablement qu’ils résoudront ce problème, mais pour les Grecs, cela pourrait signifier plus de chômage, plus de souffrance. Eux pourraient se dire que les choses empirent. Pour l’Amérique, dans les 12 prochains mois, beaucoup de risques vont se présenter. Si nous avons de la chance, nous connaitrons une croissance réduite, avec une baisse progressive du chômage ». lien
On comprend donc que tout cela est une question de chance, ou de malchance, et que rien n’est sûr.
Au sujet de la Grèce, il affirme : « l’Europe à bien fait d’annoncer son soutien à la Grèce, mais je pense que ce n’est pas suffisant, que l’Europe n’a peut-être pas formulé le problème de la bonne façon » il ajoute au sujet de la crise : « les banques ne pouvaient rembourser leur clients, elles avaient parié, fait de mauvais placements, et elles étaient en faillite, on les a donc renfloué, mais la Grèce n’est pas plus en faillite que l’Espagne ».
A y regarder de plus près la Grèce aura un déficit qui va atteindre 9,4% du pib en 2010, l’Espagne n’est pas mieux lotie, avec 11,4% du pib (120milliards) (lien), ni le Portugal, mais il est étonnant que personne n’évoque le déficit du budget de l’état français qui a dépassé en octobre 2009 les 130 milliards d’euros. lien
Stiglitz a été nommé en 2008 par Sarkozy afin de diriger une commission de 22 experts,
Ils viennent de remettre leur rapport et proposent de préférer mettre en avant le « bien-être » de la population, plutôt que la production économique, comme indicateur de la croissance d’un pays. lien
Mais en quoi consiste le bien-être d’un français, sinon d’avoir plus d’aisance financière, moins de chômage, une meilleure qualité de vie.
Pour cela, il faudrait un rééquilibrage des salaires qui empêcherait un salarié de gagner plus de 300 fois le salaire minimum, ce qui est le cas aujourd’hui.
il faudrait aussi que l’état arrête le gaspillage.
La liste est longue :
Pour une pseudo grippe H1N1, ce sont plus de 2 milliards qui sont partis en fumée. lien
Le nouvel avion présidentiel : l’airbus 330 (équipé d’un four à Pizza) n’est qu’une minuscule partie du gaspillage présidentiel.(il faut croire que l’airbus 319 était trop petit pour lui). lien
Il sera tapissé en cuir de Cordoue, et équipé d’une baignoire : le reste est pour l’instant tenu secret.
Le prix initial est de 180 millions de dollars, mais avec les aménagements, les prix vont grimper.
A chacun des déplacements présidentiels, ce sont souvent plus de 1000 policiers qui sont débauchés et de couteuses réceptions.
Personne n’a oublié les 5050 euros par convive que nous avons payé pour le sommet méditerranéen sarkozyste, ni la douche installée pour l’occasion pour 250 000 euros. lien
Cout de la journée 16,6 millions d’euros.
La cour des comptes s’est inquiétée dans son dernier rapport des 175 millions d’euros que Sarkozy a dépensé pendant les 6 mois de la présidence de l’union européenne. Jacques Chirac, pour la même période n’en avait dépensé que 61.
Le budget annuel de l’Elysée est de 130 millions d’euros. lien (il était auparavant de 32 millions d’euros.)
l’Etat ne devrait-il pas donner l’exemple, et faire comme l’avait décidé en 1990 Alassane Ouattara, ex directeur du FMI, qu’avait engagé Houphouet Boigny pour redresser les finances de la Cote d’Ivoire ?
Il avait réduit les salaires des membres du gouvernement de 50%, revendu les voitures de fonctions inutiles et supprimé certains avantages. lien
En France, les 343 sénateurs coûtent à l’état 877 051 € par jour, les 577 députés coûtent eux 1 375 568 € par jour : au total 2 252 619 par jour, et 822 205 935 par an sans oublier les salaires des 3963 conseillers généraux, les 1880 conseillers régionaux, des ministres, secrétaires d’état, et celui du président dont on connait l’augmentation. lien
N’oublions pas son personnel (957 personnes).
S’y ajoutent les avantages : 2 airbus A319, l’airbus A330, 6 Falcons, sans oublier les résidences « secondaires »les voitures de fonction, et les chauffeurs qui vont avec.
Une telle mesure appliquée en France provoquerait au moins une économie annuelle d’un bon milliard d’euros.
En appliquant seulement les recommandations de la cour des comptes, le pays aurait fait de « substantielles » économies supplémentaires.
Et si l’état ne donne pas l’exemple, nous ne sortirons pas facilement de la crise, même si ce n’est qu’une partie de la réponse.
Car comme disait un vieil ami africain : « Dors affamé, mais pas avec la honte ».